Chapitre 6

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Bien que je n'ai pas réellement combattu de toutes mes forces, j'étais exténuée en sortant de l'arène, ce soir-là. Ma guilde était déterminée à faire une fête d'enfer, mais je préférai largement aller m'emmitoufler dans mon lit et ne les retrouver que le lendemain matin. Néanmoins, quand Natsu passa un bras autour de mes épaules pour me guider jusqu'au bar que le maître avait réquisitionné, je n'eus pas la force de protester, peut-être parce qu'au fond, je voulais vraiment m'amuser avec mes amis. C'est ainsi que, à peine une heure après la fin du dernier combat, on se retrouva tous un verre à la main, dansant et chantant dans la bonne humeur générale.
 
- Quelle journée, soupira Lisana en se laissant tomber près de moi. Vous avez été admirables.
- On a surtout été chanceux, pour l'instant, fis-je.
- Ne sois pas trop dure avec toi même, me dit Erza. Que se soit de la chance ou autre chose, vous avez tout de même dominé.
 
     C'était dur pour moi de le reconnaître, mais nous avions gagné, et je faisais partie de cette équipe. J'avais conscience d'être plus faible que la plupart de mes camarades, et ce depuis des années, c'est pourquoi j'avais vraiment du mal à me jeter des fleurs, mais, aujourd'hui, je compris que j'en avais un peu le droit. J'avais remporté l'épreuve principale de la journée.
 
- D'accord, soupirais-je. On vous a défoncés, et on recommencera demain.
- Bien parlé, hurla Cana en levant son verre.
 
     Erza me donna un grand coup dans le dos, similaire à celui que m'avait administré Gajil après qu'il ait apprit qu'on ferait partie de la même équipe, et je m'effondrai contre la table. En tout cas, même si on les « défonçait », c'est pas moi qui réussirai à vaincre Erza.
 
- Où est Juvia? S'enquit soudain Lisana.
- Elle est restée se reposer dans sa chambre, nous annonça Wendy.
 
     La jeune sœur de Mirajane hocha la tête et, de mon côté, je me levai du banc sur lequel j'étais affalée, voulant à tout prix avoir une petite conversation avec Juvia. Si Mirajane la trouvait avant moi, elle la cuisinerait pendant des semaines, mais je voulais à tout prix éviter à mon amie de se faire prendre au piège par la démonne de la guilde. Et puis, moi aussi, j'avais besoin de mon lot de potins. Et le couple formé par Grey et Juvia me semblait parfait pour ça.
 
- Je rentre, annonçais-je, je suis épuisée.
- Oh, Luce, amuse-toi encore un peu! Lança Natsu.
- La fête ne fait que commencer, ronchonna Cana.
- Si je veux encore écraser Natsu et son équipe demain, je dois rentrer me reposer.
 
     Mon meilleur ami se saisit du verre vide posé devant lui et me le jeta dessus. Je m'apprêtai à me baisser pour l'éviter, mais une main surgit de nul part pour s'en saisit.
 
- Allons, Natsu, tu sais bien qu'il est interdit de blesser les mages des autres équipes en dehors de l'arène, sourit Luxus en brisant le verre entre ses doigts.
- Elle m'a blessé avec ses paroles, protesta Natsu.
 
     Je ris aux éclats, amusée par la soudaine philosophie de mon meilleur ami, et je m'éclipsai avant qu'une énième bagarre générale n'explose.
     Le soleil n'était pas loin de se coucher, aussi, les rues étaient quasiment désertes. Je ne croisai qu'une dizaine de personnes, qui me jetèrent tous des regards admiratifs ou me demandèrent des autographes que je signai avec le sourire. J'acceptai même de signer le dos de la main d'une petite fille qui me le demanda, et de lui dessiner l'emblème de Fairy Tail sur le poignet. Elle m'avoua rêver de nous rejoindre, et je l'y encourageai chaleureusement. Après tout, à une époque, j'avais été exactement comme elle.
     Alors que la petite fille s'éloigna au trot retrouver ses parents, une voix me fit sursauter :
 
- T'es drôlement gentille avec les gosses, blondinette.
 
     Je me retournai vivement, tombant nez-à-nez avec Sting. Je fis un pas en arrière.
 
- Sting, soupirais-je. Tu m'as foutu la trouille.
- Qu'est-ce que tu fais ici toute seule?
- Je rentre à l'hôtel.
- Alors allons-y, sourit-il.
 
     D'abord un peu déstabilisée par l'éclat de son sourire, je finis par hocher timidement la tête, et reprendre la route de l'hôtel, Sting marchant à mes côtés, les mains dans les poches. Pendant quelque minutes, on ne pipa mot, et je me forçai à ne pas admirer son profil, me concentrant plutôt sur les fleurs colorées bordant les petits chemins qu'on emprunta. Au détour d'une ruelle, on tomba sur une toute petite place décorée d'une fontaine représentant une sirène majestueuse. Les bâtiments alentours, qui abritaient de petits cafés, étaient pourvus de guirlandes faiblement lumineuses, ajoutant une touche chaleureuse, accentuée par les plantes grimpantes recouvrant la pierre partout aux alentours.
 
- Cette ville est vraiment magnifique, soufflais-je en m'arrêtant devant la fontaine.
- J'ai pourtant entendu dire que Magnolia était particulièrement belle.
- Tu n'y a jamais été? M'étonnais-je en me tournant vers lui.
 
     Il secoua doucement la tête et, comme je m'étais arrêtée, il en profita pour s'asseoir sur le bord de la fontaine, trempant doucement le bout de ses doigts dans l'eau claire.
 
- Je ne me déplace que pour des missions, jamais pour le tourisme. Et pourquoi aurais-je été à Magnolia? Vous vous occupez de tout ce qui s'y passe.
- Sting, m'indignais-je en m'installant près de lui. Entre la cathédrale, les abords de la rivière, le bâtiment de la guilde, la plage, les montagnes environnantes, il y a tellement à voir. Tu devrais venir un de ces jours!
 
     Immédiatement, un sourire en coin se dessina sur son visage, et il m'adressa un regard en coin, visiblement amusé. J'arquai un sourcil.
 
- Serait-ce une invitation?
 
     Merde, merde, merde, alerte rouge. Mes joues prirent une teinte cramoisie tandis que mon cœur entama une danse endiablée. Ses beaux yeux bleus cherchèrent les miens, tandis que mon souffle se fit court. Cette discussion prenait une tournure beaucoup trop intime.
 
- Bien sûr, fis-je d'une voix mal assurée. Vous serez toujours les bienvenus à Fairy Tail.
- « vous », « à Fairy Tail »? Je t'ai connue plus audacieuse.
 
     Il secoua légèrement la tête, son sourire toujours en place, et je détournai la tête, gênée. Je levai alors les yeux vers le ciel s'assombrissant peu à peu, révélant les premières étoiles, et je souris à mon tour. Admirer les constellations avait toujours eu un effet apaisant sur moi. Elles me montraient que mes esprits veillaient toujours sur moi. 
 
- Allons-y, lança Sting en se levant.
 
     L'avais-je déçu? Mais qu'espérait-il que j'allais lui répondre? Que j'aurais sincèrement aimé qu'il vienne passer quelque jours chez moi pour que je m'occupe de lui? C'était absurde. Et surtout, je n'étais pas sûre que ça soit vrai. Certes, j'aimais particulièrement son physique, mais son mental? Je n'en étais pas encore sûre, je ne le connaissais pas encore assez.
     Tandis qu'on marchait dans le silence le plus plat, je lui glissai un regard en coin.
 
- Tu aurais pu me battre en deux secondes, affirmais-je soudain.
- Tu te sous-estime.
- OK, en trois secondes. Peu importe. Pourquoi est-ce que tu n'as rien fait?
 
     Je ne m'étais pas rendue compte à quel point ça avait son importe mais, maintenant que la question avait franchit la barrière de mes lèvres, je comprenais que ça m'avait trotté dans la tête toute la journée. Sting m'avait clairement épargnée pendant l'épreuve, et je n'étais pas parvenue à comprendre pourquoi. Il aurait pu vaincre mes esprits en peu de temps, et je ne parle même pas du moment où je n'avais plus de magie. J'aurais dû perdre cette épreuve, ou du moins finir deuxième, juste derrière lui.
 
- Ça n'a pas d'importance.
- Ça en a pour moi, le coupais-je. Explique-moi.
 
     Pendant une minute, il ne pipa mot, et je cru qu'il n'allait vraiment rien me dire mais, enfin, il reprit la parole :
 
- Tu étais sincèrement déterminée, et j'ai trouvé ça beau.
 
     Attendez. Pause. Il avait trouvé ça... beau? Parce qu'il avait aimé ma détermination, il m'avait combattue « à la loyale » et il m'avait protégée de l'attaque de Natsu? C'était incroyable. À vrai dire, j'avais du mal à y croire : le grand Sting avait été ébloui par la petite mage que j'étais.
     Un éclat de rire m'échappa.
 
- Tu as bien changé.
- Je suis sensé le prendre comment? S'enquit-il.
- Comme un compliment, Sting.
 
     Il me sourit largement, et ouvrit la bouche pour continuer, quand on fut interrompus par une voix s'élevant de la ruelle sur notre droite :
 
- Cool, cool, cool, Sting et Lucy!
 
     Flûte. Je me tournai lentement, et fus étonnée - voir choquée - de trouver un Jason flanqué de Rufus, Rogue, Orga, mais aussi de Wendy, Juvia et Reby. C'est ce qu'on appelait communément un groupe éclectique. Comment diable mes trois amies avaient-elles pu se retrouver en compagnie des membres de Sabertooth et du journaliste? Je voulus leur poser la question, mais Jason me sauta pratiquement dessus :
 
- Lucy, ma chère Lucy, je vous prie, laissez-moi vous photographier tous ensembles.
 
     Me voyant hésiter, il crut bon de rajouter :
 
- Vous me devez bien ça.
- Bien, bien, mais il faut que les autres soient d'accord.
 
     J'espérai secrètement qu'ils rejettent la propositions de Jason mais, contre toute attente, ils hochèrent tous la tête, et laissèrent le journaliste nous guider dans les rues de ce quartier de la ville. Le soleil étant en train de se coucher, on ne croisa que peu de monde, d'autant plus que nous nous trouvions en périphérie de la capitale, bien loin de l'agitation du centre. La plupart des bars et des restaurants étaient loin d'ici.
 
- Qu'est-ce que vous faisiez, tous les deux? Chuchota Reby.
- On retournait à l'hôtel.
 
     Ma meilleure amie fronça ses petits sourcils, et se pencha un peu plus vers moi :
 
- Pourquoi Sting allait-il à l'hôtel?
- Euh... probablement pour se reposer. C'est ce qu'on fait dans les hôtels, non?
- Pas quand tes trois camarades t'attendent dans un bar en centre ville.
- Peut-être devait-il récupérer quelque chose, fis-je dans un haussement d'épaules.
- Ou alors il voulait te raccompagner, intervint Juvia à voix basse.
 
     Reby hocha vigoureusement la tête, et je lui donnai un petit coup dans le bras. C'était absurde. Pourquoi diable Sting aurait-il laissé ses amis de côté pour me raccompagner jusqu'à un hôtel se situant à une dizaine de minutes de marche? Si nous avions été en pleine nuit, j'aurais pu imaginer que son esprit chevaleresque avait prit le dessus, mais là... nous étions en journée. D'autant plus que j'étais un mage expérimentée, je pouvais me défendre en cas de problème. Non, vraiment, je ne comprenais pas.
 
- Vous vous faites des films, affirmais-je, peu sûre de moi.
- Ne nous fais pas croire que cette possibilité ne te fait pas plaisir, me taquina Reby.
 
     Je m'obstinai à les ignorer, mais la mage d'eau vint se coller à moi pour susurrer :
 
- Ne le trouves-tu pas sexy?
- Je... la question ne se pose même pas.
- Si ça n'était pas le cas, tu ne te serai pas collée comme ça à lui pendant l'épreuve de ce matin.
- Dis-nous, reprit Reby, tu as apprécié?
 
     Rouge comme une tomate, je décidai de leur livrer une partie de la vérité pour qu'elles cessent de me taquiner et qu'elles me laissent vivre en paix. Mon but ce soir avait été de venir chercher des potins sur Grey et Juvia, pas de me faire cuisiner par mes deux amies.
 
- Pendant une seconde, j'ai peut-être bien aimé ça.
 
     Les deux filles se lancèrent un regard abasourdi, mais elles furent sorties de leur joie montante par une Wendy qui s'immisça dans la conversation :
 
- Vous savez, c'est un chasseur de dragon. Il vous a probablement entendues.
 
     OH. MON. DIEU. Juvia éclata de rire, tandis que je rougis jusqu'à la pointe des cheveux. Je venais tout juste de dire que j'avais aimé sentir son corps plaqué contre le mien, comment pourrais-je à nouveau le regarder dans les yeux? C'était terriblement gênant.
On leva toute la tête vers les garçons marchant devant nous, et Rogue nous adressa un regard par-dessus son épaule, tandis que Sting continua à avancer sans réagir. Le dragon de l'ombre haussa les sourcils de manière suggestive avec un sourire en coin, avant de regarder à nouveau devant lui. Ciel! Je voulais mourir.
 
- Oups, ria Reby. Désolée.
- Tu parles, grommelais-je.
 
     Leurs sourires ravis m'apprirent qu'elles n'étaient absolument pas désolées. 
     Jason finit par s'arrêter aux abords du parc s'étendant derrière l'hôtel que nous partagions avec les autres équipes participant aux jeux, et il nous fit signe de passer devant lui.
 
- Installez-vous, je vais d'abord vous poser quelque questions, si vous le voulez bien.
 
     Retenant de peu un soupire, je me laissai tomber dans l'herbe fraîche entre Wendy et Rufus. J'étais au moins certaine que ces deux-là ne se moqueraient pas de moi concernant Sting. Après tout, Rufus n'avait probablement rien entendu, et Wendy était trop poli pour tenter la moindre blague désobligeante.
 
- Bon, fit Jason en dégainant son carnet de notes. Juvia. Quelle relation entretenez-vous avec le coolissime Grey Fullbuster?
 
     Lui au moins, il avait le mérite d'être direct.
     On tourna tous la tête vers la concernée qui, étrangement, je rougit qu'à peine.
 
- Nous sommes de très bons amis.
 
     Pardon? 
 
- Pardon? Fit une Reby ayant très certainement lu dans mon esprit.
 
     La mage d'eau lui jeta un regard si sombre que la jeune fille referma la bouche et détourna la tête vers Jason, attendant impatiemment la suite de son interrogatoire. Le journaliste nota la réponse de Juvia dans son carnet en répétant des petits « cool » horripilants, puis il se tourna vers Orga, se contentant visiblement de la courte réponse formulée par la mage d'eau. Néanmoins, moi, je ne m'en contenterait pas. Depuis qu'elle avait rencontré Grey, elle scandait haut et fort qu'il était son âme sœur, son futur mari, voir son petit ami actuel, mais jamais ô grand jamais elle n'avait simplement dit qu'il était son ami. C'était absurde.
     Secouant la tête après avoir décidé de la cuisiner plus tard, je me concentrer sur Jason.
 
- Orga, Rufus, Rogue, Sting, tous le monde ici présent est conscient de la haine que vous avez vouée à Fairy Tail il y a de cela quelques années. Participez-vous en partie pour vous venger d'eux par rapport aux jeux magiques où ils ont prit la première place du royaume?
 
     Les garçons se consultèrent du regard, et c'est finalement Rufus qui prit la parole, de son éternelle voix calme et assurée :
 
- Nous ne nous en pensons pas capables, même si nous le voulions.
- Ce qui n'est pas le cas, précisa Rogue en nous lançant une œillade.
- Vous reconnaissez donc Fairy Tail comme la première guilde du royaume? S'enquit Jason.
 
     Ils hochèrent simultanément la tête, et j'échangeai un large sourire avec Reby. Si même une grande guilde comme Sabertooth reconnaissait volontiers notre puissance, ça voulait sûrement dire que nous étions réellement d'une grande force. Ils avaient la sagesse de s'incliner devant Fairy Tail, et ça montrait à quel point ils étaient courageux, et eux-mêmes forts.
 
- Reby, maintenant. Selon nos sources, vous avez fait équipe avec Gajil Redfox à de très nombreuses reprises, il vous a même apporté son aide pour l'examen de rang S alors que vous aviez déjà deux camarades prêts à vous accompagner, et vous avez intégré le conseil de la magie pendant une année à ses côtés, alors vous imaginez aisément ma question : que se passe-t-il réellement entre vous deux?
 
     Décidément, je commençai sincèrement à les apprécier, lui et ses questions. Reby était au pied du mur : elle n'avait aucun moyen de se défiler sans éveiller des soupçons. 
     Ses joues s'empourprèrent violemment et elle se mit à bégayer en tchécoslovaque.
     Il était grand temps pour moi de prendre une revanche bien méritée :
 
- Qu'est-ce qu'il y a Reby? Tu ne le trouve pas sexy? Tu n'apprécies pas sa compagnie?
 
     Son regard devint menaçant.
 
- Si, se contenta-t-elle de répondre.
 
    Jason se contenta de cette vulgaire syllabe mais, pour ma part, j'étais déjà en train d'établir un plan complexe pour lui extorquer des informations. Bien sûr, je savais depuis des lustres qu'elle était folle de notre dragon d'acier, mais c'était maintenant le moment idéal pour la relancer sur le sujet d'ici à quelque jours. J'allais m'amuser comme une petite folle.
 
- Cool, cool, cool, marmonna-t-il en prenant des notes. Wendy, j'ai une petite question pour vous maintenant : pourquoi ne participez-vous pas? Une mage aussi douée!
- Oh, rougit-elle, j'ai demandé à ne pas en être. Combattre pour le plaisir, ça n'est pas pour moi.
- Cool, conclut-il. Je crois en avoir finit avec les questions pour l'instant. 
 
     Puis, pendant une vingtaine de minutes, il nous canarda de photo, nous demandant de sourire le plus naturellement possible, de placer nos mains de telle ou telle manière, de tourner légèrement le visage d'un côté..., bref, il nous mitrailla sans relâche jusqu'à nous épuiser.
 
- Vous aurez des surprises dans l'édition de demain, fit-il en rangeant son appareil.
 
     Puis il partit en courant comme un dératé en lançant des « cool » à tout va. Ce type avait définitivement un sérieux grain. Et j'avais beau avoir passé toute une année à ses côtés, je continuai à être médusée par sa bizarrerie.
     En le suivant du regard, je constatai que le soleil s'était couché derrière les montagnes entourant la ville, et que le parc était baignée dans une chaleureuse lumière orangée.
 
- Bon, fit Reby en se levant et époussetant sa robe. Rentrons.
 
     On salua alors gentiment nos camarades de Sabertooth, et on se leva à notre tour, prêtes à partir. Je jetai un dernier regard à Sting et, constatant qu'il me souriait franchement, j'en fis autant, non sans laisser quelque rougeurs envahir mes joues. Il était d'un charme fou sous cette douce lumière, nonchalamment installé dans l'herbe du parc, sa boucle d'oreille teintant au vent, ses cheveux lui tombant adorablement sur le front. Pendant un instant, je restai bloquée sur lui, ses grands yeux bleus, son sourire à croquer, sa cicatrice d'aventurier, son corps d'Apollon..., et je fus incapable de me détourner. En cet instant, je compris pourquoi il avait tant de succès auprès des foules : il dégageait quelque chose de puissant, d'irrésistible. Il avait perdu son côté froid au moment des derniers jeux magiques où nous nous étions rencontrés et, depuis, il était devenu terriblement attirant. Même pour moi.
     Ses yeux ne quittèrent pas les miens, tandis que mon cœur entama peu à peu une danse endiablée. J'avais rencontré des beaux garçons par dizaines, en commençant par ceux de la guilde, mais jamais je n'avais été attirée par quiconque à ce point-là. Et là, au milieu de ce parc de la capitale, au soir du premier jour des jeux, je compris que j'étais en train de tomber amoureuse pour la première fois.
 
- Lucy? M'interpela Wendy.
 
     Je me détournai promptement en marmonnant un « à demain », et je suivis les filles.

I hate you but I love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant