Jour 3.

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Julie ouvrit les yeux, il faisait encore nuit.

Elle se leva et prit le temps d'enfiler des vêtements corrects pour descendre au rez-de-chaussée pour retrouver son hôte. Elle portais aujourd'hui un pantalon noir très souple et un T-shirt couleur chaire avec ses éternelles basquettes noirs. Seules les basquettes lui appartenaient. Elle avait coiffé ses cheveux en queue de cheval, devant le miroir de la salle de bain, et avait prit le temps de se regarder. Elle fut presque surprise de se trouver si peu différente. Ses dents étaient peut-être un peu plus longues et blanches, et ses lèvres plus sombres, de par l'absence de sang qui dura le temps de sa mort, quelques jours tout au plus. Ses cheveux avaient poussé aussi. Elle les couperait.

Elle avait dévalé l'escalier et rejoint Evan dans le hall. Il l'attendait avec une veste, et ses clefs en main, ils partiraient sur le champ.

Le trajet comme toujours avait été silencieux, accompagné d'un fond de musique qui provenait de la radio. Mais Julie n'y prêtait pas grande attention. Elle se replongeait momentanément dans un léger sommeil, bercé de ses plus tendres pensées, toujours les mêmes.

Ils arrivèrent ce jour-là, alors que le soleil ne tarderait pas à se lever. Ils étaient allés au même endroit, à quelques mètres près et avaient contemplé les alentours. Julie se tourna vers Evan, prête à entendre sa consigne.

-Je pense que tu progresses vivement. Aujourd'hui, on s'attaque au plus dûr.

Julie imaginais déjà une énorme bête dans sa tête, comme un taureau ou un loup. Mais ce qu'Evan avait en tête était un peu différent.

-Attrape un lièvre.

-..Un lièvre?!

-C'est ce que j'ai dis oui.

-Mais pourquoi?

-C'est l'animal le plus rapide de ce bois, tu dois donc l'attraper et le ramener. Après tu pourras te nourrir comme tu veux, vache, chien, peu importe. Mais pour l'instant, tu dois nous prouver que tu peux le faire.

C'est une des râres fois où Evan avait employé le terme "nous", et Julie l'avait remarqué. Elle savait bien qu'il était difficile de se lier avec cet homme, si solitaire soit-il. Alors entendre ce mot sortir de sa bouche était presque un soulagement. Ils étaient un peu plus que des connaissances. <<C'est un bon début>> pensa Julie.

Elle se fit une raison et regarda partout autour d'elle: rien en vue. Où allait-elle le trouver, ce lapin?

-Ou est-ce que j'vais trouver un lièvre ici?

-Tu n'te poses pas les bonnes questions. Pas où, mais comment. Les arbustes et hautes herbes sont trop nombreux, tu n'en verrais jamais. Tu n'utilises pas le bon sens.

Elle fronça les sourcils et se mit à réfléchir. Peut-être en entendrait-elle un arriver. Elle tendit l'oreille, et essayait de décrypter tous les sons qu'elle entendait. Le vent, les branches, les feuilles, les rongeurs. De petits pas qui piétinent doucement l'herbe. Ça y est. Elle avait trouvé. Il n'était pas loin. Elle suivit le son des petits pas qui s'arrêtèrent quand elle approcha. Elle fût surprise de la petit bête qui sortit de sa cachette comme une mini-fusée. Elle courrait vraiment vite cette bestiole.

Sans perdre de temps, Julie courut. Elle courut le plus vite possible, et rattrapa la petite bête quelques instants plus tard. C'est allé vraiment très vite. Elle avait faillit trébucher et n'avais jamais aussi vite courut qu'aujourd'hui. Mais bizarrement, elle avait adoré ça. Quand Evan la vit revenir avec son lapin dans les bras, il fût surpris par sa patience. Contrairement à ce qu'il aurait pensé, Julie s'était tout sauf jetée sur la petite bête.

Elle relâcha l'animal devant lui.

-Je mangerais une vache.

Ça le fit sourire, et il hôcha la tête en approuvant. Finalement, Julie était plus humaine qu'elle ne le pensait. Elle était encore pleine de vie. Même si elle ne s'en était pas rendue compte quand elle était encore humaine. Elle avait fait preuve de compassion, chose bien rare de nos jours chez les vampires. Le besoin de survie passe avant tout, et c'est bien ce qui inquiètait Evan. Il fallait qu'il lui enseigne le sens des priorités. La faim avant les principes. La survie avant la fièrté. Même s'il en avait connu des trop fiers pour vivre éternellement.

Avant de rentrer ils avaient fait un détour à la ferme du coin pour "emprunter" un peu de sang à une vache plutôt grassouillette. Ils avaient ensuite reprit le chemin du retour. 

-Tu sais, quand tu dois te nourrir, tu n'dois pas faire acte de charité. Tu dois revoir tes priorités.

Elle tourna la tête, et l'observa. C'est la première fois qu'ils parlaient pendant un trajet. 

-Je sais mais là y'avait pas vraiment d'urgence.

-Quand ce sera une nécessité de te nourrir, tu ne devras pas faire de concession, et encore moins t'en sentir coupable.

Elle comprit alors que la charité et la culpabilité n'étaient pas communs aux vampires. Pourtant, sans qu'elle le sâche, Evan avait fait preuve de chacune. Il ne regrettait en rien d'avoir recueilli et aider une "amie", mais il se sentait terriblement mal de l'avoir changé en monstre, elle la voir aimer sa nouvelle condition. C'était presque irréaliste. Elle ne voyait pas encore. Elle ne comprenait pas que dans leurs corps de défunts, se cachaient les pires sentiments au monde: haine, tristesse, colère, voir même désespoir. Evan connaissait même trop bien son côté obscure, alors que Julie n'en avait pas encore faire la connaissance. Comment vivrait-elle cette rencontre?

Evan préférait ne pas penser à ce genre de choses. Il y avait eut trop de négatif dans sa vie. Aujourd'hui il avait le loisir de transmettre son savoir à une jeune-fille, et quelque part ça l'égayait.

Julie baissa les yeux, repensant brièvement à tout ce qu'elle venait d'apprendre. Puis ses yeux se baladèrent sur son pendentif. Elle ne l'avait plus regardé depuis ce sinistre jour, à HoleJackson. En le voyant, tous ses mauvais souvenirs refirent surface. Tous. Et ils semblaient tous plus atroces et vraisemblables qu'ils ne l'avaient jamais été. Ce fut comme une révélation pour elle: Tout avait commencé avec ce pendentif. Sans lui, Zach ne l'aurait jamais connu, et aujourd'hui il vivrait.

En partant de chez Evan, elle trouverai un moyen de s'en débarasser. Non, elle trouverai un moyen de le détruire. Cet horrible objet ne causerai plus jamais aucun mal, à qui que ce soit.

StainlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant