Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier Chasseur

Chapitre 35 (le vrai cette fois)

Pendant une demi-seconde je suis resté assis, à la fois stupéfait et suspicieux. Sonner le signal du rassemblement aussi tard dans la journée, après quatre jours de tranquillité et surtout juste après mon réveil, ça semblait louche. Je ne pouvais pas avoir autant de malchance, ça ne collait pas. Cependant, compte tenu des événements qui s'étaient déroulés avant mon sommeil, le doute n'était pas permis. Je me suis redressé d'un bond, me cognant le coude contre une étagère au passage, et je suis sorti en trombe de l'entrepôt en pestant, Aria à mes côtés.

J'ai accouru jusqu'à l'endroit d'où provenait le son de la corne, essayant d'occulter la douleur dans mon bras qui n'arrangeait pas mon humeur. Je détestais me faire mal par pure maladresse. En arrivant, j'ai vu toutes les chasseresses rassemblées en arc de cercle. Parmi elles, la corne de brume à la main, Alicia me regardait en affichant un sourire satisfait.

- Et bien voilà qui est parfait, a-t-elle lancé en me voyant approcher. Je savais que ça marcherait.

- Comment ça ? ai-je répondu. Qu'est ce qu'il se passe ici ?

- Et bien, pour être totalement honnête, il faut avouer que je n'ai pas été la seule à avoir été déçue en te voyant t'évanouir il y a quelques jours, alors nous attendions toute avec impatience que tu sois en forme pour pouvoir nous faire une démonstration de ta transformation. J'ai commencé à rassembler les chasseresses dans l'après midi mais impossible de te mettre la main dessus. C'est là que j'ai pensé à la corne, je me suis dit que peu importe où tu étais, tu rappliquerais ici en l'entendant. Tu te sens capable de le faire cette fois ?

J'étais légèrement choqué en entendant ça. Provoquer une fausse alerte, simplement pour me retrouver ? Après le regard que m'avais lancé les chasseresses suite au cri d'Aria, je trouvais ça injuste qu'elle puisse le faire tout en étant bien incapable de le lui reprocher. Comme on me l'avait dit un peu plus tôt, il fallait juste que ça ne devienne pas une habitude. J'avais fourni de gros efforts en jouant avec ma louve mais j'avais déjà récupéré une partie de mon énergie, me transformer une nouvelle fois dans ces conditions ne représentait pas un grand obstacle. La première fois que j'avais réussi, avec Kyrios, j'étais dans un état de fatigue bien plus grand.

- Je dois pouvoir le faire, lui ai-je finalement répondu en haussant les épaules. Mais si vous pouviez poser vos arcs, simplement pour éviter de me prendre une flèche réflexe, ça m'arrangerait.

Toutes les chasseresses ont posé leur arc immédiatement, sans même qu'Alicia ne leur en donne l'ordre, nombre d'entre elles arborant un léger sourire suite à ma demande. Visiblement, elles semblaient avoir accepté que je puisse me transformer pendant les quelques jours où j'étais inconscient. Dans le groupe j'ai reconnu Hélène, et nos regards se sont croisés un bref instant. Elle avait perdu son expression neutre, dans ses yeux j'ai pu voir un désir d'explication accompagné d'une pointe de peur directement liée à Alicia. Je pouvais distinctement voir l'image de la lieutenante accompagnant cette peur, craignait-elle que je parle de ce qu'il s'était passé dans sa tente ? Je n'avais aucune raison de le faire, après tout je n'avais pas essayé de la repousser lors de notre moment d'égarement, j'étais tout aussi fautif. Il fallait que je lui parle.

- C'est bon maintenant ? m'a demandé Alicia, me sortant de mes pensées. Tout va bien ?

- Hein ? Ah oui oui, donne moi juste quelques secondes.

- Et pourquoi tu es torse nu ? a-t-elle ajouté, un peu surprise. Tu avais trop chaud ?

J'ai fait un gros effort pour ne pas rougir, me revoyant dans la tente d'Hélène, mon t-shirt en boule dans ma main. J'ai revu la chasseresse m'attirer contre elle, et ma main s'ouvrir pour lâcher mon vêtement avant de passer dans son dos. J'avais oublié mon t-shirt dans sa tente, mais je ne pouvais pas le dire à Alicia. J'ai donc fait comme si je n'avais rien entendu, fermant les yeux et me concentrant sur mes énergies intérieures. Calmant ma respiration, attendant que ma psyché soit la plus paisible possible, je l'ai soudainement expulsée tout en ouvrant les portes aux énergies logées dans les cornes.