Jour ?

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Ils étaient deux maintenant, mais elle restait seule dans la mesure où, comme l'avait bien dit son voisin de cellule, il avait déjà tout essayé pour sortir d'ici, et qu'il n'avait aucune solution toute faite. Elle était donc en train de tourner en rond comme un lion dans sa cage, pauvre bête sous sédatif au moindre rugissement. Troublant le silence de sa réflexion, son voisin lança d'une voix décontractée qui faisait contraste avec le contenu des pensées de Jules.

<<Encore deux allées.>>

Elle ne saisit pas tout de suite le sens du message et stoppa net son train de pensée. Que voulait-il dire par là? Son ton détaché et énigmatique montrait une volonté d'afficher la personnalité la plus mystérieuse possible, et cela allait fortement irriter Jules.

<<Quoi?

-J'te donne encore deux allées au bloc avant de devenir complètement folle.

-Qu'est-ce qui te fait croire que je pourrais sombrer dans la folie aussi vite alors que t'es toujours là, toi?

-Simple. J'entends d'ici ton corps qui tremble, tes respirations erratiques et lourdes. J'arrive à imaginer d'ici de petites gouttes de transpirations se former sur ton front à chaque fois que tu te réveilles. En plus, on est tous passés par là, et par tous, j'entends moi.>>

Jules n'était pas sûre d'avoir entendu correctement. Jack était déjà passé par là, la folie? Un mort pouvait transpirer, grelotter et trembler, mais devenir fou? N'était-ce pas réservé aux humains? Une chose dont elle était sûre, c'est qu'être enfermé dans une cage n'était pas réservé aux humains, ni aux bêtes. Ce qui voulait dire que celui qui est dehors, ces docteurs soit disant, dévalorisaient Jules à un rang inférieur à celui de l'animal. Un jour, ils paieraient pour cet affront.  Aussitôt qu'elle sortirait d'ici.

<<A quoi tu penses? Tu t'es remise à cogiter, je l'sais.

-Ce sera quoi la première chose que tu feras en sortant d'ici? Enfin si t'arrives à sortir.>>

Il se tut pendant quelques temps, réfléchissant à ce qu'il allait répondre.

<<Un énorme carnage. Je rendrais à chacun les souffrances qu'on m'a causé, au centuple.>>

Contrairement à ce qu'elle attendait, Jule ne sentit pas de rancœur ou de rage, sa voix était si posée, si douce, si enivrante, qu'en changeant ses paroles on aurait pu croire à une déclaration d'amour. C'en faisait de lui un personnage qui impressionnait Jules de par la transparence de ses émotions. Le verrait-elle un jour réellement en colère? En lui devaient se concentrer les sentiments les plus noirs, à cause de ce qu'il avait vécu, pourtant dans sa voix, seule  chose qu'elle percevait de lui, rien de le laissait paraître.

Jules n'osait imaginer ce qui se passait dans ces labos, ce que Jack avait pu subir, tout ce temps, complètement seul. Elle n'était pas sûre de vouloir savoir ce qu'il se passait dans sa tête après tout ça, mais elle avait du temps à tuer à présent.

<<Tu sais ce qu'ils t'ont fait? Enfin te font. Je croyais qu'on était anesthésiés.>>

Il eut un faible rire, qui cachait plus d'amertume que ses discours.

<<Un jour, j'avais  été réellement emmerdant pour eux, alors ils ont diminué la dose de sédatif et j'ai pu assisté quelques secondes à la boucherie.>>

Jules s'imaginait déjà dans sa position, un corps mort qui n'avait d'autre choix que d'assister à ce qu'on lui faisait. Elle ne voulait plus en entendre, mais n'arrêta pas Jack quand il continua. Elle imaginait ça comme un fardeau enfin sortit de là où il était.

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