Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier Chasseur

Chapitre 6

J'avais officiellement rejoint les rangs des chasseresses, j'étais désormais immortel. Je pensais que ce serait un sentiment grisant mais je ne me sentais pas différent du tout, je n'avais pas l'impression d'avoir des pouvoirs ou de ne plus vieillir. 

- Comment te sens-tu ? m'a demandé Artémis.

- Et bien, normal, ai-je répondu en relevant la tête. J'ai vraiment rejoins la chasse ? Mon bras me brûle juste un peu, je peux le passer sous de l'eau ?

- Tu fais désormais parti de mes rangs, pas de doute là dessus. Pour ton bras... Ça aurait pu être bien pire. Ça aurait dû être bien pire. Si tu n'as pas très mal, la douleur ne tardera pas à disparaître.

J'ai à nouveau regardé mon bras, ce tatouage me dérangeait un peu. C'était une image plate, sans dimension et pourtant j'avais l'impression qu'on ne pouvait pas faire plus réaliste que ça. Les crocs de l'animal semblaient sur le point de déchirer la chair et les os, et son œil... Cet œil était effrayant. Il ressemblait beaucoup trop aux miens, d'un noir d'encre et pourtant une énorme différence apparaissait. Mes yeux à moi semblaient toujours inexpressifs à cause de l'unique couleur qu'ils possédaient, mais cet œil était l'incarnation même de la fureur des grands prédateurs, rempli de rage et de soif de sang. Absorbé par le tatouage, je n'avais pas remarqué qu'Artémis s'était relevée et se dirigeait vers la sortie.

- Je vais devoir m'absenter un moment, a dit la déesse, me sortant de mon état absent.

- Pourquoi ? ai-je lâché, surpris.

Je pensais qu'elle resterait dans le camp au moins pour quelques jours, le temps que je puisse me débrouiller seul. Je me doutais bien qu'elle ne serait pas toujours présente, les dieux devaient avoir des obligations, mais je craignais de ne pas recevoir beaucoup d'aide de la part des chasseresses si elle n'était pas là.

- Je dois m'occuper des mortels, au moins de tes proches. Rappelle toi, tu es censé être mort mais il n'y a pas de corps à retrouver. Dans le temps, j'envoyais une biche blanche comme messagère dans les foyers où habitaient les jeunes filles qui me rejoignaient, et les familles comprenaient. Malheureusement je ne peux plus faire ça, les hommes sont devenus tellement idiots qu'ils essayeraient de la tuer ou de la capturer s'ils voyaient un animal aussi spécial. Je dois faire le travail moi-même, il faut que je fasse le nécessaire pour éviter à ton ancienne famille d'avoir de faux espoirs.

J'ai essayé de garder un visage neutre en entendant ça mais ce n'était vraiment pas simple. Ma famille et mes amis allaient me manquer, ça ne faisait aucun doute. Il me faudrait un peu de temps pour m'adapter à ma nouvelle vie.

- Retrouve Alicia, a ajouté la déesse comme je gardais le silence. Elle s'occupera de ton intégration. Je serai de retour dans quelques jours, tout ce que tu as à faire c'est de suivre les chasseresses et d'obéir à ta lieutenante. Nous nous reverrons bientôt.

Sans me laisser le temps de répondre, la déesse a écarté la toile pour sortir de la tente. Les quelques secondes qu'il m'a fallu pour me redresser et sortir à mon tour ont suffit à Artémis pour disparaître. Maintenant qu'elle n'avait plus à se soucier de ma survie elle pouvait se déplacer à sa vitesse maximale, du moins c'est ce que j'en ai conclu. Si elle pouvait faire le tour du monde en moins d'une heure, le fait qu'elle ait à s'absenter plusieurs jours signifiait soit que s'occuper de ma mort était compliqué, soit que ses obligations de déesse réclamaient sa présence ailleurs. J'étais seul, en sandales dans vingt centimètres d'une neige qui continuait de tomber et je devais trouver la jolie fille qui me détestait dans un camp dont je ne connaissais pas l'agencement. A première vue, c'était pas gagné.