Chapitre 1

506 27 8
                                    

16h45 : Cher journal, nous sommes le 9 octobre 2016. Il fait beau, le soleil brille et bien sûr, je suis encore dans mon lit à me morfondre. Je n'ai pas vraiment d'amis pour sortir ni même l'occasion de passer du temps en famille. Je m'en fiche ! Aujourd'hui, je vais sur mes 23 ans, je ne suis plus une enfant ! Pourtant, en réalité, j'aimerais remonter le temps. J'en ai un peu marre de la routine, marre de voir les autres heureux, je voudrais disparaître ou vivre en autarcie. Hier, j'ai encore fait ce même rêve, revu encore ce moment où mes parents et moi étions partis en vacances en Picardie. Je déteste cet endroit ! Les gens ne sont pas intéressants, et là où nous étions il n'y avait rien d'extra ! Mais ce rêve dont je te parle, n'est pas qu'un simple rêve. Une image importante est restée dans un coin de ma tête.

Quand ma mère a décidé de partir là-bas, je n'avais que cinq ans. Mon père aimait la ferme et le bois. Il fallait qu'on soit le plus proche de ces lieux pour profiter de ces deux semaines de vacances. Mes parents voulaient faire de la randonnée ou se promener des heures dans la forêt. Un jour nous nous sommes rendus dans la forêt pour se balader et profiter de la chance que nous avions. J'étais dissipée et un peu trop surexcitée durant la marche. La forêt avait un très joli circuit, proche de la route, ainsi qu'une belle verdure. Une belle odeur parfumée s'échappait dans les airs. Pendant que mes parents se disputaient par rapport aux dépenses des vacances et de la maison, je me suis éloignée du circuit, attirée par la beauté d'une biche. En la suivant, j'ignorais que j'étais en train de me perdre dans le bois. La biche avait quitté mon champ de vision et je me suis retrouvée au plein milieu de la route. Ce jour-là, il me semblait avoir croisé un jeune homme, debout, face à la biche, les dents sur son cou lui buvant son sang. Il le buvait avec intensité et délicatesse. La biche se laissait mordre, elle n'avait pas l'air de souffrir. Je me suis reculée le cœur battant à vive allure, en essayant de me cacher derrière un buisson, mais j'avais tellement peur que mes jambes tremblaient. Lorsque le vampire s'était redressé pour essuyer ses lèvres couvertes de sang, j'avais hurlé de peur. La biche s'était enfuie et le jeune homme m'avait vue. Quand j'ai voulu prendre la fuite, un camion est arrivé au même moment. Je me suis dit que j'allais mourir mais ce jeune homme, rapide, m'a sauvée de la catastrophe. Je me souviens qu'il avait du sang partout et des yeux gris comme l'argent. J'avais l'impression de ne plus sentir mon cœur battre au fond de ma poitrine. Le conducteur était sorti immédiatement de son véhicule et avait aperçu mes parents qui m'avaient rejointe. Le jeune homme avait pris la fuite et mes parents m'avaient serrée contre eux, s'excusant d'avoir manqué de vigilance. Le conducteur était surpris et hagard. Il devait se demander où était passé ce mystérieux garçon. Comme moi par la même occasion. Depuis ce temps, je m'habille en noir et je m'isole volontairement des autres. Ce jeune homme a été pour moi une source d'inspiration, mais aussi une source intarissable de questions qui traversent encore mon esprit. Pourquoi était-il là ? Comment avait-il pu me sauver alors que je n'avais aucune chance de survivre ? Depuis ce jour, j'évite de me rendre en Picardie et j'essaie surtout d'éviter de rester dans les endroits sombres et peu fréquentés, de telle sorte à pouvoir t'écrire mon cher journal. A la fac, j'étudie l'histoire. Ce n'est pas fameux mais j'ai toujours voulu être historienne pour pouvoir voyager et m'imaginer vivre à une autre époque. La plupart de mes camarades me trouvent étranges, souvent à côté de la plaque. Pourtant, la seule personne qui me trouve normale n'est rien d'autre que ma meilleure amie Bérénice Martin. Bérénice, c'est mon amie depuis la primaire, et ce n'est pas une simple blonde que les imbéciles dévalorisent. Elle fait de la boxe, chante merveilleusement bien, et est très intelligente. Bref, dans tous les domaines, elle m'impressionne. Systématiquement je lui rends visite quand je déprime. Parfois elle me dit : « Allez Rebecca tu ne vas pas te mettre à chialer à chaque fois que tu te sens mal ? C'est absurde, tu ne trouves pas ? ». Elle a raison et j'aime tant sa compagnie. Mon mascara coule pratiquement sur mon visage, tous les jours. Des fois, pour me remettre sur pied, elle me dit des choses comme : « En plus tu es une renoi, tu devrais être plus joyeuse que moi, bordel ! On inverse les rôles là ! ». Oui, je sais... En tout cas, je suis un peu trop dans l'excès, parfois trop pourrie-gâtée, mais je l'aime par-dessus tout.

Pour finir cher journal, je revois sans cesse ce souvenir en rêve et je pense que dès demain j'irai le raconter à Bérénice. Elle me prendra pour une folle mais j'ai besoin de lui en parler. Ce jeune homme reste une partie de moi, un puzzle qui n'est pas achevé. Son style sombre, je l'ai adopté depuis mes 13 ans et je veux le remercier de m'avoir sauvé la vie. Je me demande à chaque fois si ce n'est pas à cause de lui, que j'aime les vampires et que j'aime le hard-rock. Va savoir ! On s'est toujours moqué de moi parce que je crois aux vampires depuis longtemps. Lui était si particulier, si différent. Je ne peux pas le voir comme étant l'un des leurs. Un vampire suce le sang de ses victimes ou les tue, mais lui avait bu le sang d'une biche. J'ai à peine vu ses canines et je ne peux certifier quoi que ce soit. Cependant, si je veux un jour le revoir, je dois retourner en Picardie.


Les Dociles - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant