CHAPITRE 13

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ESSAYER DE SE COMPRENDRE

Je me réveille paisiblement, mon sommeil m'a fait oublier cette soirée que j'aie passée. Dès l'instant où j'ouvre mes paupières, elles se referment automatiquement. La lumière est aveuglante et je ne peux pas la supporter. Je me réessaie, mais cette fois, un il après l'autre. Ma méthode fonctionne, mais la vision que j'aie ne se résume qu'à un blanc immaculé. Apeurée, je me cramponne au matelas. Ma respiration devient lourde et irrégulière, je suis effrayée. Suis-je devenue aveugle? Ou même suis-je morte?

L'arrivée de ma mère démontre que la deuxième option est peu probable. Je l'entends, elle me parle et je l'écoute. Je libère le lit de ma poigne et prends de grandes inspirations dans le but de me calmer, comme elle me le conseille. Sa technique fonctionne à merveille, les couleurs me reviennent lentement mais sûrement. Celles chaudes premièrement et ensuite celles de la palette froide. Mes yeux sont encore douloureux mais les picotements s'estompent plus les minutes passent. Je prends une dernière grande inspiration avant de me lever et de la regarder comme si c'était la première fois. Les couleurs sont plus vives et elles sont partout. Ses cheveux qui étaient bruns presque noirs sont maintenant étincelants et brillants. Ses yeux qui étaient verts comme la forêt boréale sont devenus de la couleur de l'herbe fraîchement coupée. Elle est une toute autre personne ce qui est étrange. Elle sourit et s'approche de moi pour finalement s'asseoir au bout du lit.

- Comment vas-tu ma chérie? elle me demande, je grogne comme toute réponse. Bon, tu as congé, pas d'école pour toi aujourd'hui, je te promets que tu iras mieux demain, pour l'instant je te laisse te reposer, tu as l'air plutôt faible.

Suite à ses paroles, elle quitte ma chambre en refermant la porte derrière elle. Je suis donc seule dans cette pièce. Des bribes de souvenirs appartenant à la soirée précédente me reviennent en mémoire. Un loup qui court. Un loup qui saute par dessus des souches dans le bois. Le crissement des feuilles mortes et de l'herbe sous de puissantes pattes. Ce loup, c'était moi. J'étais ce loup.

« Reviens-en Madison! »

Ah oui, c'est vrai elle est toujours là. Un jour, je réussirai peut-être à trouver normal qu'hier j'ai pris l'apparence d'un loup et que ce matin, je suis dans mon état normal, mais pour l'instant j'en suis dans l'incapacité.

« Tu vas voir, tu devrais t'y habituer assez rapidement! Je ne te promets rien pour le moment. En ce moment, je veux seulement te dire merci, si je ne me serais pas transformé hier, je t'aurais sûrement poussé au suicide en te rendant folle. »

Tu peux faire ça?

« Je crois bien que oui. »

Je devrais donc, pour mon bien, agir comme si tu n'existais pas?

« Non! eh bien, je ne crois pas que ça changerait quelque chose. On doit vivre en parallèle, je ne peux pas vivre sans toi et tu ne peux pas vivre sans moi, nous sommes donc des organismes dépendants. Essaie de te faire à l'idée avant d'essayer de m'ignorer. »

En fait, je peux bien comprendre que tu es dans ma tête et que tu es un loup, mais comment as-tu fait pour atterrir là, dans cette situation? Qui es-tu?

« Je suis une louve, je le sais. Mais, je n'ai aucune idée de pourquoi je suis dans la tête d'une personne au lieu d'être complètement libre comme les loups, pour être franche, je ne sais pas qui je suis. Je erre depuis longtemps, trop longtemps entre les vies de plusieurs loups-garous. »

C'est triste, non? Tu dois trouver le temps long quelque fois, n'est-ce pas? Elle ne donne pas de réponse, mais je sens son mal être. Elle est triste, je le ressens. Ce qui me rend malheureuse aussi. Je reste quelques instants dans mes pensées pour ensuite prendre mon courage à deux mains et me lever.

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