- Chapitre 13 -

917 79 16
                                    

Marlène McKinnon n'avait jamais eu le moindre problème à s'endormir. Tout du moins cela était vrai lorsqu'une peine de mort n'était pas suspendue au-dessus de sa tête semblable à une épée de Damoclès, menaçant de la trancher en deux à tout instant. Elle avait tenté de se raisonner mais rien n'y faisait, elle se retrouvait nuit après nuit à fixer le plafond de sa chambre, à attendre que l'épuisement lui permette enfin de rejoindre les bras de Morphée pour quelques heures de sommeil agité par d'affreux cauchemars. Elle n'aurait su dire si la sonnerie de son réveil était une bénédiction ou une malédiction. Elle lui était souvent reconnaissante de l'arracher aux bras de ce sorcier sans visage qui en avait après son âme corrompue mais la fatigue la poussait à désirer quelques précieuses minutes supplémentaires, aussi éprouvantes soient-elles.

Ses insomnies n'étaient cependant pas ce qui l'inquiétait le plus : elle se sentait changer. C'était presque imperceptible mais elle ne pouvait pas vraiment le nier. Elle aurait voulu mettre cela sur le compte de son manque évident de sommeil mais ça aurait été se mentir et il s'agissait d'une tâche bien plus ardue que celle de mentir à autrui. Sa vie lui semblait vide de sens. Comme si elle avait joué bien trop longtemps la même scène au point d'en oublier le reste de la pièce. Peut-être que la tragédie qui la frappait était un bienfait ? Peut-être qu'elle le méritait. Peut-être était-ce le prix à payer pour cette couronne qu'elle avait si ardemment désirée et pour toutes les personnes qui avaient été écrasés au passage par son ambition.

La perspective de sa mort prochaine lui avait comme ouvert les yeux sur ce qu'elle voulait vraiment ou plutôt ce qu'elle ne voulait pas. Elle ne voulait plus de cette vie superficielle. Elle avait en horreur cette relation intéressée qu'elle entretenait avec Rabastan Lestrange. Avait-elle besoin de ça pour être nommée capitaine des cheerleaders ? Si elle s'était fait un peu plus confiance, peut-être n'en serait-elle pas là. Elle s'était entraînée sans relâche pour intégrer l'équipe, sacrifiant son amitié avec Dorcas et ses étés. Alors que ses amis se prélassaient dans les Hamptons, elle s'était levée aux aurores pour courir au rythme des coups de sifflet de son entraîneur.

Le Maître du Jeu était-il vraiment à blâmer pour la corruption de son âme ? N'avait-elle pas vendu celle-ci bien avant tout ça ? Après tout elle avait séduit Rabastan dans le seul but de booster sa popularité. Elle avait voulu être la petite amie d'un senior. Elle avait choisi l'héritier Lestrange uniquement parce qu'on lui avait fait miroiter le poste de capitaine des Death Eaters.

Et pour quel résultat ? Il n'avait jamais été capitaine, et n'était même plus dans l'équipe. James avait menti et elle ne serait pas celle qui trahirait son secret. Elle avait pensé qu'Evans s'insurgerait devant la situation mais la rousse n'avait pas pipé mot. Elle ne comprenait pas bien comment la trésorière avait réussi à se mettre à dos qui que ce soit. Elle pouvait être agaçante certes mais elle n'était pas méchante pour un sou. Elle n'avait définitivement pas le profil d'une victime du Jeu.

Marlène ne pouvait s'empêcher de penser que si elle s'était retrouvée à la place de Lily, elle aurait réagi d'une manière bien différente. À supposer qu'un garçon ait été assez stupide pour se jouer d'elle, nul doute qu'elle ne l'aurait pas laissé s'en tirer à si bon compte. James n'avait pas été puni, bien au contraire. Toute l'école pensait qu'il avait réussi et qu'il s'était fait la sainte nitouche. Rabastan avait dû quitter l'équipe, bien obligé de tenir sa parole. Et comme si l'humiliation n'avait pas été suffisamment cuisante, il sortait désormais avec Emmeline ce qui rappelait à tous qu'Evans n'avait été rien de plus qu'un pari, une énième victoire de James Potter.

Non pas que Marlène ait eu pitié de la jolie rousse. Elle avait peut-être changé pour ce qui était de ses désirs mais s'il y avait bien une chose qu'elle ne cesserait jamais de mépriser, c'était bien la faiblesse. Si Evans était trop stupide pour se venger alors c'était son problème. Elle était pour sa part enchantée qu'Emmeline et James sortent ensemble et que celui-ci soit débarrassé de l'insubordination de Rabastan. Elle pourrait même rompre avec le garçon sans que cela ne suscite trop de suspicion. Personne ne s'attendait à ce qu'elle reste avec lui alors qu'il n'était plus rien. Même sa mère et ses valises d'attentes trouveraient son choix judicieux.

High School MaraudeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant