CHAPITRE 20

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- Mais non, tu ne peux pas me demander ça, Elyzabeth!

- Bien sur que oui, puisque je te le dis!

- Elyzabeth, tu sais très bien que ça ne peut pas être si terrible que ça!

- J'ai un can-cer! C'est loin d'être bénin comme situation! J'ai justement besoin de savoir que quelqu'un pourra prendre en charge la meute puisque je ne pourrai plus jamais la gérer. Je suis beaucoup trop malade, j'ai besoin de toi! Besoin de savoir que je peux compter sur quelqu'un comme toi pour tout gérer pour moi! J'ai besoin de le savoir! Il le faut pour moi, fait le pour moi, fait le pour Adam, pour Elliot, pour Hailey, pour tes parents, pour les miens, pour tous les gens de la meute. Penses-y, je ne veux pas de réponse pour tout de suite, mais penses-y. Penses-y bien, très bien.

Je sors de la chambre par moi-même en comprenant qu'il est impossible de la raisonner. Je soupire en fermant la porte derrière moi, comment est-ce que je peux lui faire comprendre que je n'accepterai pas de prendre sa place? C'est hors de question! Si je prends sa place, c'est que j'accepte définitivement que le cancer la condamne. C'est que j'accepte complètement sa condition. C'est que pour moi, elle est comme morte. Et ça ne l'est pas! Elle s'en remettra, tous les lycanthropes s'en remettent, tous. Sans exception. Toutes les histoires se finissent bien, pourquoi est-ce que la notre sortirait du lot?

Je ne croise que des infirmières dans le couloir, personne ne me parle, je suis normale. Je n'ai pas l'air d'être aussi anormale que je suis. Je suis une fille banale aux yeux des autres. Mais pourtant, lorsqu'on me côtoie pendant quelque temps, on comprend que je suis moitié-humaine, moitié-louve, que j'ai une âme-sur qui m'est impossible de comprendre comment agir avec, que je vais perdre mon frère et que mon alpha vient de me demander de prendre sa place. Elle guérira, c'est tout, ce n'est même pas une option.

Une fois à l'extérieur de la bâtisse, je prends une grande inspiration. Je déteste vraiment l'odeur qui règne dans les hôpitaux. Un genre de mélange entre la mort et les agents nettoyants trop forts pour les surfaces qu'ils nettoient, insupportable. Par contre, ici, l'air sent l'essence brûlée et tous les produits chimiques qu'une petite ville de 20 000 habitants répend dans son air, tout aussi insupportable, amis tout sera bientôt terminé parce que je retourne à la maison.

Elyzabeth veut absolument que je pense à sa proposition, mais je ne peux me permettre de lui dire oui, je suis même catégorique. Dire oui, c'est comme si j'acceptais qu'il allait lui arriver quelque chose de grave. De toute façon, cela n'est même pas une option, normalement le bêta ou les descendant prennent en charge la meute. Pas une cousine qui vient d'arriver dans la région. Quelqu'un qui connaît bien le fonctionnement d'une meute, même très bien, et qui peut la protéger. Moi, c'est plutôt le contraire, j'aurais plus besoin d'une meute complète pour me surveiller.

En chemin, je décide d'aller m'asseoir à la roche ou je me suis assise avec Hailey et Mackayla lors de ma première journée ici. Ça ne fait que quelque semaines et pourtant ou dirait qu'un siècle est passé. Tellement de choses sont arrivées. J'ai tellement vécu d'expérience que je pourrais me décrire en une toute autre personne. Quelqu'un de plus autonome, de plus organisée, de plus déterminée. Depuis, j'ai maturé, j'ai vieilli, j'ai compris. Pas tant que ça, pas au point que ma cousine veuille me confier sa meute, mais quand même. Je sais que je suis liée pour la vie à une personne qui m'est jusquà maintenant presque inconnue. Ça c'est troublant, c'est demandant mentalement. Je vois toujours mes pensées tournées vers lui. Toujours cette vision de lui à chaque fois que quelqu'un parle d'un sujet qui pourrait le toucher. Je dois l'avouer, j'ai changer. Mais est-ce que je suis réellement assez mature pour vivre sans mon frère?

Non, ça jamais.

Pourtant, il part demain. Toutes les catastrophes dans ma vie se succèdent et ne causent qu'un grand mélange de problèmes, ce qui est complètement absurde. J'ai grandement besoin d'aide. Avoir un frère, c'est vital, je ne peux pas m'en priver. C'est mon frère, à moi. Et il ne peut pas nous effacer de sa vie comme on tourne la page d'un vulgaire bouquin. Nous avons de vrais sentiments, de vraies émotions, nous l'avons eu lui à nos côtés pendant près de dix-huit ans. Il ne peut pas nous abandonner comme on jette un peu de banane aux ordures. Il aura sûrement des remords, il voudra revenir ici en disant que nous lui manquions. Je ne veux pas me faire à l'idée que nous ne vivrons plus avec lui. Qu'il ne sera plus là. Que va-t-il franchement faire de tous les souvenirs qu'il possède avec nous à ses côtés? Qu'est-ce qu'il y a de mieux que de vivre sa vie avec sa famille qui nous aime? Quoi donc? J'aimerais le savoir, pour que je puisse le détruire et l'obliger à rester à nos côtés. C'est violent, mais s'il le faut, il le faut.

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