Chapitre 29

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Des bras passèrent autour de moi, m'entourant de toutes parts, m'enlaçant avec force et bientôt, je me retrouvée compressée par des corps, incapable de dire où je commençais, et où je terminais, tant nous étions proches. Nous ne faisions plus qu'un. Nous n'étions plus qu'un amas de membres ignorant les acclamations d'un public qui me semblait si lointain, de concurrents qui n'existaient même plus, d'amis relégués au second plan. En cet instant, il n'y avait plus que mon équipe, plus que cette petite famille qu'on était parvenus à former en si peu de temps, plus que Luxus, Mirajane, Gajil et Grey. 
     Mes larmes s'écoulèrent sans discontinuer le long de mes joues, trempant les bras les plus proches, inondant mes cheveux tombés devant mon visage défait par la joie, la surprise, la fierté. Trop d'émotions me traversaient, trop d'émotions que je n'avais pas l'habitude d'éprouver en si peu de temps. Mon corps était secoué de tremblements intempestifs. J'étais incapable de me contrôler. Plus rien ne m'obéissait. Je ne pouvais pas stopper le flot de mes larmes, mes hoquets si peu ragoûtants, mes membres de vibrer en même temps que ceux de mes compagnons, secoués par un trop plein d'émotions comparables aux miennes. 
Quelqu'un brisa pourtant ce moment en se redressant, nous entraînant tous par la même occasion, nous remettant sur nos pieds, soutenus par nos genoux tremblants et nos muscles tétanisés. Mais, dès que mon regard rencontra celui de mon équipe, les pleurs cessèrent. Pendant une interminable seconde, on se fixa dans le blanc des yeux, tour à tour, partageant tout ce que nous ressentions. Et nous ressentions beaucoup de choses. 
     Soudain, on se sauta tous au cou. Je me pendis à la montagne de muscle de l'équipe, nouant mes petits bras de moineau autour de de lui, et il m'attrapa au vol, riant autant que moi. Il me fit tournoyer dans les airs, ajoutant à mon hilarité. 
 
- Merci, chuchota Luxus à mon oreille.  

     Je me blottis contre lui - chose que je n'aurais jamais cru faire - et je le serrai de toutes mes forces, mue par un amour inconditionnel pour ces quatre personnes. 
    Puis il me passa littéralement au suivant, qui me comprima tout aussi fort, riant de manière aussi hystérique que moi. À tour de rôle, on se câlina comme des enfants en manque d'affection et, comme des adolescents, on ria fort, très fort. Mes yeux étaient toujours embués de larmes, mais je ne pleurais plus. L'heure était aux réjouissances. 
     En cercle, les uns serrés contre les autres, on se regarda une dernière fois, un sourire interminable collé au visage, les yeux pétillants de joie, de vie. Nous l'avions fait. Tous ensemble. Il était indéniable que nous étions individuellement de grands mages, mais c'était ensemble que nous étions les plus forts. À nous cinq, nous avions surpassé les autres, ce qui nous aurait probablement été impossible avec d'autre coéquipiers. Nous nous étions trouvés. 
     Luxus posa une main sur l'épaule de Mirajane, à ses côtés et, après nous avoir tous regardés à tour de rôle, s'arrêtant longuement sur chacun d'entre nous, il prononça des mots qui, je le savais, me trotteraient toujours dans la tête : 
 
- Je suis fière. Fière d'avoir gagné, bien sûr, mais surtout fière de l'avoir fait avec vous. Nous avons toujours été des amis, une famille, mais je sais qu'à partir d'aujourd'hui, vous aurez tous les quatre une place à part dans ma vie, dans mon cœur. Alors, merci.  

     Une dernière fois, on se prit tous les mains, et, après une dernière pression, un dernier regard, un dernier sourire, on se détacha les uns des autres pour aller célébrer notre victoire avec les autres, avec nos proches, nos amis, nos concurrents. 
    En me retournant, je tombai nez-à-nez avec l'équipe A, qui avait probablement attendu la fin de notre petit moment à cinq pour venir s'immiscer. Alors, voyant qu'on en avait terminé avec les mots doux et les belles paroles, ils nous sautèrent dessus. À partir de maintenant, nous n'étions plus des ennemis. Nous ne le serions probablement plus jamais. 
     Oubliant notre combat, Natsu me serra contre lui, puis se fut au tour de Erza, et ainsi de suite. En l'espace de quelque secondes, j'avais voyagé entre les bras de pas moins de neuf personnes mais, maintenant que la compétition était terminée et que j'avais pu la célébrer avec une partie de ma guilde, je voulais être dans les bras de quelqu'un d'autre. Tournant la tête, je le cherchai parmi les petits groupes formés ici et là dans l'arène. Et je le repérai immédiatement. Aux côtés de son équipe et de quelques autres concurrents venus féliciter les deuxièmes du classement, il avait les yeux rivés sur moi. Un regard plein d'amour. 
     Je courus dans sa direction et, oubliant le public, oubliant tous les regards curieux de mes amis qui me suivaient, je lui sautai au cou et l'embrassai à pleine bouche. Ses bras se refermèrent immédiatement sur mes reins et il répondit à mon baiser avec tout autant d'ardeur. Pratiquement peau contre peau à cause du feu de Natsu qui avait brûlé nos vêtements, je sentais sa chaleur si réconfortante qui, je le remarquais maintenant, m'avait tant manquée. En si peu de temps, j'étais devenue si accroc... Mais je n'allais pas me plaindre. 
     Quand on se détacha, à bout de souffle, j'enfouis mon visage rougissant dans son cou. 
 
- Je t'aime, murmurais-je.  

I hate you but I love youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant