Lysandre jubilait encore. Le repas avec ses parents n'aurait pas pu mieux se passer !
Il avait d'abord eu peur que sa mère n'accepte pas l'élue de son cœur. Abigaïl désirait avant tout le bonheur de son fils, mais aussi que sa compagne soit digne de lui et puisse lui apporter tout ce dont il aurait besoin dans sa future vie de gouverneur. Du soutien, des connaissances, un héritier...
Mais Mélody lui avait démontré qu'elle était bien plus que cela. Ambitieuse, déterminée, forte, elle possédait de nombreuses qualités, même si ce n'étaient pas les premières recherchées par la mère de Lysandre. Pourtant, elle avait su lui montrer qu'elle savait ce qu'elle voulait, et Abigaïl avait aimé cette force de caractère.
Puis, après le repas, le jeune homme avait raccompagné son amoureuse jusqu'à sa chambre où il l'avait laissée, après un long baiser d'au revoir. Mélody avait disparu dans la chambre de princesse et il avait rejoint la sienne, non sans regretter de ne pas passer la nuit avec sa belle.
Elle était là, à seulement quelques mètres de sa chambre. Tout comme la première fois où elle avait passé la nuit dans la résidence Eudon, mais dans l'aile des domestiques, Lysandre n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il se demandait à quoi devait ressembler sa belle endormie. Il aurait tant aimé pouvoir la prendre dans ses bras alors qu'elle sombrait doucement dans le sommeil...
N'y tenant plus, il décida d'aller la rejoindre, au moins pour quelques instants. Ses parents ne lui avaient pas expressément interdit de dormir avec elle, mais les conventions de son rang l'exigeaient, alors ils avaient fait préparer une chambre spécialement pour leur invitée. Lysandre se dit qu'il serait vite revenu, qu'il voulait seulement la voir un peu plus, en tête à tête.
Le jeune homme se leva sur la pointe des pieds, enfila un pantalon confortable et sortit de sa chambre en prenant soin de ne pas faire grincer les gonds de la porte. Il se posta devant celle de Mélody. Il était indécis. Lysandre voulait par-dessus tout la voir, la prendre dans ses bras, mais qu'allait-elle penser de lui ? Il ne voulait pas qu'elle le prenne pour un homme pressé ni un pervers, mais il ne pouvait plus se résoudre à faire demi-tour.
Il frappa quelques coups à la porte, juste assez fort pour qu'elle les entende et assez bas pour ne pas réveiller ses parents à l'étage. Il attendit quelques instants et, n'ayant pas de réponse, se dit que sa belle se trouvait déjà dans les bras de Morphée. Il était un peu jaloux, mais c'était certainement mieux ainsi. Alors qu'il s'apprêtait à faire demi-tour jusqu'à sa chambre, la porte s'ouvrit et Mélody apparut dans l'embrasure.
- Lysandre, c'est toi ?
Sa voix était basse, elle aussi ne voulait pas réveiller toute la maisonnée. Quand ses yeux se firent à l'obscurité, son visage s'éclaira lorsqu'elle vit le visage de son bien-aimé grâce aux rares lanternes encore allumées dans le couloir.
- Oui, je... je me demandais si tu dormais. Moi... je n'y arrive pas.
Il avait décidé d'être honnête avec elle, lui souriant comme un enfant admettant avoir fait une bêtise sans gravité. Mélody aimait ce visage naturel et spontané qu'il ne réservait qu'à elle seule et lui rendit son sourire.
- Moi non plus, avoua-t-elle. Je crois que cette chambre est bien trop grande, je ne suis pas encore habituée à... tout ça, finit-elle avec un petit air gêné.
- J'espère que tu t'habitueras vite alors, car j'aimerais qu'on passe plus de temps ensemble, déclara le jeune homme, ne perdant pas sa bouille juvénile.
Des rires étouffés s'échangèrent avant qu'un silence ne s'installe entre les deux tourtereaux. Chacun pensait à la même chose, mais n'osait pas le formuler. Ce fut finalement Mélody qui brisa le calme en ouvrant plus encore sa porte.
- Tu veux entrer ? demanda-t-elle.
Lysandre acquiesça et entra à la suite de sa belle, avant de refermer la porte derrière lui. Même dans une simple chemise de nuit blanche, elle était toujours aussi magnifique.
- Je me demandais... Si tu voulais qu'on dorme un moment ensemble, toi et moi, annonça Lysandre, en se plantant devant Mélody.
D'abord surprise, la jeune fille fut ensuite sceptique quant à cette idée.
- Je croyais que tes parents ne voulaient pas.
- C'est-à-dire que, chez nous, il est inconvenant de passer la nuit avec une femme avant le mariage, expliqua-t-il. Mais à partir du moment où je suis tombé amoureux de toi, je crois que j'ai balayé toutes ces convenances, dit-il. Maintenant, j'ai seulement envie d'être avec toi, mais si tu ne veux pas, alors je...
- Non, trancha Mélody. Reste.
Ils échangèrent un regard complice rempli de tendresse et se dirigèrent finalement vers le grand lit. Bien assez grand pour deux, ils se blottirent tout de même l'un contre l'autre, Mélody à la recherche de la douce chaleur émanant de Lysandre, le jeune homme profitant de la douce odeur de sa dulcinée.
- Et si quelqu'un nous surprend ? demanda Mélody, qui ne voulait pas perdre les points qu'elle venait de gagner auprès de la famille de son prétendant.
- Ne t'en fais pas, je retournerai dans ma chambre un peu avant que toute la maison ne se réveille. Et si c'est M. Smith qui débarque, j'en fais mon affaire, dit-il avec un clin d'œil.
Il la serra encore plus fort contre lui, caressant la peau douce de ses bras. Lysandre sentait monter en lui un désir nouveau, qu'il n'eut aucune peine à identifier, mais bien plus à réprimer. Il ne voulait pas faire peur à la jeune fille, il ne savait pas ce qu'elle désirait en cet instant, mais il ne voulait surtout pas briser ce moment absolument merveilleux avec ses instincts masculins. Le jeune homme se calma, se concentrant simplement sur la respiration de la belle qui s'endormait peu à peu contre lui.
Mélody était apaisée. Jamais elle n'aurait cru être aussi bien, se sentir aussi fragile et protégée à la fois, alors qu'elle montrait habituellement une carapace impénétrable. Lysandre, malgré des débuts chaotiques, avait su s'insinuer dans ses barrières et aimer la véritable Mélody qui se cachait depuis bien trop longtemps.
Les deux amoureux s'endormirent, tout simplement.
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Cœur Mécanique [Terminé]
RomanceSous le dôme 348, toutes les demoiselles désirent devenir des Ladies et épouser des Messieurs riches et importants, comme Lysandre, le fils du gouverneur. Enfin, presque toutes. Mélody n'est pas de haute naissance et se moque bien des étiquettes, pr...