Chapitre 15

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Parce que je me disais que ce serait un bon échauffement mais aussi parce que je ne voulais pas perdre trop de temps, je me suis mis à courir pour m'éloigner plus rapidement du camp et pour trouver un endroit approprié. J'étais au beau milieu d'une plaine rocailleuse, les quelques arbustes flétris qui avaient assez de forces pour résister à ce soleil cuisant n'offraient pas assez d'ombre pour que je puisse m'y reposer si je désirais prendre une pause. Parce que oui, je n'avais pas encore commencé mais je réfléchissais déjà au moment où j'allais me reposer, c'est quand même important. J'ai couru à une vitesse modérée pendant quelques minutes, me demandant comment j'étais censé savoir où se trouvais la limite des cinquante kilomètres que m'avait fixé Alicia, mais j'ai fini par trouver un endroit qui me convenait. 

Le seul détail qui a retenu mon attention c'était un rocher deux fois plus grand que moi et trois fois plus large qui m'offrirait assez d'ombre pour que je puisse m'allonger si jamais l'envie m'en prenait. Frottant mon pied contre le sol, j'ai tracé une flèche dans la terre sèche pour ne pas oublier la direction d'où je venais parce que je savais que si je ne le faisais pas, il y avait de fortes chances pour que je ne saches pas dans quel sens repartir le moment venu. Autour de moi, mis à part le rocher, il n'y avait que du sable, des cailloux et un petit arbre mort à moitié calciné. La pluie ne devait pas souvent tomber dans cette zone aride, le sol était craquelé et dur comme la pierre. C'était un endroit désertique, sans aucune forme de vie, parfait pour que je puisse m'entraîner en toute tranquillité. 

J'ai serré les sangles de mon bouclier à mon bras gauche pour être sûr de ne pas le perdre dans mes mouvements, posant le fourreau de mon épée au sol pour pouvoir refermer mon poing sur la poignée à l'intérieur du bouclier. Ma main droite tenant toujours l'arme, le souffle chaud n'avait pas quitté mon corps et je m'étais un peu habitué à sa présence. C'est à cet instant que je me suis rappelé que je voulais demander à la déesse quel genre de pouvoirs possédait cette épée, si je m'envoyais une boule de feu en pleine figure j'aurai eu l'air malin. Pas facile d'établir un plan d'entraînement correct avec un objet dont on ne sait quasiment rien et qui pourrait faire tout et n'importe quoi. Enfin, je dis ça mais de toute façon, bien que je sois arrivé jusqu'ici, je n'avais aucune idée de la façon dont je devais m'y prendre pour m'entraîner. Pour apprendre à manier une épée le plus efficace aurait été d'avoir un adversaire compétent qui m'aurait donné les bases tout en me montrant mes erreurs, mais j'avais choisi de rester seul. 

J'ai alors agis à l'instinct, j'ai commencé à faire quelques moulinets avec l'épée pour voir si j'étais capable de la manier, et comme j'y arrivais plutôt bien j'ai fait quelques mouvements lents comme pour frapper un ennemi imaginaire. La prise que j'avais sur la garde était parfaite, elle correspondait parfaitement à ma main et l'épée répondait au moindre de mes gestes, comme une extension de mon bras l'arme agissait à la manière d'un membre que j'avais toujours contrôlé. La lame étant équilibrée, j'ai essayé d'accélérer le rythme à la façon d'un véritable combat pour voir si le poids de mon nouvel équipement m'empêchait de bouger aussi vite que je le souhaitais. Cependant, à peine avais-je esquissé le premier mouvement que j'ai dû lâcher mon épée. 

Je n'avais simplement plus eu la force de la porter et j'ai senti que la garder en main m'aurait coûté un effort tellement grand que mon épaule se serait déboîté. Je l'ai regardé quelques secondes sur le sol avant de la ramasser, son poids n'avait pourtant pas changé et je n'avais aucun mal à la garder en main, bien que mon bras me fasse désormais un peu mal suite à la tension que j'avais ressentie. J'ai essayé de recommencer mes mouvements en tenant mon arme d'une main plus ferme, et j'ai lâché un cri de douleur incontrôlable après avoir fait mon maximum pour ne pas la lâcher quand le même phénomène s'est reproduit. 

Cette fois je n'ai pas ramassé mon épée, je me suis assis sur le sol à côté d'elle pour réfléchir à la situation. Si quelque chose allait m'empêcher de m'entraîner, ce n'était pas mon manque de méthode mais mon arme elle-même. J'ai d'abord pensé à un test, peut-être que c'était un des pouvoirs de cette épée de tester son utilisateur et qu'il fallait résister à son poids pour pouvoir l'utiliser et exploiter son plein potentiel, mais c'était tout bonnement impossible. J'avais concentré toute ma force pour ne pas la lâcher à la deuxième tentative et je n'ai pas eu d'autre choix que de la laisser tomber au sol quand même, il aurait fallu une force colossale pour pouvoir la manier. Mes yeux étaient rivés sur la lame, décrite par la déesse comme un chef d'oeuvre capable de semer la mort et qui pourtant s'opposait à moi. 

Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant