Trois jours avaient passé: rien. La forêt, les rives, vides. Le néant total. Theodore Corey n'était pas décidé à se montrer.
Les choses se multipliaient dans la tête de Jules: ses recherches n'aboutissaient à rien, et son corps n'arrivait plus à suivre le mouvement: des nuits entièrement consacrées à la recherche d'un seul homme, et Jules commençait à en perdre l'appétit. Son corps réclamait le sang que sa bouche ne désirait plus. Elle était devenue pâle comme un linge et froide comme la glace. Deux creux sombres s'étaient affirmé autour de ses yeux, dont la couleur d'iris s'était ternit. Elle ne percevait plus aucune odeur, son ouïe commençait à faillir: le manque d'hémoglobine se faisait sentir.
C'était bien simple pourtant: la première motivation d'un vampire est se nourrir et vivre, la sienne était de trouver ce qu'elle cherchait, qui elle cherchait plus exactement.
Les gélules ne lui faisaient aucun effet. Si elle osait se montrer dés le lever du soleil, sa peau fumait. Tout se compliquait à mesure que le temps passait. Pourtant Jules n'imaginait aucune résolution autre que ce qu'elle avait prévu: se débarrasser de ce maudit collier, qui avait causé tous ces malheurs. Il est vrai qu'à une époque il représentait une solution, mais rien ne dûre. Et tout cela devait s'arrêter ici et maintenant.
Les jours devenaient de plus en plus froid, la neige était tombée hier pour la première fois, et aujourd'hui elle couvrait déjà d'un fin drap les arbres de la région, laissant à Jules un chemin glacé et dur sur lequel marcher. Elle se repérait aux traces qu'elle laissait derrière elle pour ne pas tourner en rond.
Ses genoux touchèrent le sol. <<Froid.>> fut le premier mot qui lui vint à l'esprit. Sa cage thoracique se souleva lourdement à mesure qu'elle inspirait l'air frais de la nuit. C'est comme si ses poumons s'étaient remplis d'azote liquide, et c'était si douloureux que sur le moment elle pensa à ne plus respirer, empêcher l'air de pénétrer son système respiratoire.
<<Zach>> fut la seconde chose à laquelle elle pensa. C'est sur un tapis de boue gelée qu'elle l'avait trouvé, un pieu dans la poitrine. <<Ça fait déjà un an>> Tout lui semblait si récent. Elle n'avait pas tourné la page, seulement gribouillé. Aussitôt qu'elle retirerait son collier la page s'aracherait d'elle-même. <<Zach....>>
Le froid s'empara de ses mains, à terre. Puis de ses coudes. De son épaule droite, et maintenant de son flanc. Son dos.La vision floue du ciel nocturne n'avait aucune importance. Jules ne voyait plus. Elle pensait.
<<Zach.>>
Zach...
Goulp. Goulp.
De l'eau. Des gouttes d'eau, ça raisonne. L'air est humide.
Les paupières de Jules s'ouvrirent lentement. Il fait sombre.
<<Où suis-je?>>
Dans un endroit privé de lumière, rempli d'humidité, et qui résonne.
<<Une grotte?>>
Elle se releva sur ses coudes, battit des paupières plusieurs fois, s'adapter à la faible lumière. Elle était assise sur un sol dur et froid. Quand elle put voir à peu-près clairement, elle s'apperçut qu'elle était dans un endroit semblable à une caverne, aux parois gelées et ruisselantes d'eau à quelques endroit. La température était étonnemment basse: elle se trouvait sous terre. Elle arrêta de réfléchir soudainement, à l'écoute de son corps: ses maux avaient disparut. Sa soif s'était étanché de manière mystérieuse, et elle ne ressentait plus aucune douleur.
