Lysandre observait la jeune mécanicienne, bien dissimulé derrière le rideau qui cachait la porte. Il n'avait pas l'habitude d'espionner les gens comme cela, mais il se surprit quant à ses capacités de discrétion.
Même dans cette nouvelle tenue, pourtant classique et sans prétention, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de la trouver magnifique. Ses formes arrondies étaient mises en valeur par la simplicité de ses vêtements et son air concentré la rendait encore plus attirante à ses yeux.
Comment pouvait-il ressentir ça pour une fille comme elle ? Mélody n'était qu'une simple ouvrière, n'avait reçu aucune éducation et ne se comportait même pas comme une femme. Il ne se l'expliquait toujours pas.
Et pourtant, il était là, à guetter le moindre de ses faits et gestes, seulement caché derrière une tenture.
Il fallait qu'il lui parle. Lysandre voulait ressentir ce frisson qui l'avait parcouru lors de sa troisième rencontre avec la jeune brune, au garage Pane. Malgré l'apparente animosité qui les reliait, le jeune homme avait vécu cet échange comme un choc électrique qui avait parcouru tout son corps. Et il avait aimé ça.
N'y tenant plus, il décida de sortir de sa cachette. Absorbée par son travail, Mélody ne l'entendit pas tout de suite, aussi dut-il l'interpeller pour la faire réagir.
- J'espère que vous savez ce que vous faites, mademoiselle, commença-t-il sur un ton qu'il voulait taquin, mais un poil charmeur.
Surprise, Mélody eut un petit sursaut et se tourna vers lui. Quand elle vit qui lui avait adressé la parole, son regard perdu prit immédiatement un air blasé.
- Je ne fais que mon travail, et je le fais bien, répondit-elle simplement. Et vous, n'avez-vous pas autre chose à faire que de venir me déranger ?
Le fils du gouverneur l'agaçait. Elle avait vu dans ses yeux qu'il s'amusait d'elle alors qu'elle croisait son regard. Mélody s'était rapidement reportée sur l'écran de contrôle et sur l'un des robots qu'elle avait partiellement démonté. Elle n'accordait plus la moindre attention au jeune homme qui l'importunait.
Vexé, Lysandre s'approcha plus encore de la jeune fille. Il était juste derrière elle quand il revint à la charge.
- Je suis chez moi, je fais ce que je veux, reprit-il. Et vous, vous avez intérêt à bien faire votre travail, sinon vous risquez un procès. Vous savez, rapport à la garantie, ce genre de chose.
Excédée, Mélody se retourna et fit face au fils du gouverneur. Elle remarqua qu'il était toujours tiré à quatre épingles et terriblement beau. Sur son visage trônait un sourire entendu, Lysandre était sûr de lui et déterminé à la déstabiliser, mais la jeune fille garda son calme.
- Sauf que je viens de faire signer un devis à votre majordome, précisant qu'aucune poursuite ne serait possible contre nous s'il y avait le moindre problème, continua-t-elle en reprenant le même sourire entendu.
Mélody plantait ses yeux émeraude dans le regard bleu azur de Lysandre. Elle devait bien admettre qu'il l'attirait autant qu'il l'horripilait, mais elle ne se laisserait pas faire par ce bel impertinent.
Lysandre profita alors de ce face-à-face pour se rapprocher encore plus du visage de la jeune fille. Il la défia du regard.
- Vous avez toujours le dernier mot, à ce que je vois, gronda-t-il d'un ton détaché.
La mécanicienne tenta de se reculer, mais ses fesses rencontrèrent rapidement le poste de contrôle, l'empêchant de fuir. Elle redoutait d'avoir appuyé par inadvertance sur des boutons qui n'auraient pas dû être activés, mais c'est surtout la proximité avec le jeune homme qui la rendait mal à l'aise. Il ne fallait pas qu'il se rende compte de sa gêne, alors elle se rebiffa.
- En général oui, surtout avec les fils à papa malpolis et impertinents.
- Parce que vous en connaissez beaucoup ?
- Un, c'est déjà bien assez.
Malgré cet échange piquant qui lui électrisait chaque parcelle de son corps, Lysandre en avait assez que cette simple ouvrière lui tienne tête. Il posa une main sur son épaule, à la fois pour la calmer et pour lui signifier qu'il était le maître en ces lieux, mais la réaction de la jeune fille surprit le fils du gouverneur.
Dès qu'elle sentit la main chaude se poser sur sa chemise, Mélody frémit. Elle n'aurait su dire si ce contact lui plaisait ou non, mais elle ne voulait pas se laisser faire par son hôte pédant. D'un geste rapide, elle attrapa son poignet et le détourna de son épaule, avant de se détacher complètement de lui en glissant sur le côté.
- Si vous avez fini de jouer, peut-être pourrais-je me remettre au travail ? dit-elle sur un ton acerbe.
Lysandre pouvait lire dans ses yeux l'ennui qu'il lui causait, mais surtout, il nota la lueur qu'il avait fait naître alors qu'il la taquinait. Sans attendre de réponse, Mélody reprit son ouvrage et se mit à pianoter sur le poste de contrôle. Puis elle fondit vers le dernier robot afin de le remonter et à l'instant où elle appuya sur le panneau de commande, les six androïdes se levèrent en un seul mouvement et ouvrirent les yeux.
Mélody regroupa rapidement ses affaires et se dirigea vers la porte.
- Je vous enverrai la facture, lui dit-elle sans lui adresser un regard.
Et elle disparut, comme la dernière fois où il l'avait vue en ces lieux.
VOUS LISEZ
Cœur Mécanique [Terminé]
RomantizmSous le dôme 348, toutes les demoiselles désirent devenir des Ladies et épouser des Messieurs riches et importants, comme Lysandre, le fils du gouverneur. Enfin, presque toutes. Mélody n'est pas de haute naissance et se moque bien des étiquettes, pr...