High School Maraudeur

- Chapitre 19 -

– Ravi de t'avoir été utile, lâcha Amos en la saluant à la manière d'un soldat, les deux doigts sur la tempe avant de s'éloigner de son côté.

Lily s'en voulait de l'avoir mêlé à cette histoire sans vraiment y réfléchir. D'un autre côté, elle n'était pas dans son état d'esprit habituel lorsqu'elle avait pris cette décision. Après la visite de Marlène, elle s'était précipitée dans un plan qui n'en était finalement pas vraiment un. Après une bonne nuit de sommeil, elle s'était prise à y réfléchir à deux fois. Amos lui avait donné rendez-vous dans un café assez fréquenté du centre-ville en fin de journée et lorsqu'elle l'y avait rejoint, elle lui avait tout expliqué. Marlène allait hurler quand elle le lui dirait mais elle espérait qu'elle la laisserait justifier son choix avant de la tuer.

Le plan de la cheerleader n'était pas mauvais mais elle n'avait pas tenu compte du facteur de l'âge. Amos ne pouvait pas être le coupable car seul les élèves âgés de seize ans pouvaient être coupables et recevoir des gages, hors, le garçon était d'un an leur ainé ce qu'il l'excluait par conséquent du tableau. Cela ne signifiait pas pour autant qu'il ne pouvait pas être utile et servir d'appât pour piéger le véritable coupable. Mais Lily n'était pas du genre à se servir de qui que ce soit et encore moins d'entrainer une énième personne dans cette histoire abracadabrante. C'est pour cette raison qu'elle lui avait laissé le choix. Elle lui avait parlé des journaux, des gages et de la théorie de Marlène. Elle s'était excusée d'avoir pensé qu'il était coupable et même d'avoir pensé à se servir de lui pour appâter le véritable Maître du Jeu.

Amos ne s'était pas mis en colère. Il ne l'avait pas non plus traité de folle ou de menteuse. Bien au contraire, il avait même dépassé ses attentes qui étaient simplement qu'il ne lui en veuille pas de lui avoir fait perdre son temps. Il s'était de lui-même proposé pour mettre en œuvre le plan de Marlène. Si le coupable avait vraiment un faible pour elle, nul doute qu'il serait jaloux de les voir ensemble. Il lui proposa donc de sortir avec lui... ou tout du moins de faire semblant. C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée à faire semblant d'embrasser le garçon dans à peu près tous les lieux publics fréquentés par les élèves de leur école. Couloirs, cafétéria, parking, café, bibliothèque et même Mcdo. Les rumeurs allaient si vite à Salem qu'elle avait même reçu un message de Marlène qui lui disait « bien joué ».

Elle aurait pu se réjouir de la tournure de ses événements si ce qui s'était passé la veille ne la tourmentait pas autant. Simuler une pseudo relation avec Amos n'était pas la meilleure manière de faire le deuil de celle qu'elle avait failli avoir avec James. Bien qu'elle sache désormais qu'il était peu probable qu'Emmeline soit enceinte, la réaction de James à l'annonce de la -fausse– grossesse lui avait ouvert les yeux sur sa situation.

Elle avait failli mettre les pieds dans un véritable bourbier d'où elle aurait eu bien des peines à se soustraire. Comment avait-elle pu penser que ce qu'ils partageaient était « spécial » ? C'était pourtant évident. Le scénario type en somme. Une personne déjà engagée avec quelqu'un qui se retrouvait à avoir des sentiments pour une autre personne et qui promettait à cette dernière de quitter la première pour elle. Tu parles d'un mensonge. Ça n'arrivait jamais. Ou tout du moins pas sans dégâts. S'il quittait Emmeline pour elle, alors les autres la verraient comme la mauvaise personne de l'histoire. Elle ne voulait pas revêtir l'uniforme de la maîtresse ou de la briseuse de ménage. Ils n'étaient peut-être que des adolescents mais Dieu seul sait qu'ils pouvaient se montrer cruel. Elle tenait à sa tranquillité et pas se retrouver au cœur d'un drame digne de The Young and the Restless. Dans deux ans, toutes ces histoires n'auraient plus aucune importance, ils seraient tous loin, à l'université... à condition qu'ils survivent à cette année.

C'était le plus important à ce stade : trouver le coupable et surtout le trouver avant le 31 octobre. Leur vie n'était pas la seule en jeu. S'ils échouaient, un innocent serait exécuté pour un crime qu'il n'a pas commis. C'était une chose qu'elle ne pouvait accepter et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher cette tragédie. Elle ne pouvait se laisser distraire de son objectif et encore moins par Potter. Elle serait forte. Il le fallait.