Jour 7.

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Ça faisait maintenant presque deux semaines que Julie habitait chez Evan, et son séjour s'écourtait encore. Dans trois jours elle rentrerait chez elle, avant de repartir ailleurs pour commencer sa nouvelle vie. Elle hésitait. Elle voulait partir loin, pourquoi pas en Espagne? Le soleil, la plage, ... Nan, il fallait d'abord qu'elle apprenne à se nourrir avant de s'exposer en permanence au soleil. Mais elle ne voulait aller là où l'ombre règne toute la journée. Elle bannissait les pays froids et hostiles de sa liste.

Elle ne perdait pas espoir, elle devenait plus forte de jour en jour. Sa tolérence au soleil s'acroissait un peu plus chaque jour, mais elle était toujours vulnérable le ventre vide. Elle devait trouver une alternative, comme les gélules. Mais elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas s'en contenter avant un bon moment.

Evan avait commencé il y a deux jours à lui donner des gélules, mais elles ne suffisaient toujours pas à rassasier Julie. Et ça les décevait tous les deux.

Evan quant à lui commençait tout juste à apprécier la présence de son invitée: ça lui faisait un peu de compagnie. Même si depuis la mort de Katarina, il pensait sérieusement qu'il était fait pour la solitude. Vivre en ermite ne l'avait pas déranger jusqu'à ce qu'il fasse sa rencontre. Il pensait souvent à elle, encore plus quand il voyait Julie. Elle la lui rappelait en permanence.

Ce matin, Julie était allée chasser, seule. C'était un bon test pour savoir si elle était capable de s'auto gérer, et aussi pour s'emmanciper un peu de son hôte, celui qui lui avait tout apprit ou presque.

Elle avait chasser le gibier jusqu'à l'aube, et était revenue victorieuse, elle avait réussi à se nourrir correctement, sans l'aide de son nouvel ami. Enfin elle en avait l'impression.

Le soir ils partageaient toujours une poche de sang, avant de retourner dans leurs chambres respectives. Malgré cette intimité qu'il lui laissait, Julie avait le fort sentiment qu'il commençait à l'apprécier, et ça la récomfortait. De savoir que quelque part, quelqu'un pouvait s'inquièter pour elle. Mais elle avait peur. Toutes les personnes qui avaient eut le malheur de s'en faire pour elle étaient aujourd'hui décédées. Elle ne voulait pas ça pour Evan, ce ne serait qu'un mauvais tour de plus du destin.

C'est aussi pour ça qu'elle voulait partir. Elle vivrait désormais seule, et ça ne l'effrayait pas. Elle avait déjà connu ça. Et ce serait plus sur pour elle, comme pour les autres.

A la fin du septième jour, Julie avait commencer à réfléchir, à là où elle voulait aller ensuite. Plusieurs destinations s'offraient à elle. L'Europe de l'ouest, l'Asie, l'Autralie, pourquoi pas la grande Amérique. Les pays latins peut-être. Elle n'était sûre de rien à cet instant, et elle en vint à se dire qu'elle en déciderait quand elle serait rentrée chez elle. Elle dirait au revoir à tous ceux qu'elle avait laissé là-bas, et partirait, pour ne jamais revenir.

Elle trouverait aussi un moyen de se débarasser de l'objet qui fut la cause de son malheur.

Ce soir-là, Julie ne réussi pas à trouver le sommeil. Son esprit était trop agité pour ça. Tous ses remords étaient de retour: elle repensait sans cesse à cette guerre. Et réalisa que tous ces gens sont morts dans l'espoir de la protéger, et de les débarasser de Glenryc. Celui-ci avait disparu, mais Julie était toujours là, contrairement à tous ces féroces soldats, aujourd'hui étendus dans un bain de poussière. Elle était tellement triste, elle en venait même à se détester pour ça. C'est certainement ce qui l'empêchait de dormir.

Elle était descendue au rez-de-chaussée, sans penser qu'elle y trouverait Evan. Ce dernier était toujours sur le canapé, en train de regarder un cadre photo qu'il tenait de sa main gauche, avec un verre de Scotch dans la droite. D'où elle était, Julie reconnut Evan et Katarina sur la photo. Ce qu'elle était belle. Étrangement, elle lui rappelait Alice, une beauté hors du commun, un sourire franc et large, des yeux clairs et pétillants. Il avait perdu la femme de sa vie à cause d'elle.

-Je suis désolée pour tout.

Il s'était retourné vivement et vit Julie se tenir droite à quelques mètres. Son visage était tiré par la déception et la tristesse, mais aussi de rage contre elle-même. Il secoua la tête et baissa les yeux sur la photo. Il inspira péniblement.

-Moi aussi.

-Tu n'as pas à l'être.

-J'ai fais de toi un monstre.

-Parce que je te l'avais demandé.

-J'aurais du faire ce dont tu avais besoin, pas ce que tu voulais. Tu ne te rends pas compte de ce que nous sommes.

-Tu peux me détester tu sais.

-Dis pas ça, c'est de la faute de personne.

-C'est pas vrai et tu le sais. Tu peux m'en vouloir, on sera deux comme ça.

-C'est à moi que j'en veux le plus. Si je n'avais pas été si faible j'aurais pu la protéger.

-Et si je n'étais pas là, Katarina serait toujours dans tes bras.

A ces mots, le coeur d'Evan se serra. Même si elle était à présent son amie, il savait qu'elle avait raison. Mais Evan croyait au destin, et on ne peut pas échapper à son destin.

-Dans trois jours je partirai, tu n'entendras plus parler de moi, je ne te causerais plus de soucis.

-Tu n'es pas obligée de partir si vite, tu es encore inexpérimentée, c'est dangereux.

-Je suis immortelle maintenant, tu n'as plus à t'inquièter pour moi.

-Tu peux encore mourir, de faim, ou par d'autres moyens, tu n'es pas invincible.

-Laisse-moi partir, et peut-être qu'un jour on se reverra, et tu verras que j'irai bien.

-Et si ce jour n'arrive pas, je saurais que j'ai été incapable de veiller sur toi, et je m'en voudrais.

-Tu n'as pas à t'en vouloir, tu n'es pas responsable de tout ce qui arrive.

-Je suis responsable de toi depuis le jour où j'ai planté mes crocs dans ta nuque.

-Un jour où l'autre l'oiseau doit quitter le nid.

-J'ai du mal à croire que ce jour vient dans trois jours.

-Mais tu le dois.

Il soupira devant l'entêtement de Julie, elle voulait partir à tout prix. Il savait qu'il ne pourrait pas la faire changer d'avis, et ça le désolait.

-Où iras-tu?

-Chez moi.

-Et après?

-Je ne sais pas.. encore.

Il soupira à nouveau et Julie vint s'assoir à ses côtés. Elle prit un verre et il lui mit une dose de whisky dans son verre, avant de remplir le sien. Ils levèrent leurs verres en même temps, et sans trinquer, vidèrent la totalité de leur verre en une fois. C'était la première fois pour Julie, et sa gorge était en feu. Mais étonnement, ça ne la dérangeait pas, elle aimait ça même. Evan se mit à lui parler de Katarina, qui était une femme formidable, toujours prête à aider les autres. Elle était savante aussi, elle avait fait de longues études, et était devenue médecin. Bien sur, c'était avant qu'elle ne se transforme.

Julie en avait apprit beaucoup cette nuit sur cette femme géniale, et quelque part elle ne se sentait pas à la hauteur. Mais Evan était là pour lui rappeler que quelque part, elle était ici chez elle, et qu'elle pourrait revenir quand elle le souhaitait. Jamais elle ne pourrait lui exprimer à quel point elle lui était reconnaissante. Il avait changé sa vie. Un bienfaiteur, doublé d'un ami. Une chose est sûre, quand elle serait partie d'ici, Evan lui manquerait.

StainlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant