Les Dociles - Tome 1

Chapitre 19

Les oiseaux chantent, c'est le matin. Je me réveille surprise de ne pas voir Bérénice ligotée. Je panique sur le moment, pensant qu'elle s'est enfuie. Je me lève d'un bond et je la vois en train de prononcer des incantations. Ses mains deviennent noires et débordent de magie. J'entends mes coéquipiers se diriger vers la chambre où nous nous trouvons. Naar débarque avec son bouclier, prêt à bondir en voyant la réaction de Bérénice. Cependant, les militaires connaissent notre position, l'immeuble tout entier tremble. Golmatan invoque un voile de protection au niveau des fenêtres pour ne pas subir les dégâts venant de l'extérieur. Nous ne pouvons pas apparaître devant les humains, il faut les protéger dans l'ombre mais, souvent, certaines circonstances nous forcent à agir autrement. Dans la précipitation, Bérénice se tourne vers nous avec la main grande ouverte. J'espère qu'elle ne va pas tenter quelque chose d'idiot. Elle forme avec la main un geste précis. Un énorme cercle s'ouvre avec une odeur de cendres. Le portail mène en Picardie, je peux le voir. Comment être sûre que ce n'est pas un piège ? Difficile de le savoir, mais nous devons prendre le risque d'y rentrer. Sans plus attendre et sans aucune hésitation, nous rentrons dans le cercle magique. Elle nous suit à son tour. Golmatan scelle ses bras avec une entrave magique. Elle ne peut pas utiliser sa magie ici, cela nous rassure. Pendant ce temps, je regarde les lieux avec nostalgie ; nous sommes devant ma maison de vacances. Je reste ébahie, comme la toute première fois. Je ne dis plus rien mais je sens la présence d'un étranger dans la maison.

— Où sommes-nous ? demande Naar.

— Chez moi...

La présence de mon père avec un autre individu... Je peux les sentir... Je n'en suis pas certaine mais, j'ai comme l'impression que mon père court un grave danger. Je me tourne vers les autres et je leur demande de boucler le périmètre.

— Rebecca ! s'exprime Bérénice.

— Oui ?

— Louis ne sera pas tendre avec toi, n'y va pas seule.

Bérénice s'inquiète pour moi, je ne peux le croire. Elle a l'air sincère mais je me méfie quand même. Elle a fini par accepter notre deal. On doit tout de même se méfier ! Naar me donne le feu vert pour que je fasse le tour des lieux. Je suis mon instinct et je me faufile dans la maison... Les autres me suivent en prenant de la distance. En entrant, je découvre des éclaboussures de sang sur le sol et des morceaux de chair. Prise d'effroi, je m'avance de plus en plus et des odeurs de pourriture font surface. Les mouches volent comme des vautours autour d'un corps. Le lieu empeste la mort, me donnant des hallucinations et des sueurs froides. J'aperçois un cadavre qui décore les marches des escaliers. Je constate des séquelles flagrantes : des orifices partout sur son corps. A première vue, c'est un Répugnant. Je n'arrive pas à sentir si des ennemis potentiels sont ici. Pourtant, j'entends des bruits de chaises qui grincent... Le plancher craque à n'en plus finir. Je ressens le stress de mes coéquipiers qui sont prêts à réagir en cas de problème. Ils m'attendent en bas des escaliers, tout en m'observant progresser dans les étages de la maison... En avançant davantage dans les escaliers, je découvre quelque chose d'étonnant sur le paquet : des munitions usées ont servi à tuer le vampire. Elles sont éparpillées partout... Un Chasseur ? Ici ? Ce ne peut pas être Louis puisqu'il se sert des vampires pour mener à bien sa mission, cela serait étrange de les tuer. Alors qui est à la maison, à part Louis et mon père ? En arrivant à l'étage, j'entends les rires de Louis. Je sors mon arme et je marche doucement... Je m'avance lentement devant ma chambre et je le vois de dos. Je peux remarquer la présence de mon père et, à ses côtés, il y a une vieille femme. C'est étrange, mais cette scène me dit quelque chose... Elle est identique à ma dernière vision dans le camp d'entraînement. Qui est cette femme âgée ? Mon père pose ses yeux sur moi. Je lui montre que je gère la situation. Il a l'air très surpris de me voir accoutrée de cette façon. Je me rapproche de plus en plus de Louis... Arrivée pratiquement à lui, Louis s'arrête de glousser et, d'un mouvement rapide, il pointe son arme sur moi.