Chapitre 2.

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Julie ouvrit les yeux, elle vit un plafond blanc. Elle ne savait pas où elle était, ni pourquoi elle était là. Elle savait juste que cette nuit fut la plus paisible de son existence. Une nuit sans cauchemar. Aussi calme que la mort.

Quand elle se releva, elle fut prise de vertiges. Sa tête semblait vide d'oxygène, comme un satellite en apesanteur. Elle respira un grand coup, et fut surprise de ne pas entendre les battements de son coeur. Elle regarda autour d'elle: elle était alongée sur une dormeuse, dans une pièce plutôt bien décorée, claire et spacieuse.

Elle contemplait encore les environs quand on ouvrit la porte. Elle vit Evan rentrer. Et se souvint. Elle se rappela de tout. Elle les voix l'assaillirent à nouveau. Cependant cette fois c'était différent: elles semblaient beaucoup plus lointaines et floues, comme quand on passe un appel téléphonique dans un endroit où le réseau passe mal.

Il s'approcha d'elle et se baissa, puis la regarda. Il était tout sauf fier de lui. <<Pourquoi semble-t-il si triste?>> se demanda Julie. Elle aurait bien voulu lui poser la question, mais un terrible maux lui prit à la gorge, une sensation de sècheresse, d'étouffement. Elle écarquilla les yeux et tenu sa gorge de ses mains, en ouvrant la bouche comme si elle était à la recherche d'oxygène.

-Tu as faim, remarqua Evan en souriant à peine. Attend moi là.

Il partit par la même porte, et revint 3min plus tard, avec un panier. Ce panier contenait une pauvre bête, un chien qui dormait. Julie ne vit pas les choses de la même manière, elle vit un sac d'hémoglobine géant, chaud et neuf. Elle attrapa la bête par le cou et mordit de toutes ses forces dans l'épaisse peau poilue de l'animal. Elle sentit ses canines s'alonger, à un point où ça deviendrait presque gênant. Mais la sensation du liquide rouge couler le long de son oesophage était des plus merveilleuses, c'est revigorant. Elle se sentait plus vivante que lorsqu'elle l'était vraiment.

Evan ne supportait pas de la voir dans sa dépendance. Elle allait maintenant devoir vivre avec ce fardeau, et même si elle ne s'en rendait pas encore compte, elle en souffrirait, car elle reste une personne juste, elle en pâtira.

-Profite, c'est la dernière fois que tu te nourris autrement qu'avec une poche.

Evan avait en effet un stock de poches de sang d'urgence dans sa cave. Il aurait bien voulu sevrer Julie dès à présent, mais elle rejetterait les gélules, elle a besoin de sang, pas d'un substitut.

Il se souviendrait toujours du long soupir d'exaltation qu'avait produit Julie après s'est nourrie pour la première fois. La culpabilité le rongeait.

-Tu veux prendre une douche?

Elle tourna la tête vers lui avec un air interrogatif, il s'expliqua:

-Ça fait 5jours que tu es ici, tu dois être mal-à-l'aise dans ces vêtements.

Elle hôcha la tête, et il sortit. Il revint avec une serviette de bain et des vêtements de rechange, des habits de femme, sûrement ceux de Katarina. Elle pensa que ce devait être dûr pour Evan, d'aller de l'avant aussi vite, elle n'en aurait jamais été capable s'il ne lui avait pas fait cette faveur.

-Merci.

Elle ne l'avait pas seulement remercié pour les habits, mais pour tout ce qu'il avait fait pour elle. Et il le savait très bien.

Il lui indiqua le chemin de la salle de bain et elle se pressa d'y aller. Ce fût une première expérience très impressionnante: l'eau tiède qui sortit du pommeau la fît frissonner. Quand l'eau gagna progressivement en température, Julie poussa un soupir de soulagement, elle était si bien. Aussi bien qu'un foetus dans sa poche. C'était sa renaissance.

Quand elle retourna dans la pièce de plus tôt, elle la trouva vide, alors elle chercha Evan, pour le remercier à nouveau, et lui annoncer qu'elle le quittait pour repartir là où elle habitait. Elle le trouva dans son salon, assis sur le canapé, un verre de scotch à la main. Elle ne savait pas que les vampires pouvaient boire autre chose que du sang.

Quand Evan la remarqua, il fût tout d'abord interloqué: elle avait la taille aussi fine que Katarina, même si sa poitrine était un peu plus développée. Elles avaient pratiquement les mêmes mesures. Ces vêtements lui allaient bien, et elle lui rappelaient sa compagne. Il fût éprit de nostalgie à cette vue, un corps si pur, si fin, si fragile.

-Merci pour tout Evan.

-Je t'en prie.

-Je vais rentrer chez moi.

Il fût prit de cours pas cette dernière annonce. Comment ferait-elle pour survivre chez elle, seule, elle était toujours dangereuse, il fallait qu'elle gagne sa liberté, pour son bien et celui de tous ceux qu'elle croisera.

-Tu ne peux pas.

Elle fronça les sourcils en signe d'incompréhension. Pourquoi ne voulait-il pas la relâchée? Pourquoi lui interdisait-il de s'en aller?

-Tu n'es pas prête.

-Je veux retourner chez moi.

-Et que se passera-t-il si tu t'en prend à quelqu'un? Une personne innocente? Ou pire, une personne que tu aimes.

-L'être que j'aimais le plus au monde s'est éteint il y a une semaine. Ma grand-mère est dans un lit d'hopital, elle ne se réveillera peut-être jamais. Mes parents sont morts, je suis orpheline. Comment pourrais-je blesser une personne que j'aime? Tous ceux qui ont eut le malheur d'être aimés par ma personne sont morts ou en train de mourir.

-Je sais que c'est dur, mais tu dois apprendre à te contrôler. Tu ne dois pas agresser d'humain.

-Je te donne une semaine. Dans 8jours, je reprendrais la route, peu importe tes recommandations.

-C'est trop court, donne moi plus de temps.

-10 jours. Pas un de plus.

Il secoua la tête devant sa déraison, elle était têtue. En y réfléchissant un peu, Evan ne la connaissait pas vraiment. Il avait vécu avec elle pendant deux jours. Il savait qu'elle était la copine de Zach, et qu'elle était fragile. C'était les deux choses qui ressortaient de ses premières impressions. Ils n'étaient plus que deux maintenant. Ils pouvaient peut-être devenir amis, pensa Evan. Il voulait surtout l'aider, parce que personne n'était là pour lui quand il s'est transformé.

C'était il y a 58ans, pendant un énième conflit civil. Quand il revint à son refuge, l'endroit était désert, seul un homme était là, couvert de sang. Sans qu'il n'ait le temps de dire quoique ce soit, l'homme lui avait déjà sauté à la gorge. Il avait pu lire le désespoir dans ses yeux. Et il ne comprend toujours pas pourquoi. Il ne l'a jamais revu.

Il s'était reconstruit seul, sans personne pour l'aider ou l'épauler. Il connaissait bien les tourments des nouveaux vampires, assoifés de sang et excités par la tuerie. En ce qui le concernait, la fin de sa période native marqua le début de sa vie de couple: tout ce fiasco cessa quand il fit la rencontre de Katarina. Elle était beaucoup plus vieille que lui, de 72ans plus précisément. C'est elle qui le sortit de sa phase sanguinaire. Il avait eut l'habitude de la solitude, jusqu'à ce qu'il ne la comble avec sa chère et tendre.

La solitude, il allait devoir s'habituer à la retrouver. Mais il ne voulait pas que Julie ne l'affronte, seule et perdue dans ce monde si vaste et sombre. Il voulait devenir son ami, son allié. Si elle part, un jour, ils se retrouveront. Puisque quand on a l'éternité devant soit , tout évênement a une probabilité, leurs chemins se recroiseraient un jour ou l'autre.

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