Chapitre 16 - Jour 1

32 1 3
                                        


Pour la première fois depuis longtemps, depuis ce jour où elle s'était évanouie dans la neige dans les environs de Danvers, Jules avait froid. Très froid. Un froid qu'on ne ressentait qu'une fois dans sa vie, celui qui précédait l'arrivée de la grande dame en noir. Aujourd'hui Jules réalisa qu'ayant une vie d'immortelle elle aurait moult occasion de connaître ce froid à nouveau.

L'étrange impression d'être enfermée dans une cave la reprit. La fraicheur morbide, l'humidité souterraine, la résonnance des gouttes d'eau qui tombent si bruyamment sur le sol dur et concret. Avant qu'elle n'ouvre les yeux, quand elle se réveilla, la première chose qu'elle remarqua était l'écho. Le peu de bruits présents dans les environs se répétaient sans cesse et résonnaient péniblement dans sa tête. Elle avait mal, mais où? A l'épaule. Mais pourquoi déjà?

Quand elle réussit enfin à ouvrir les yeux, car ses paupières lui semblaient si lourdes, elle intégra lentement ce qui l'entourait: de sombres murs, piteuses cavitées creusée sous terre, aux coins asymétriques et tordus, la seule façade de cette pièce étant clôturée par des barreaux. Elle était dans une véritable prison, perdue quelque part sous terre. Elle examina à peine mieux sa cellule: rien pour son confort. Pas de meubles, juste un sol sale et râpeux. Elle était affalée sur le sol telle un chiffon qu'on aurait jeté sans soin.

Mais pourquoi était-elle là?  Qui avait fait ça? Seule et désorientée, elle décida d'émettre quelques paroles, au moins pour voir si quelque part plus loin on l'entendait, et si on daignait bien lui répondre.

<<Eh oh! Y'a quelqu'un?>>

Elle dut attendre quelques minutes avant de percevoir une réaction sonore. Les bruits semblaient bien éloignés d'elle, mais au moins ce ne fut pas le silence qui lui répondit. Un bruit métallique, des roulettes de fer, se fit entendre. Un chariot ou quelque chose du même genre approchait bruyamment. Quand le bruit se fit plus imposant, Jules comprit que l'objet de sa réponse était tout proche. Bientôt, un homme en blouse grise apparut dans son champ de vision, poussant devant lui un brancard. Il avait de larges lunettes bleu foncé, la bouche maigre et les cheveux grisonnants. Il souriait.

<<Ah, le sujet 2 s'est réveillé. Bonsoir.>>

Sujet 2? pensa Jules. Ces premiers mots lui indiquèrent qu'elle n'était pas seule ici, une bonne nouvelle. Mais pourquoi était-elle - étaient-ils des sujets? Pour quoi? Jules fronçait des sourcils face à tant de questions. La première qui lui vint à la bouche fut celle-ci:

<<Qui êtes-vous?

-Professeur Viggs. J'assiste le docteur Clark. Bienvenue parmi nous.

-On est où ici?

-Nulle part, officiellement.

-Mais pourquoi je suis là, moi? Qu'est-ce que j'ai fais bon sang?!>>

Elle leva le ton. C'est à ce moment qu'un autre homme apparut. Large d'épaule, grand, la cinquantaine et des cheveux châtains qui ne tarderaient pas à tomber ou blanchir. Lui ne souriait pas, il avait un air plutôt austère. Sa composition et sa tenue étaient remarquablement irréprochables.

<<C'est à moi de répondre à cela. Si vous êtes ici, sujet 2..

-Jules.

-..c'est parce que vous êtes exceptionnelle. Et dangereuse. Ce qui se fait ici est dans l'intérêt de notre science, et vous êtes une des pierres angulaires de ce projet.

-Qu'est-ce que vous comptez me faire?

-Tout un tas de choses. Des tests, des expériences.

-Mais pourquoi?!

StainlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant