- Chapitre 24 -

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Remus se força à porter la fourchette à sa bouche et à mâcher les aliments pour ensuite déglutir difficilement. Il n'était pas certain que ses parents étaient dupes mais si ce n'était pas le cas, ils n'avaient fait aucune remarque sur son manque d'appétit ou même son attitude amorphe des derniers jours. Sa mère lui lança tout de même un regard soucieux lorsqu'il demanda à sortir de table. Il ne lui laissa néanmoins pas le temps de protester ou même de répondre, repoussant sa chaise et grimpant quatre à quatre les escaliers pour s'enfermer dans sa chambre. La solitude n'avait aucune vertu curative sur lui, bien au contraire. Elle lui rappelait constamment ce qui avait été et n'était plus. Allongé sur son lit, il n'aurait su dire combien de temps il était resté là, immobile, à fixer le plafond comme si celui-ci allait lui apporter une quelconque solution. L'idée d'avoir tout gâché le rongeait de l'intérieur. Il se redressa lorsque sa mère frappa à la porte de sa chambre, passant sa tête par l'embrasure de celle-ci.

– Remus trésor, tu as de la visite ! annonça-t-elle avec un entrain démesuré, comme si elle espérait qu'un peu de compagnie éclaircirait son humeur éternellement taciturne.

– Qui ça ? demanda-t-il, se prenant à espérer que ce serait peut-être « lui ».

– Elle a dit s'appeler Marlène McKinnon, l'informa-t-elle. Tu veux que je la fasse monter ?

– Non, je vais descendre, répondit-il ne pouvant imaginer la cheerleader dans sa chambre, ayant suffisamment de mal à la visualiser dans leur minuscule salon.

– Elle est dans le salon. Tu devrais peut-être... changer de t-shirt, ajouta Hope en lançant un regard réprobateur à celui qu'il portait et qui ne répondait visiblement pas aux critères du code de sa mère, soit en somme, trop de trous et pas assez repassé.

Il attendit que sa mère eut refermé la porte pour se changer. Il avait toujours été d'une pudeur maladive bien que cela se soit sensiblement aggravé après l'incident avec Greyback. La culpabilité qu'il ressentait déjà s'accentua à ce souvenir. Sirius l'avait sauvé ce jour-là et qu'avait-il fait en retour ? Il descendit honteusement les escaliers pour rejoindre Marlène qui se tenait près de la cheminée. Elle avait entre les mains l'une de leurs photos de famille et se tourna à son approche.

– T'étais vraiment mignon, plaisanta-t-elle en agitant le cadre.

– Qu'est-ce qui t'amènes ? lui demanda-t-il en rougissant quelque peu sous le compliment, lui reprenant la photo des mains.

– J'avais besoin de parler.

– Avec moi ? s'étonna-t-il lui faisant signe de s'asseoir. Tu veux boire quelque chose ?

– Non merci.

Il s'installa à côté d'elle sur le canapé, l'observant du coin de l'œil, ne voulant en aucun la presser, une part de lui se doutant de ce qui amenait la cheerleader. Elle semblait ne pas savoir quoi faire de ses mains. Ça lui ressemblait peu, elle était d'un naturel si assuré de coutume.

– Je veux bien quelque chose à boire, fini-t-elle par dire en lui lançant un sourire, à la fois gênée et contrite. Désolé.

– T'excuses pas, répondit-il en secouant la tête tout en se levant. Je t'amène ça.

Il ne se dirigea pas immédiatement vers le frigo, une fois dans la cuisine, s'appuyant contre le plan de travail central et fermant les yeux, inspirant profondément. Ça devenait de plus en plus difficile de conserver une façade un tant soit peu sereine. Le fait que Marlène s'apprêta à lui parler de « lui » n'aidait bien sûr en rien. Il n'était pas certain de vouloir décortiquer le problème épineux pour le moment bien qu'au fond de lui, il savait pertinemment qu'il ne faisait que reporter cette discussion à laquelle il ne pouvait échapper.

High School MaraudeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant