CHAPITRE 15

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L'URGENCE

Je ne sais pas trop quoi lui répondre. Je reste là devant lui bredouillant des mots sans queue ni tête. Comme une lâche, je me tourne et ne lui adresse pas un regard avant de m'enfuir. Je cours, je cours à en perdre haleine. Je me suis enfuie de ma moitié comme un petit enfant qui doit sortir de sa zone de confort. Je suis trop immature.

Nous ne nous connaissons pas depuis plus d'une journée et il parlait déjà d'amour il y a à peine quelques secondes devant moi. Je me retrouve seule à quelques rues près ma maison. Je ne veux pas y retourner, si Adam veut me voir, c'est la première place à laquelle il ira. Pour ma propre santé mentale, je déambule sur le trottoir sans destination précise. Il n'y a pas vraiment de parc à proprement dit à Burlington, mais il y a certains modules de jeu pour les jeunes et des bancs pour les moins jeunes. Je m'assis sur l'un d'eux et soupire d'exaspération. Est-ce qu'un jour je réussirais à gagner de la maturité, juste au point de pouvoir avoir une conversation plutôt normale avec mon âme-sœur? 

En y pensant bien, c'est normal de parler d'amour avec sa moitié, non? Mais n'était-ce pas un peu trop tôt? Comment lui expliquer que je veux paraître courageuse, mais qu'en fait je suis une grande trouillarde, que je suis terrorisé dès qu'un sujet déborde de ce à quoi je m'attendais ? Nouveau soupire d'exaspération. Je lève les yeux au ciel, tannée de moi-même. Je laisse tomber ma tête par-dessus le dossier du banc de bois peinturé brun chocolat. Je laisse mon ouïe, maintenant sur développée, me procurer du divertissement.

- Salop! ne t'avise plus jamais de revenir ici! dit la voix d'une femme colérique. Une porte claque en se refermant. Elle pleure de l'autre côté de celle-ci.

- Chérie, je suis désolé... je veux m'excuser ma belle, ouvre cette porte, je t'en prie!

Il faut bien croire que personne ne veut m'encourager au niveau des sentiments. Je suis seule dans ma situation.

- Je veux sa mort à ce connard... Je ne veux plus avoir à entendre parler de lui... la voix pleurnicharde d'une adolescente murmure. 

- Je comprends Millie, viens dans mes bras!

Mais merde... Un couple ne pourrait-il pas se réconcilier pour une fois? J'en aurais clairement besoin! Pour soutenir mon moral et préserver l'estime que j'ai encore en Adam, je restreins mon ouïe. Toujours étendue comme une larve sur le banc, je baille. Je n'ai aucune classe, sérieusement, je n'ai l'air de rien.

Malheureusement, à mon plus grand déshonneur, j'entends des pas derrière moi.  Je me replace en une position civilisée pour ne pas avoir l'air plus dérangée que j'en ai normalement l'air. Malheureusement, je reconnais l'odeur de ma moitié. Merde, merde et re-merde! Je ne veux pas le voir, mais traumatisée par la situation je reste clouée sur mon siège, sans bouger. Silencieusement, il s'assit à mes côtés et pose ses mains sur ses cuisses. Inquiète de la suite de notre conversation, je bouge mes doigts anxieusement.

- Qu'est-ce que j'ai fait de mal? il demande, la voix inquiète, ce qui me met tout à l'envers.

Je reste silencieuse encore quelques moments, les moments les plus stressants de ma vie. Il y a le garçon de mes rêves assis à quelques centimètres de moi qui s'inquiète pour moi, pour nous, et moi je ne fais rien. Je continue de jouer les cartes du silence. 

- Je... je ne sais pas, je sais que la phrase qui va suivre et un cliché indéniable, mais je ne vois pas meilleure explication. Ce n'est pas toi, c'est moi... Adam, j'ai tellement peur de mon futur, je suis entrée dans ce monde bordélique tellement rapidement que quelque fois je ne me rends pas compte que cela fait à peine 3 mois que j'ai déménagé.

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