Partie 12 : Prisonniers.

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Prostrée dans un coin, sa tête reposant dans le creux de ses bras, elle avait retrouvée toute son audition et écoutait les va-et-vient extérieur de la cellule. Des pas tantôt proches, tantôt éloignés, résonnant contre les pierres qui façonnaient majoritairement le lieu. Un mince filet de lumière s'immisçait parfois dans son dortoir lugubre sans parvenir à connaître l'origine de sa provenance. Le bout de ses doigts étaient gelés, quant à ses orteils, elle avait cessé d'essayer de les réchauffer. Plongée continuellement dans une obscurité presque totale, elle écoutait des gouttes d'eaux tomber dans une flaque avec un certain rythme.

Plouc... plouc...

Ils l'avaient jeté dans cette cellule sans ménagement à leur arrivée et avait vu Drago suivre machinalement sa direction avant d'être tiré en arrière. La lourde porte s'était fermé et elle avait appelé Malefoy avec désespoir alors qu'il se débattait et jurait, sa voix s'éloignant d'elle. Elle était certaine qu'il s'était écoulé plusieurs heures depuis, mais comment le savoir ?

Plouc... plouc...

Elle l'entendit une nouvelle fois hurler, un son déchirant proche de l'agonie. Elle le savait vivant. Parfois elle réclamait à ce que ces cris cessent, mais lorsque le silence devenait trop long, elle paniquait et l'imaginait mort, ayant succombé. Hermione avait bien essayé de se presser les oreilles pour limiter ces hurlements affreux, pour ne plus percevoir cette souffrance mais elle finissait par les entendre à répétitions dans sa tête même lorsqu'il n y avait plus aucun bruit.

Plouc... plouc...

Était-ce ce genre de hurlements que Harry et Ron avaient poussé après leur départ ? La gorge serrée, elle lutta une nouvelle fois pour ne pas pleurer. Hermione entendit la porte en bois et ferraille couiner au bout du couloir qui menait à leur cellule. Aussitôt, des plaintes, toutes différentes s'élevaient autour d'elle. Des hommes et des femmes criaient leur peur, d'autres réclamaient à boire ou à manger. Les plus désespérés, eux, réclamaient la mort.

Hermione se demandait, pour ceux-là, depuis combien de temps étaient-ils maintenus prisonniers ici pour réclamer à ce que leur vie cesse. Elle se raidit, sans oser émettre quoi que ce soit, encore trop malheureuse des pertes qu'elle avait subit quelques heures - jours ? - plus tôt. La mort de Dennis, celle de Ron et Harry lui faisait presque regretter d'être une sorcière.

En songeant à l'adolescent, elle ressentit ce violent pic au cœur. Le père des enfants ne se souviendraient jamais qu'il avait eu deux fils, deux jeunes sorciers dynamiques et plein d'entrain. Deux sorciers avec pour l'un du moins, un avenir prometteur tant l'ensemble de ce monde l'émerveillait. Dennis était mort et personne ne pouvait honorer sa mémoire, personne ne se rappellerait de lui avec la tristesse d'un parent endeuillé. Non. Il n'avait que elle pour se souvenir de lui.

Elle chassa aussitôt l'image de Ron en larmes, parce qu'à peine y songea-t-elle que son cœur fut transpercé par un pieu imaginaire. Son monde à elle s'était embrasée en même temps que lui dans cette maison. L'idée de ne plus l'entendre rire, lire des livres en lui caressant les cheveux, lui apporter des gourmandises - toujours ses préférées - lui dire qu'il l'a trouvait belle en la regardant avec des yeux brillants, la mine toujours sincère, son sourire rassurant, l'aspira dans un gouffre qui la grignotait chaque seconde passé dans cette sombre pièce.

Mais même si elle voulait pleurer, elle se l'interdisait : elle mourrait de soif, elle aussi. Alors elle se concentra sur ces pas qui semblait presque frapper les dalles pierreuses de l'allée et son cœur s'emballa quand elle comprit que l'auteur de cette démarche s'était arrêté derrière la porte de sa geôle. Elle entendit le loquet se soulever et se contracta de tout son être. Qu'allait-il lui arriver à présent ? Allait-elle être transférée puis vendue comme de la vulgaire marchandise ?

PersécutésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant