Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier Chasseur

Chapitre 43

Sans même que j'y prête attention, la marque avait profité de ma relation avec ma louve pour s'étendre jusqu'à elle, et je ne m'en rendais compte que trop tard. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Je ne savais pas si elle fonctionnerait de la même façon sur elle que sur moi, mais il fallait que je le saches très vite. Je refusais qu'elle connaisse la même douleur que moi. Je me suis demandé un instant si je pouvais appeler Kyrios pour lui en parler, mais je n'ai rien fait. Celui qui devait avoir mes réponses ce n'était pas lui, mais Apollon. Après tout, c'était lui qui connaissais tous les secrets de la marque de sa soeur. 

Aria me regardait toujours, un air non pas surpris mais plutôt rancunier se dégageant de ses yeux. Elle semblait me dire que si elle portait désormais la marque, c'était pour me punir de l'avoir fait prendre un bain. Mon estomac s'est noué, elle ne s'inquiétait pas mais moi si, et bien assez pour deux. J'avais peur de ce que la marque pouvait provoquer chez elle, mais je n'avais plus le temps d'y penser. Compte tenu du temps que j'avais perdu à traverser la montagne, les chasseresses devaient déjà être loin.

- Il faut qu'on reparte, lui ai-je dit. On s'occupera de ça plus tard, quand on sera tranquille.

J'ai jeté un oeil au sol, repérant rapidement le fil argenté, et je suis parti en courant avec Aria qui me suivait de près. J'avais un sacré retard à rattraper, le groupe devait avoir une bonne heure d'avance sur moi, si ce n'était plus. J'ai accéléré, dépassant leur rythme habituel, mais je ne me suis pas arrêté là. Je poussais toujours plus sur mes jambes, me concentrant sur l'environnement pour faire attention à chaque détail qui pourrait venir gêner ma course. J'ai fini par atteindre la vitesse que j'avais lorsque je courrais avec les loups, mais avec une acuité bien plus grande. Pendant une fraction de seconde, j'ai baissé les yeux pour voir comment s'en sortait Aria, et voyant qu'elle tenait le coup j'ai accéléré encore un peu. 

Malgré ma concentration, le paysage a commencé à se déformer autour de moi. Les couleurs se mélangeaient, les arbres et les fleurs devenaient flous, mais je n'ai pas réussi à me résoudre à ralentir. A cette vitesse je n'osais plus m'arrêter, j'avais peur de ce qu'il se passerait si je perdais l'équilibre en freinant, mais j'ai quand même été obligé de le faire au bout de seulement quelques minutes. Une chasseresse venait vers moi, et j'ai bien failli lui rentrer dedans, la collision n'ayant été évitée que grâce à son adresse à elle. J'ai ancré mes pieds dans le sol, stoppant net ma course et me baissant pour ne pas m'assommer sur la branche d'un arbre sur ma route.

- Qu'est-ce qu'il y a ? ai-je demandé en me retournant vers la chasseresse, légèrement surpris d'en voir une.

- Alicia se demandait où tu étais, m'a-t-elle répondu, elle ne voulait pas rejoindre la côte sans toi. D'après elle, il y aurait quelque chose qui...

Elle a marqué une pause, son regard semblant soudainement vide. Elle a légèrement penché sa tête sur le côté, plongeant ses yeux dans les miens. Je ne l'avais jamais remarquée auparavant, une blonde parmi toutes celles que le camp pouvait compter, je ne connaissais même pas son nom.

- Quelque chose qui quoi ? Qu'est-ce qu'il y a sur la côte ? ai-je tenté.

Mais elle ne semblait plus être en état de me répondre. Son expression changeait brutalement, ses yeux n'exprimaient rien mais son visage et son sourire montraient clairement que quelque chose n'allait pas. Elle s'est rapprochée de moi, un pas après l'autre, jusqu'à ne laisser qu'une vingtaine de centimètres entre nous.

- Cela fait bien longtemps que je n'ai pas été seule avec un homme, a-t-elle soufflé un rapprochant sa main droite de ma joue.

C'est là que je l'ai ressentie. J'étais face à une inconnue, qui avait l'apparence d'une fille de quinze ans qui plus est, mais c'était là. Une attirance qui se développait en quelques fractions de seconde et qui continuait à croître. Je sentais que mon esprit se dévouait totalement à elle, souhaitant la protéger plus que tout, puis une voix dans ma tête m'a dit que rien ne pourrait jamais plus compter qu'elle.