Chapitre 3

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12h45 : Cher journal, je me rends chez ma meilleure amie Bérénice. Il y a plus d'une heure, j'ai vu un vampire. Je suis affolée, perdue et peut-être qu'il m'a déjà retrouvée. Est-ce encore ma passion pour ces créatures qui me fait perdre la raison ? Je ne sais pas. Je ne peux pas m'empêcher de courir pour pouvoir expliquer la scène que j'ai vécue à Bérénice. J'ignore où se trouve le corps de cette jeune fille... La pauvre, elle devait avoir environ mon âge. Il faut que je feuillette mes vieilles revues sur les vampires, des livres où peuvent se trouver des indices. Ce qui vient de se passer n'a rien de romantique ni même de rassurant... Je pensais que les vampires pouvaient être beaux ou soigneux mais celui que j'ai découvert dans le métro ne correspondait pas à mon imaginaire. J'en ai encore le ventre tout retourné. Je dois voir Bérénice au plus vite. C'est la seule qui puisse m'écouter et me croire. Motivée, je me rapproche de chez elle. Mes jambes ne tiennent pas en place... J'attends quelques secondes avant de la voir arriver... Elle a l'air angoissée. Je ressens une sorte de frustration en elle.

— Bérénice ! Bérénice !

— Rebecca ! Tout va bien ?

— Non, il faut vite qu'on monte.

— D'accord, calme-toi !

Bérénice est inquiète. Elle me voit ranger mon journal intime, frigorifiée et en pleine sueur. Quand je suis apeurée ou terrorisée, j'ai des crises d'angoisse. L'intérieur de son immeuble empeste la vieille chaussette. Il y a des toiles d'araignées un peu partout, et, comme d'habitude la concierge n'a pas pointé le bout de son nez. On monte trois étages, et on arrive devant sa porte. Elle sort ses clés et sa boite de Tic Tac. Elle m'en propose mais je refuse. Bérénice ouvre la porte de son studio et me fait rentrer. Il n'est pas si grand son appart... Cependant, elle peut au moins circuler comme elle le désire... Il y a des figurines de personnages de manga et des fresques de ses dessins un peu partout. Je me pose sur son mini canapé et elle me donne un bon verre d'eau. Elle se faufile dans sa petite chambre à coucher pour aller chercher un tabouret. Bérénice m'observe pendant qu'elle ouvre la fenêtre. Je le vois dans ses yeux, elle n'a pas l'air heureuse. Mes ongles s'enfoncent dans le bras du fauteuil, je ne suis pas calme. J'essaye de commencer par le début mais je suis confuse et, comme je n'arrive pas à m'expliquer, je pleure.

— Inspire et expire !

— Bérénice, je viens de voir quelque chose de fou ! D'inimaginable.

— Quoi ?

— Un homme, très beau, avec une belle allure... Il était dans le métro, il a suivi une fille qui avait sans doute notre âge et il l'a mordue sous mes yeux.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Il l'a mordue ! Comme un vampire ? Dans le cou ?

— Oui ! Tu ne me crois pas ?!

Elle se met à rire et à chercher sa boîte à cigarettes puis elle me répond.

— Je sais que tu aimes Dracula de Bram Stoker ou Entretien avec un vampire d'Anne Rice, mais je ne peux pas te laisser dire des choses aussi insensées. Ce sont des contes pour moi.

— Bérénice, je te dis la vérité...

— Tu as pu prendre une photo ?

— Impossible ! Comment veux-tu que je prenne une photo ?

Je ne sais pas quoi faire, Bérénice ne me croit pas. Je suis désemparée. Elle me prend pour une folle, allume son lecteur mp3 par la même occasion et lance une chanson au hasard. Le bruit des klaxons résonne dans la rue. Elle se penche à la fenêtre avec ses écouteurs dans les oreilles. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle est si exaspérée. Ce n'est pas son genre. Je me lève d'un coup et je poursuis mon discours.

Les Dociles - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant