Chapitre 1.

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11mois plus tôt.

La porte s'était brusquement ouverte dans la maison de Beatrice Smith, Julie entra. Le silence rêgnait, la maison était comme inhabitée, vide. Elle était directement montée dans sa chambre pour s'alonger sur son lit, cette nuit fut la pire de sa vie, et le commencement d'une longue série d'autres nuits abominables.

Dans sa tête repassait en boucle l'horrible scène de l'homme qu'elle aimait, inerte. Elle revoyait sa chemise à carreaux trempée de sang, percée par un épais pieux qui avait plongé plus tôt dans l'abdomen de Zach.

Elle revit le détestable visage de son agresseur, il la hantait. Il y prenait un malin plaisir, son rire résonnait jusqu'au plus profond de ses entrailles, lui tordant les boyaux. Elle était terrifiée, seule, et vulnérable.

Elle avait passé deux jours entiers à se torturer l'esprit avec ces images sanglantes, s'accablant des pires crimes, rongée par le remord. Elle avait pleuré toutes larmes de son corps, assez pour se noyer avec. Elle avait imaginé milles façons de mettre fin à son calvaire. Peut-être qu'enfin les images et les voix arrêteraient de l'accabler. La véritable guerre se passait dans sa tête, elle se battait contre elle-même. Elle s'en voulait tellement.

Personne n'avait survécu. Et elle était là.

Elle considéra l'idée de mettre fin à ses jours plusieurs fois, mais ce serait bien trop facile. Elle ne paierait jamais sa dette. Elle ne partirait jamais en paix.

Alongée là sur son lit, extérieurement, on ne pouvait rien soupçonner: elle était aussi inerte qu'un cadavre, blanche comme un linge, seuls ses yeux témoignaient, emplis de larmes. Des larmes froides et sans goût. Elle avait perdu l'appétit. Plus rien n'avait de goût pour elle. Elle était comme un fantôme.

Le troisième jour, elle trouva son but, se repentir. Elle n'était pas assez chrétienne pour entamer un pèlerinage, alors elle se résolue à la peine la plus longue et la plus dure: hérer pour l'éternité.

Et elle savait où trouver cette éternité.

Elle avait marché jusqu'à HoleJackson, ignorant l'atroce douleur dans ses pieds. Des jours durant, les gens l'avaient regardé passer devant eux, l'air totalement neutre, comme un esprit hèrant. Elle n'y prêta pas attention, pas plus qu'aux gens qui l'abordaient, lui demandant si elle allait bien.

Quand elle arriva au chalet, elle entra sans frapper à la porte.

Karen se retourna, surprise tout d'abord, puis peinée. Elle prit Julie dans ses bras puis soupira lourdement.

-Mais où étais-tu passé jeune-fille?

-Où est Evan, fut la seule chose qu'elle put lui répondre.

Devant son air si difficile à lire, elle réfléchit un moment avant de balbutier:

-Je crois qu'il est rentré chez lui, dans la banlieue de Moscou.

-Merci.

Elle hocha la tête et sans demander son reste, elle sortit du chalet sous le regard perdu de Karen, qui ne comprenait fichtre rien à ce qui venait de se passer.

Elle était retournée chez elle comme elle était venue, à pieds.

Quand elle rentra, elle revit la vieille voiture de son grand-père laissée au garage. Sans même prendre d'affaires de rechange, elle se mit en route. Elle avait cavalée de la sorte pendant des jours durant, qu'elle ne comptait même pas. La route avait été longue et sinueuse, mais les paysages défilaient, bien qu'elle n'y ait prêté aucune attention, seule la destination comptait.

StainlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant