Jour 10.

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Vint la fin du séjour de Julie. Avant le lever du soleil, Julie partit seule en forêt. Elle prit avec elle un grand sac isotherme, et revint avec ce sac, plein de carcasse qui ne demandaient qu'à être bues. Elle avait bien mit une heure à tout attraper, et était fière d'elle quand le sac fut rempli entièrement. Il y avait de tout là-dedans: des morceaux de chevreuils, quelques lapins, cinq ou six rongeurs en cas de petite faim, ...

Quand elle rentra chez Evan, ce dernier fut surpris, puis amusé de la voir revenir avec un sac entier de ravitaillements. Avant qu'elle ne parte, il lui offrit un café qu'elle eut un peu de mal à consommer, mais elle gardait espoir: son corps commençait doucement à s'habituer à la nourriture humaine. Avec le temps, elle pourrait se fondre dans la masse, en gardant toute fois ses besoins qu'elle ne pourrait pas combler avec autre chose que de la viande et du sang.

Elle n'avait aucun bagage, elle voulait tout recommencer, et elle n'emporterait rien qui lui appartienne déjà, tout en sachant qu'elle était déjà venue ici sans affaires. Quand elle fût prête à partir, sur le pas de la porte, Evan vint lui dire au revoir, et lui donna un sac. Quand elle l'ouvrit, elle y découvrit tout un stock de gélules, prêtes à être utilisées. Durant les deux derniers jours, Evan essaya de lui faire ingérer des gélules, et même si les UV lui paraissaient maintenant moins agressifs, elle avait toujours faim, ou plutôt soif. Soif de sang.

-Prends-en une matin, midi et soir. fit-il avec un sourire.

-Merci, Evan, pour tout.

-Tu ne devrais pas me remercier.

-Si, tu as fais beaucoup de choses pour moi, j'espère qu'un jour je pourrais te renvoyer l'ascenseur.

Il lui sourit en baissant la tête, ce n'était donc pas un adieu en définitif, mais ils ne se reverraient pas avant un bon moment, et ils le savaient tous les deux.

Elle commença à reculer, signe qu'elle partait.

-Au revoir Evan.

-Au revoir Julie.

-Je n'veux plus qu'on m'appelle comme ça dorénavant. Appelle-moi Jules, fit-elle en souriant légèrement.

Il sourit à son tour avec un léger soupir.

-Au revoir Jules.

Elle lui adressa un dernier sourire et s'en alla. Elle monta dans sa vieille voiture, mettant ses deux sacs sur la banquette arrière et prit la route. Elle eut un pincement au coeur en sortant du lotissement: désormais elle était seule. Elle le serait définitivement après avoir dit au revoir à tous ses anciens amis quelques jours plus tard. Mais bizarrement, ça lui paraissait beaucoup moins pénible maintenant. Elle était plus forte, plus autonome, en tout cas elle en avait l'impression.

Le voyage était quelque peu différent de l'allée. Elle devait s'arrêter à chaque fois que son ventre le lui criait, ou que le soleil tapait trop fort sur le pare-brise, l'éblouissant cruellement. Elle avait trouvé des lunettes de soleil un peu vintage dans la boite à gants, elles appartenaient sûrement à son grand-père.

La route lui parut longue, encore plus quand elle arriva dans les environs de HoleJackson. Son coeur hurlait de se détourner de cet endroit maudit, et Jules l'écouta. Elle était forte, mais pas encore assez pour être confrontée à cette situation, elle n'avait pas encore fait son deuil.

Tandis qu'elle se remit en route vers le village où elle était sensée habiter, elle repensa à Evan, ce mystérieux sauveur, avec qui elle avait pu être amie. Malgré son apparence banale, il était bien plus complexe que ça: il renfermait toute une panoplie de sentiments, tels que la colère envers lui-même, le chagrin, le manque,... C'est à ce moment-là que Jules réalisa qu'ils n'étaient pas si différents tous les deux. Sauf qu'elle était beaucoup plus inconsciente et naïve. Et faible.

StainlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant