Depuis cette soirée, la vie de Mélody était devenue un conte de fées. La famille Eudon l'avait réellement acceptée comme sa propre enfant, et elle passait beaucoup de temps avec sa belle-famille. Elle ne délaissait pas pour autant les siens et s'occupait du garage Pane avec toujours autant d'entrain. Simon et Sam s'occupaient des plus grosses mécaniques alors que la jeune fille réparait les robots et les systèmes automatisés. De plus, Léana s'adoucissait au fil des jours. Sa romance avec Sam se transformait en une réelle histoire et elle pardonnait petit à petit à Mélody de lui avoir volé son avenir radieux. Plus encore, elle était heureuse que sa sœur aînée ait trouvé quelqu'un, même si la plus jeune la taquinait souvent, lui rappelant leurs premières rencontres.
Lysandre venait toujours autant à l'atelier, mais il n'avait plus de raison de trouver des excuses pour venir voir sa belle. Il passait simplement l'embrasser, lui faire un présent, avant de repartir lui aussi à ses occupations de futur gouverneur. Mélody était parfois gênée de tant d'attentions et de cadeaux, mais il lui rappelait sans cesse de ne pas s'en faire, alors elle le laissait faire et profitait de ce bonheur inattendu.
Mais il restait une dernière chose pour que Mélody soit parfaitement heureuse. Le concours d'entrée à l'Académie Mélusianne, sa dernière tentative, approchait à grands pas. Malgré ses sorties multipliées avec le beau blond, la jeune fille avait redoublé d'efforts pour concilier son travail, son amoureux et ses révisions. Elle donnait tout, mais ne se sentait jamais vraiment prête. Alors elle travaillait, encore et encore, jusqu'à parfois se priver de sommeil.
Lysandre admirait plus que tout la persévérance de la jeune fille, lui qui avait tout eu sans trop de difficulté depuis sa plus tendre enfance. Bayron également avait beaucoup d'affection pour la petite mécanicienne qui avait su faire fondre son fils, et était heureux de pouvoir l'accueillir au sein de sa famille.
Mais, dans la famille Eudon, il manquait quelque chose dans cette relation. C'est justement de ce sujet que Bayron voulait s'entretenir avec son fils unique. Les deux hommes se retrouvèrent comme chaque matin dans la bibliothèque pour discuter et prendre un café avant d'entamer la journée.
- Lysandre, nous devons parler de choses sérieuses, sa voix basse résonnant dans la grande salle.
- Je t'écoute, père. Est-ce à propos de nos échanges avec le dôme 195 ? Car, si je puis me permettre, je pense que votre homologue là-bas rencontre quelques difficultés à...
Le jeune homme n'eut pas le temps de finir que son père l'interrompit.
- Non, il ne s'agit pas de cela. Je voudrais te parler de Mademoiselle Pane.
- Il y a un problème avec Mélody ? Je croyais que vous l'aviez adoptée dès le premier dîner...
- Bien entendu, il n'y a pas vraiment de problème. Mais, vois-tu, ta position est assez délicate, la population du dôme 348 est petit à petit au courant de votre relation. Et il faudrait que vous la rendiez, disons... plus officielle.
- C'est-à-dire ? Nous sommes déjà officiellement ensemble, et... oh, très bien, je vois.
Devant le regard insistant de son père, Lysandre avait tout de suite compris de quoi il retournait.
- Ne penses-tu pas que c'est un peu tôt, père ?
- Dans n'importe quelle famille, ce serait trop tôt, Lysandre. Mais nous ne sommes pas n'importe quelle famille. Il nous faut nous montrer forts et unis, alors des fiançailles entre toi et une jeune ouvrière pourraient...
- Attendez, vous voulez seulement que je me marie avec elle, car c'est une mécanicienne, qu'elle n'est pas de haute naissance ?
- Absolument pas ! Je dis seulement que tu ne peux pas vivre une telle relation éternellement. Il faudrait au moins que vous vous fianciez, et un mariage ne devrait pas tarder. Je ne pense pas encore être trop vieux, mais je préférerais savoir que tu te trouves dans de bonnes conditions pour prendre la suite, tu comprends ?
Lysandre songea à ce que lui disait son père. Il avait raison, au sein de sa classe sociale, il avait déjà eu de la chance de pouvoir choisir lui-même sa promise. Le jeune homme voulait plus que tout passer le reste de ses jours auprès de Mélody, mais accepterait-elle une demande si tôt ? Il avait eu du mal à l'apprivoiser, alors une demande en mariage...
- Tu as de la chance, reprit Bayron. À l'époque, quand j'avais ton âge, nous n'avions pas le temps de tomber amoureux. J'ai eu de la chance de pouvoir épouser ta mère, même si je pense qu'elle aurait préféré pouvoir choisir elle-même son mari.
- Je comprends très bien ce que vous dites, père. Toutefois, je préférerais attendre que Mélody ait terminé ses concours pour l'Académie Mélusianne. J'ai peur que cela ne la déstabilise.
- C'est entendu, alors ! Tiens, puisqu'on en parle, je lui ai rédigé sa lettre de recommandation. J'aimerais que tu l'envoies pour moi. Tu pourrais faire ça ?
- Bien sûr, père.
Le jeune homme saisit l'enveloppe cachetée et la glissa dans la poche intérieure de sa redingote, avant de mettre fin à l'entretien. Lysandre rejoignit sa chambre pour y déposer la précieuse lettre, de peur de la perdre. Cette école était tellement importante pour Mélody qu'il s'en voudrait de briser ses chances. Mais d'un autre côté, il voyait toute l'implication et le sérieux que la jeune fille mettait dans son travail. Il était sûr et certain qu'elle allait réussir.
Lysandre réfléchissait aussi à ce que lui avait annoncé son père. Il devait demander Mélody en mariage. Cela lui semblait être très tôt dans leur relation, mais finalement pas tant que ça dans sa classe sociale. Pire encore, de manière générale, il n'était même pas censé pouvoir choisir son épouse. Il devait donc s'estimer heureux.
Mais il fallait qu'il lui fasse la demande parfaite. Mélody n'était pas une fille comme les autres, il ne voulait donc pas lui faire une déclaration trop classique. Et il devrait surtout lui expliquer les raisons d'une demande si soudaine.
Les jours suivants, l'esprit de Lysandre, bien qu'occupé par ses responsabilités d'héritier du gouverneur, était tourné vers sa dulcinée et vers leur futur ensemble.
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Cœur Mécanique [Terminé]
RomanceSous le dôme 348, toutes les demoiselles désirent devenir des Ladies et épouser des Messieurs riches et importants, comme Lysandre, le fils du gouverneur. Enfin, presque toutes. Mélody n'est pas de haute naissance et se moque bien des étiquettes, pr...