- Chapitre 6 -

1K 91 15
                                    

Marlène McKinnon aurait préféré être ailleurs. Comme probablement la plupart des détenus de la prison d'état, Azkaban. Elle doutait néanmoins qu'aucun des prisonniers ne soit dans une situation comme la sienne. Elle était coincée ici, avec son petit ami officiel, Rabastan Lestrange et le garçon avait qui elle l'avait trompé, Sirius Black. Ce qui aurait dû être une sortie scolaire comme les autres avait vite viré au cauchemar.

Contrairement au reste des élèves qui profitaient d'une journée de « détente » loin des cours, elle se surprenait à penser qu'elle aurait préféré faire partie du club de théâtre plutôt que des cheerleaders. Si elle avait choisi les paillettes de la scène plutôt que les pompons, elle serait en train d'écouter Sybill Trelawney déblatérer des inepties sans nom d'un ton grandiloquant et aurait visité la prison la veille. Mais à la place, elle se retrouvait avec l'équipe de foot et le reste des cheerleaders, et les membres du journal.

Elle n'avait pas vraiment fait attention aux explications des pompeux membres du conseil des élèves mais d'après ce qu'elle avait compris, leurs emplois du temps respectif ne leur permettaient pas de visiter comme le reste de leur promotion la prison le mardi. Le directeur de la prison avait également insisté pour que les groupes soient composés d'un maximum de huit élèves pour des raisons de sécurité qui lui échappaient mais qu'il était néanmoins obligatoire d'appliquer. Elle se retrouvait donc avec la gothique, émo, métalleuse, Dorcas Meadowes, Amycus Carrow et son ombre Corban Yaxley, les jumeaux Prewett, Gideon et Fabian et les acteurs principaux de son cauchemar éveillé, Sirius et Rabastan.

Tout se serait déroulé à merveille si Sirius avait eu un minimum de tenue mais c'était de toute évidence trop lui en demander. Depuis qu'ils s'étaient embrassés, il n'avait eu de cesse de la poursuivre ce qui s'était inéluctablement fini par... d'autres baisers. Les couloirs vides étaient dangereux mais le risque de se faire prendre ne faisait qu'augmenter leur désir. Chaque fois, elle se répétait que c'était la dernière fois qu'elle cédait à ses avances. Elle faisait taire sa conscience en se convaincant qu'il ne s'agissait que d'un gage. Qu'elle ne faisait pas ça par « plaisir ». Qu'elle ne ressentait rien quand les mains du garçon parcouraient son corps, ou lorsque ses lèvres exploraient son intimité, marquant sa peau tant et si bien qu'il lui était de plus en plus difficile de dissimuler leur « secret ».

Elle vivait dans la perpétuelle angoisse que ses coéquipières parlent un peu trop des morsures qu'elles pensaient que Rabastan lui faisait et que cela n'arrive aux oreilles de celui-ci. Elle n'avait pas cessé de le repousser ses derniers jours. Mais ses fausses « règles » ne dureraient pas éternellement. Il fallait que cela prenne fin. Aujourd'hui. Sirius devait être semblable à des menstruations. Une mauvaise période du mois. Une souffrance de quelques jours pour se débarrasser de ce qui est « mauvais ». Elle avait joué les insouciantes, se délestant un moment de la pression, il lui fallait maintenant reprendre le contrôle et remettre de l'ordre dans tout ce barda.

Rabastan gardait sa main dans la sienne, la trainant comme un chien en laisse, tandis que ses coéquipiers, ses égaux, Corban et Amycus avaient l'insigne honneur de marcher à sa hauteur. Elle détestait ça. Elle haïssait d'autant plus la situation que celle-ci se déroulait sous les yeux des deux seules personnes dont le jugement lui importait en cet instant : Sirius et Dorcas. Peu de personne se souvenaient du temps où Emmeline n'était pas encore sa meilleure amie. Probablement personne en fait, si ce n'est-elle-même et peut-être la taciturne jeune fille qui la regardait avec ce qui s'apparentait sans le moindre doute à de la pitié. Comment osait-elle ? Elle était membre de l'équipe des cheerleaders et elle serait probablement la prochaine capitaine ainsi que la future reine du bal de promo. Son petit ami était beau, riche et populaire.

Autrefois, ces affirmations auraient suffi à regonfler son ego mais ça ne fonctionnait plus. Les paroles de Sirius refusaient de la laisser en paix. Il avait qualifié ce qu'elle pensait parfait, de vide et superficiel. Il la regardait de la même manière que son ancienne amie. Celle avec qui elle avait passé des après-midi entières à faire des karaokés, celle qui posait à ses côtés sur toutes ses photos d'enfance, bien souvent habillée de vêtements identiques. On aurait pu les croire jumelles si ce n'étaient les cheveux d'un noir aussi sombre que la nuit de Dorcas qui étaient à l'opposé du blond solaire des siens. Marlène ne savait pas exactement ce qui les avaient séparées. Le résultat était néanmoins le même, elles étaient devenues de parfaites inconnues. Dorcas n'avait jamais été bien sociable. Elle était trop cynique, trop critique et pas assez dans la norme pour se fondre dans la masse. En avait-elle seulement envie ? Tout comme Sirius, elle semblait avoir pris conscience bien trop tôt que leur petite bulle n'était qu'une illusion. Que le lycée n'était qu'une courte période sans réelle impact sur leur futur. Ils se fichaient tous deux de ce que les gens pensaient, de ce que les règles dictaient. Ils faisaient ce qui leur plaisait quand bon leur semblait et une part d'elle commençait à envier leur liberté.

High School MaraudeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant