Chapitre 3.

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Après être partie de l'hopital, Jules ne prit pas la peine de rentrer chez elle. Elle tailla la route. Et ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle trouva là où elle voulait aller: la Louisiane. Le Jazz, la cuisine locale, les bars... Tout ce qui était là-bas pouvait la séduire. Et c'est même un avantage d'être français (et bilingue) à la Nouvelle Orléans. Et ce n'était pas tout: Cet endroit était favorable à sa vie nocturne, car Jules n'avait toujours pas adopté ce rythme, elle avait toujours dormi la nuit, et il fallait qu'elle change, ça lui faciliterai la vie.

Le voyage avait encore une fois été bien long. Le soir elle fut soulagée de voir les lumières de la ville l'acceuillir chaleureusement. Elle avait posé ses affaires dans un petit hôtel sans histoire dans le quartier français, et après avoir prit une gélule, descendit dans les rues qui menaient au centre. Elles étaient animées d'attractions humaines, de musique typiques de là-bas, de bonnes odeurs des restaurants locaux, des enfants qui crient et courent sans fin. Malheureusement pour elle, quelque chose vint gâcher son plaisir: elle avait faim.

Elle fit donc demi-tour, et se dirigea vers les marais.

Elle sut qu'elle s'en approchait grâce aux odeurs humides qui en émanaient. Un épais brouillard vint la prévenir, et les bruits et sons de la natures s'emplifièrent. Ça y est, elle était arrivée. Elle entendait pleinement les grenouilles et les insectes chanter, ainsi que les branches des arbres mouvoir avec le vent. Elle tendit l'oreille. Le bayou grouillait de ravissantes denrées exotiques qui sortaient de son quotidien nutritionnel: ratons laveurs, lièvres, ibis, aigrettes, hérons, cormorans, tortues, crevettes, alligators ... Jules avait l'embarras du choix.

Aujourd'hui, elle resterai sage, un simple lapin ferait l'affaire. Elle n'avait pas encore épuisé son stock de ravitaillements, même s'il s'est bien vidé durant le long voyage routier.

Elle resta un moment au bord de l'eau: celle-ci était trouble et semblait même épaisse, marécageause. Elle prenait des teintes vertes à cause des plantes aquatiques aux couleurs vives. Elle crut apercevoir un bout de museau au loin, certainement un alligator. Les oiseaux de nuits se mirent à crier, on aurait dit des corbeaux. Jules prit cela pour un signe et décida de rentrer.

Elle ne retourna pas à l'hôtel: sa journée venait de commencer.

Quand elle se dirigea vers le centre du quartier français, elle fut surprise de la chaleur que dégageait cet endroit. Elle se plairait ici.

Elle s'orienta au hasard vers un bar et entra sans tergiverser. Elle alla s'assoir au comptoir et attendit patiemment le barman arriver, lui demandant:

-Qu'est-ce que j'vous sers, m'd'moiselle?

Elle se mit a sourire discrètement en entendant l'accent improbable du quincagénaire et répondit:

-Un bourbon, s'il-vous-plaît.

Il se mit à rire doucement:

-Z'êtes pas du coin vous?

-Nan, j'emménage, fit-elle en souriant.

-Ben mamzelle, j'sais pas d'où vous v'nez, mais vous trouverez pas mieux qu'ici, z'allez adorer!

-J'en suis sure.

Il lui servit son verre et Jules sortit une gélules de la petite boite qu'elle avait mit dans sa poche de jean. Elle avala sa gélule avec une gorgée de bourbon, avant qu'un inconnu ne s'adresse à elle:

-Vous n'devriez pas faire ce genre de mélange, vous savez?

Jules tourna la tête, c'était un jeune homme, brun aux cheveux longs, les yeux sombres. Jules décida de la jouer sarcastique pour le coup, comme si elle ne savait pas qu'en temps normal, les médicaments ne devaient pas être pris ou dilués dans de l'alcool. Elle ne bougea presque pas la tête.

-J'ai l'air si vieille que ça pour que tu me vouvoies?

Il se mit à sourire à moitié et s'assit à côté d'elle, commandant un verre en faisant signe au barman. Ce devait être un habitué, se dit Jules. Peut-être que si tu te montres gentille avec lui, il pourrait te servir de guide... ou d'encas.

-T'es pas du coin toi.

-Qu'est-ce que t'en sais?

-Je connais tout l'monde ici, et c'est bien la première fois que j'te vois.

Ils ne s'étaient même pas regardés durant leurs courts échanges. Sans savoir pourquoi, ce garçon déplaisait un peu à Jules. Peut-être était-ce sa manière de s'exprimer, de se mettre en avant. Il avait l'air bien sûr de lui. Un peu trop au goût de Jules. Néant-moins, une main se tendit en sa direction.

-Ethan Price.

Elle prit et secoua la main qu'on lui tendait en répondant:

-Jules.

-Jules, Jules comment?

-Juste Jules.

Il se mit à sourire.

-Bien, Jules alors. Je suppose que tu visites encore les environs?

-Ouai, c'est plus grand que c'que j'pensais.

-Si un jour t'as besoin d'un guide, fais-moi signe.

D'un geste habile, il lui tendit une petite carte de visite. Sur celle-ci était inscrits ces quelques informations: son lieu de travail, son numéro de cellulaire, et sa profession, peintre et professeur.

Elle fronça les sourcils.

-Quel âge as-tu? fit-elle sans décoller les yeux de la carte.

-24ans, fit-il d'un air interrogatif. Pourquoi?

-T'es prof?

-De peinture, oui.

-Tu fais beaucoup plus jeune.

-On m'le dit souvent, mais merci.

Bien que troublée, elle leva les yeux au ciel devant le manque de modestie de son interlocuteur.

-Bon, j'ai deux-trois trucs à faire, alors, à une prochaine fois. fit-il avec un sourire en coin.

-A la prochaine.

Il la quitta et repartit comme il était venu. Elle refronça les sourcils, en repensant à ce qui venait de se passer. Ethan Price. Alors comme ça, monsieur connaît tout le monde, mais comment aurait-il su que Jules était ici? Était-il un leader de gang? Il avait des yeux partout sans doute? Non, c'était juste une coïncidence. C'est une personne comme une autre, cela dit, avec un égo un peu plus large.

Jules arrêta de rêvasser et sortit du bar. Elle continua sa balade le long de la grande rue et sans même y prêter attention, elle se retrouva dans une petite ruelle. Deux poubelles, des boites en carton, et un escalier. Une idée lui vint à l'esprit. Elle s'aida d'une caisse pour atteindre les premiers barreaux de l'échelle de l'immeuble, et monta. Elle monta jusqu'à accéder aux toits. Le point positif de ce quartier, c'est que les bâtisses avaient toutes ou presque des toits plats, et y circuler était ridiculement facile, même pour Jules.

D'en haut, la vue était imprenable. On voyait tout, et beaucoup mieux qu'en bas. Les danseurs, les stands, les musiciens, ... C'était du jazz. Les notes montaient haut dans les airs, et ça ne les rendait que plus exquises aux oreilles de Jules. Le rythme entraînant de la chanson encadre la démarche des passants, et des quelques spectateurs qui tapotent du pied en rythme. C'est comme si elle y était, en plein milieu de la foule, juste en face de l'orchestre.

Elle était restée là toute la nuit, ou presque. Elle était partie sur la pointe des pieds juste avant l'aube pour aller se nourrir au bayou. Elle avait eut raison de venir ici, c'est endroit avait tout à lui offrir, tout ce dont elle avait besoin. Maintenant, elle savait ce qu'elle avait à faire, et s'y mettrait dés demain soir. En attendant, elle se retira dans sa chambre d'hotel, et s'endormi plutôt facilement, sous les faibles rayons orangés du lever de soleil, qui perçaient à sa fenêtre. 

StainlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant