Lysandre n'en revenait toujours pas. Elle était là, dans sa maison ! Ils passaient la nuit sous le même toit ! Rien que cette simple idée le rendait étrangement heureux. Même si elle logeait dans l'aile des domestiques, la belle Mélody ne se trouvait qu'à quelques couloirs de sa propre chambre.
Il était rentré peu avant son père, mais n'avait pas osé déranger la jeune fille pendant son travail. Alors qu'il se rendait dans le garage pour prendre sa voiture et aller faire un tour en ville avec ses amis, il remarqua la vieille voiture de la jeune fille. Une idée germa dans son esprit, il ne réfléchit pas plus. Lysandre saisit le petit tournevis dans son gilet et planta l'extrémité dans le pneu avant droit. Alors que le pneumatique se dégonflait, il se rendit compte du ridicule de son acte. Il n'avait jamais commis ce genre de bêtise digne d'une racaille. Que ferait Mélody en voyant son pneu crevé ? Elle ne pourrait pas rentrer chez elle.
La jeune fille entra justement dans le garage, lui laissant juste le temps de se cacher derrière sa propre voiture. Il la vit tenter de partir du garage, puis remarquer l'état déplorable de son pneu. Comme il s'y attendait, elle tenta de remédier à son problème, toujours aussi débrouillarde, mais sans résultat. C'est alors que son père arriva et proposa à la jeune fille de passer la nuit ici, puisqu'il se faisait tard et qu'elle n'avait aucun moyen de rentrer. Il avait attendu que Mr Smith vînt la chercher pour sortir de sa cachette et rejoindre ses parents pour le dîner. Ces derniers le réprimandèrent pour son retard.
Savoir que Mélody se trouvait là, dans l'aile des domestiques, à quelques dizaines de mètres seulement l'empêchait de dormir. Lysandre se tournait encore et encore dans ses draps de satin, désespérément à la recherche du sommeil. Après tout, il ne pouvait rien faire. Il aurait tant aimé pouvoir aller la voir, mais elle était certainement en train de dormir, et il ne voulait pas que la jeune fille le prenne pour un pervers. Il aurait tellement aimé être une petite souris pour se glisser dans sa chambre et observer la belle endormie.
Si elle était là, c'était seulement à cause de lui, même s'il n'avait pas imaginé que son acte de vandalisme en arrive là. Cette bêtise lui permettait pourtant de se rapprocher de sa dulcinée. Peut-être la croiserait-il dans la matinée, autour d'un café, ou tout simplement pendant la réparation d'autres éléments de la maison.
Alors qu'il commençait enfin à sombrer au pays des songes, des bruits étranges se firent entendre dans la maison. D'habitude, tout le monde dormait à poings fermés à cette heure-ci, à part les quelques gardes du corps postés autour de la propriété et devant la maison. La famille Eudon veillait à ce qu'aucun bruit ne dérange leur précieux sommeil. Pourtant, ces sons provenaient bien du rez-de-chaussée, d'après Lysandre, et n'avaient rien à voir avec les bruits habituels d'une maison qui travaille la nuit. Des pas que l'on tentait d'étouffer en vain, des portes que l'on voulait ne pas faire grincer, sans grande réussite.
Lysandre se redressa, alerté. Quelqu'un avait dû se glisser dans la résidence. Mélody n'avait pas encore terminé de réparer le système d'alarme de la maison, ce dernier ne pouvait donc pas détecter une intrusion. Les vigiles autour du bâtiment avaient dû rater quelque chose, et le jeune homme se promit d'avoir une petite discussion avec eux le matin même.
Il devait donc aller voir par lui-même. Lysandre enfila simplement un pantalon de sport et resta le torse nu. Contrairement à son père, il avait une silhouette athlétique qu'il comptait conserver lorsqu'il prendrait la place de gouverneur, s'accordant quelques heures de sport par semaine pour se lâcher. Cela lui serait certainement utile s'il avait un jour à se battre, peut être cette nuit-là, pour la sécurité de sa famille. Il décida pourtant de trouver quelque chose qui pourrait faire office d'arme, mais ne vit rien dans sa chambre. Tout ce à quoi il aurait pu penser se trouvait dans d'autres pièces de la maison, la réserve des vigiles, ou même la salle de sport. Ses yeux se posèrent pourtant sur la table de nuit où se trouvait le petit tournevis qu'avait oublié sa dulcinée lors de leur seconde rencontre. L'objet était petit, mais assez pointu et lui avait même permis de crever un pneu, il décida donc de le prendre avec lui, même si cela constituait une bien maigre protection. Peut-être était-ce simplement l'idée d'avoir cette relique de son amour pour la belle mécanicienne qui lui donnait du courage.
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Cœur Mécanique [Terminé]
RomanceSous le dôme 348, toutes les demoiselles désirent devenir des Ladies et épouser des Messieurs riches et importants, comme Lysandre, le fils du gouverneur. Enfin, presque toutes. Mélody n'est pas de haute naissance et se moque bien des étiquettes, pr...