Chapitre 26

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Lorsque je rouvris les yeux, une seconde après avoir senti la téléportation ébranler mon corps et hérisser mes poils, ce fut pour découvrir la ville de Crocus. Nous étions, si mes souvenirs étaient exacts, à deux pas de l'appartement de Sting, près la sortie Est de la ville. À notre gauche, un bras de rivière calme ondulait sous les rayons déjà brûlants du soleil et, à notre droite, de clinquantes boutiques étaient restées fermées pour la journée. Tous les habitants avaient, bien entendu, étaient mis à l'abris au préalable, ils avaient quitté la ville, le temps de l'épreuve, ou ils étaient allés s'entasser sur les bancs de l'arène.
 
- On ne perd pas de vue l'objectif, rappela Luxus. Bonne chance à tous. 

     Je hochai solennellement la tête, au même titre que mes trois autres petits camarades et, après un dernier regard dans lequel on fit passer toute la confiance qu'on s'accordait les uns les autres, on s'élança dans des directions différentes, comme nous l'avions prévu. Nous avions décidé d'emprunter des chemins variés avant de nous retrouver sur la place principale de Crocus, pour faire un point sur notre situation et, éventuellement, décider de se déplacer en groupe. Pour l'heure, nous pensions être assez forts individuellement pour nous en sortir. Bien sûr, j'avais quelque peu protesté sur ce point, mais j'avais rapidement cédé. J'avais confiance en moi, et je voulais honoré la confiance que mes amis plaçaient en moi. J'allais atteindre la place, j'allais prouver à mes compagnons que j'en étais capable. Et, surtout, j'allais me le prouver à moi-même.
     Je m'enfonçai dans une rue habituellement animée et, mes clefs à la main, je progressai à grandes enjambées que je voulus silencieuses. J'avais étudié les plans de la ville et je savais exactement par où passer pour rejoindre cette fameuse place. Bien sûr, j'allais faire quelque détours, cherchant activement un adversaire à mettre au tapis avant de rejoindre les autres. Je ne voulais pas rentrer bredouille et n'affronter personne. 
     Je courus pendant plusieurs minutes, bien consciente que les caméras ne devaient pas me montrer au public, elles devaient montrer des combats qui avaient probablement déjà débutés. J'étais certaine que des adversaire s'étaient déjà trouvés.
    Au moment où je formulais cette pensée dans mon esprit, je sentis une présence. Dans une ville totalement dépouillée de ses habitants, ça n'était pas un exploit. Je ressentis donc sa magie bien avant de l'avoir entendue, ou vue. Et je sus même exactement où elle se trouvait. 
 
- Robe stellaire du Sagittaire! 

     Je pivotai sur moi-même tout en bandant mon arc et je pointais ma flèche sur cette  fameuse présence. Mais, dès que mon regard se posa sur cette masse imposante, bien trop imposante, je tiquai. Moi qui avais espérer me frotter à quelqu'un de pas trop fort, c'était râpé. Arborant un magnifique sourire plein de dents blanches bien alignées, Elfman me jaugeai depuis le haut de son immeuble. Face au soleil, j'avais bien du mal à voir son regard, mais je savais qu'il était enflammé par le combat qui s'annonçait. J'espérais avoir prié assez fort la nuit précédente pour qu'on m'accorde la victoire. Je ne pouvais pas plier lors de mon premier combat. 
    D'un bond, mon adversaire s'écrasa contre le bitume - qu'il fissura, soit dit en passant - afin de se retrouver au même niveau que moi. Mais certainement pas à la même hauteur. J'étais sûre de me briser une cervicale si je le regardais trop longtemps dans les yeux. 
 
- Alors vous avez choisi la dispersion, nota-t-il. 

     J'abaissai mon arme, et repris ma tenue habituelle. Il n'était pas du genre à attaquer par surprise, et je savais que j'aurais le temps d'anticiper sa première attaque. Elfman était peut-être d'une puissance écrasante, il n'en restait pas moins trois fois plus lent que moi. Et trois fois moins intelligent. Oui, je pouvais gagner. Et j'allais le faire. Je n'avais pas pompeusement annoncé au maître que j'allais gagner les jeux pour rien. 
     Les mains dans le dos, je sélectionnai la clef qui serait mon salut et je priai mentalement mes esprits de répondre à mon appel silencieux. Je savais que mes liens avec eux étaient assez puissants pour que je puisse réaliser cet exploit. Ça n'était pas donné à tous les constelationnistes, mais je pouvais le faire.
 
- Qui te dit que Luxus n'est pas caché derrière cette fontaine? Fis-je avec un signe de la tête vers la petite place dans son dos.

I hate you but I love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant