Chapitre 16

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Trop abasourdi par ce que je venais d'apprendre, je n'ai pas réagi quand la lumière blanche est réapparue une troisième fois pour emporter le vieux guerrier, laissant mon épée au sol. Dans ma tête se bousculaient tout un tas de questions et d'idées nouvelles, mais la plus importante d'entre elles était claire. Artémis m'avait donné cette épée en connaissance de cause, elle devait s'attendre à ce que je rencontre Kyrios et elle espérait sûrement qu'il pourrait être pour moi un meilleur professeur que ne le serait les chasseresses étant donné le rôle qu'elle avait choisi pour moi. Je me suis avancé jusqu'à mon épée pour la ramasser, sentant le flux d'énergie se diffuser dans mon corps au moment où mes doigts se sont posés sur la garde. 

Je me suis alors demandé si cette énergie que je sentais n'était pas l'âme du vieux guerrier, mais ce n'était pas logique. Du moins pour moi, une âme n'aurait pas pu se balader tranquillement dans un corps comme ça, ce serait une violation terrible de mon intimité. D'un geste assuré j'ai ramassé le fourreau pour la remettre à l'intérieur, décidant qu'elle y resterait tant que je ne serai pas assez fort pour pouvoir l'utiliser. Ramassant mon bouclier également, j'ai levé les yeux vers le ciel et d'après la position du soleil j'en ai déduis qu'il devait être aux alentours de 15h, et je me suis demandé pour la première fois comment j'étais capable de déterminer l'heure qu'il était simplement en regardant le ciel. Sûrement une nouveauté dû à ma condition de chasseur, décidément je me découvrais de nouvelles capacités tous les jours et c'était une chose plutôt agréable. 

Il me restait encore plusieurs heures avant la tombée de la nuit, le problème était de savoir quoi en faire. Les paroles de Kyrios résonnaient étrangement comme celles d'Artémis dans ma tête, deviens fort. C'est que j'aurai bien aimé devenir fort moi, je n'avais simplement aucune idée de comment m'y prendre tout seul et sans appareil. Me résignant au fait qu'il me fallait de l'aide pour pouvoir progresser et que je ne pourrai pas satisfaire ma petite fierté en le faisant tout seul, je me suis mis à réfléchir à la personne la plus adaptée pour pouvoir m'entraîner. Il me fallait une chasseresse avec de l'expérience et qui serait capable de me donner des méthodes pour pouvoir développer mes muscles. En bref, l'idéal aurait été d'avoir Alicia étant donné qu'en tant que lieutenante elle était sûrement la chasseresse la plus forte du camp. 

N'ayant pas plus de temps à perdre, mes affaires bien en main, j'ai repéré la flèche que j'avais tracé au sol et je suis reparti en direction du camp, un peu honteux d'avoir annoncé que j'étais parti m'entraîner pour revenir aussi tôt. Je pensais aller directement jusqu'à sa tente sans m'arrêter mais sur le chemin j'ai pu apercevoir une chasseresse jouant avec son loup, lui lançant ce qui semblait être un bâton pour qu'il le lui ramène. Je n'aurai pas eu à ralentir si le "bâton" en question n'avait pas amorcé une trajectoire pour venir à ma rencontre après le dernier lancer de la chasseresse qui ne semblait pas m'avoir vu. 

L'objet se rapprochant de moi j'ai vu qu'il s'agissait simplement d'une balle de tennis rouge accrochée à une ficelle, le loup m'ayant remarqué avait stoppé sa course pour ne pas me rentrer dedans alors je me suis dit que je pouvais bien intercepter son jouet pour le lui rendre. J'ai passé mon fourreau sous mon bras gauche, levant la main droite pour récupérer la balle au vol et en la récupérant j'ai reculé de deux bons mètres, tombant au sol le bras à moitié arraché. Ce truc n'était pas une balle de tennis ordinaire, elle était beaucoup trop lourde. Grimaçant de douleur, j'ai aperçu la chasseresse courir vers moi, les joues rouges et l'air affreusement gênée.

- Euh... Je suis... Excuse moi... a-t-elle bafouillée. Je ne t'avais pas vu, je pensais que personne ne venait par ici...

- Y'a pas de mal, ai-je grogné, suis toujours vivant. 

Elle n'osait même pas répondre, ses yeux virevoltants entre ma tête grimaçante, mon épaule et ma main qui tenait toujours ce que j'avais considéré comme un jouet. J'ai regardé ses yeux, y lisant une affreuse sensation de malaise. Elle avait en face d'elle une nouvelle recrue qui n'avait toujours pas reçu d'entraînement, qui possédait une force à peine supérieure à celle d'un mortel et elle avait peur de m'avoir déchiré un muscle ou brisé un os, d'autant plus que ma main semblait toujours coincée sous la boule. C'était sa pensée, facilement analysable sûrement à cause de son état d'inquiétude. Elle ne pouvait pas être au courant que j'étais la seule recrue d'Artémis à avoir reçu la force comme cadeau en arrivant dans la chasse, et vu sa tête je ne pouvais que remercier la déesse car sinon j'aurai fini une nouvelle fois dans la tente d'Alicia à me faire recouvrir de sa crème bizarre. Je me suis redressé pour mettre fin aux inquiétudes exagérées de la chasseresse, libérant ma main et attrapant l'objet par la ficelle, le soulevant au prix d'un gros effort.

Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant