High School Maraudeur

- Chapitre 18 -

Remus ne pouvait s'empêcher de paniquer à l'idée de se faire surprendre en flagrant délit. Bien mal dissimulé derrière les rayons de livres de la bibliothèque du lycée, ses chances de passer inaperçu étaient plutôt minces surtout à cette heure de la journée. Les élèves allaient et venaient en un ballet constant de chuchotements et de pas sur le vieux parquet grinçant. Il était le seul à rester stoïque, immobile, un livre à la main en une vaine tentative de justifier sa propre présence en ces lieux. Son regard fixé sur Regulus Black, il avait talonné le garçon toute la journée sans résultat et commençait à se demander si sa théorie en était vraiment une.

Regulus pouvait-il être le complice du Maître du Jeu ? Il n'en savait pas assez pour l'affirmer mais son intuition lui disait qu'il ne lui avait pas tout dit le jour où il lui avait rendu visite. Pourquoi mentirait-il s'il n'était pas impliqué ? Sirius ne parlait presque jamais de sa famille, se contentant généralement de les qualifier de « tarés » ou de « dégénérés » et les fuyant comme la peste. Ces qualificatifs des plus péjoratifs n'étaient néanmoins pas appliqués à Regulus. Leur relation plutôt que mauvaise était inexistante. Les deux frères s'ignoraient consciencieusement mais lorsque leurs chemins se croisaient, les yeux de Sirius s'illuminaient d'une lueur de culpabilité et ceux de Regulus brillaient quant à eux de rancune. Était-il possible que le cadet ait voulu se venger de son ainé ? Qu'avait fait Sirius pour provoquer la colère de son petit frère ?

Il aurait pu en parler aux autres... il aurait dû en parler aux autres mais il n'avait pas osé porter de telles accusations sans aucune autre preuve qu'un vague « pressentiment ». Il ne connaissait pas bien Regulus mais le garçon n'avait rien d'un meurtrier. Pourtant il avait menti. Il savait qui possédait l'autre journal et il le lui aurait probablement dit si Sirius n'avait pas appelé... Il lâcha un juron.

– Je ne te savais pas si vulgaire, susurra une voix aux intonations charmeuses qu'il ne reconnut que trop bien.

– Sirius ! sursauta-t-il en se tournant vers le garçon qui était comme toujours bien trop proche... ou peut-être pas assez.

– Désolé, lâcha ce dernier bien qu'il ne semblait nullement désolé aux vues du sourire satisfait et amusé qu'il affichait. Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda-t-il en lançant un regard intrigué vers le livre.

Remus baissa les yeux sur celui-ci pour la première fois depuis qu'il s'en était saisi un peu plus tôt et dans la panique le laissa tomber après qu'il eut réalisé que ce dernier prônait l'apologie des bienfaits de l'esclavages.

– Je le lisais pas ! protesta-t-il, ne voulant pas que Sirius pense une seule seconde qu'il soit raciste.

– Je m'en doute, répondit Sirius en se penchant pour ramasser le livre et le mettre à sa place... dans la poubelle la plus proche. La question est... pourquoi faisais-tu semblant de lire ? Et qu'est-ce qui accaparait ton attention au point que tu ne te rendes pas compte que tu tenais un livre écrit par un confédéré ?

– Rien... je...

– Je vais devoir trouver par moi-même dans ce cas, finit par dire Sirius en le poussant doucement pour être à l'exact emplacement où il s'était tenu un peu plus tôt, observant silencieusement son petit frère qui étudiait avec... Snape.

Remus remarqua sans peine que cela contrariait profondément Sirius. Il le vit serrer les poings et ses muscles se tendre subrepticement. Il n'osait pas faire le moindre bruit et les questions se bousculèrent sans franchir la barrière de ses lèvres. Le doux garçon se contenta d'observer silencieusement celui qui pouvait faire battre son cœur à la chamade et suspendre les soubresauts de celui-ci d'un simple geste. Il observa son profil, laissant son regard s'aventurer sur le précipice de sa mâchoire parfaitement dessinée, et s'attarder sur sa pomme d'Adam qui apparaissait et disparaissait au rythme de sa respiration. Ses lèvres n'étaient plus qu'une ligne fine sous l'effet de la colère et pourtant elles demeuraient une tentation à laquelle il peinait à résister. Sirius se tourna vers lui, son regard d'un gris inimitable le clouant au sol.