Chapitre 2

369 22 6
                                    

Le temps reprend son cours. Je dois me rendre à la fac, et j'ai la flemme ! Ma mère me prépare un sandwich pour éviter que je fasse des dépenses inutiles, et mon père va profiter d'une journée de plus de repos. J'enfile mes grosses bottes noires et mes collants troués, puis je prends mon casse-croûte. Mon journal intime reste toujours dans mon sac, de manière à écrire au cimetière, celui qui se trouve à dix pas de la maison. Je porte ma veste en cuir et mes grosses boucles d'oreilles en tête de mort et j'arrange mes couettes ainsi que mon noir à lèvre. Je dois surveiller l'heure pour ne pas louper le RER. Je suis à la fois tellement fatiguée, et pressée de retrouver cet après-midi, ma meilleure amie. Avant de quitter la maison, ma mère m'appelle.

— Oui maman ? dis-je, avec entrain.

— Je voulais te dire que ton père et moi nous nous absenterons ce week-end.

— Ah oui ? Vous allez où ?

— En Picardie, comme le veut ton père, dit-elle tout en se pinçant les lèvres.

Je crois que je viens de mal entendre.

— Tu sais ma chérie... Depuis que tu as failli te faire renverser, j'ai toujours hésité à repartir, mais ton papa aime beaucoup cet endroit.

— Je viens avec vous !

— Comment ? Mais je croyais que tu avais été traumatisée et que tu voulais tourner la page ? Ma mère n'en revient pas.

— Non, oui, mais ne tenons pas compte de ce que je disais, j'étais môme. Maintenant je suis prête à y retourner.

— Tu en es sûre ma puce ?

— Oui, tu pourras le dire à papa, je viens avec vous.

— Bon, moi qui pensais que tu voulais faire un peu la fête, c'était le moment de profiter de ça, pour organiser quelque chose...

C'est dingue ! On dirait qu'ils ne veulent pas de moi en fait. Eh bien tant pis pour eux.

— Je ne changerai pas d'avis.

Maman m'embrasse, ravie et je quitte la maison. Une longue journée m'attend et le stress des examens approche. Je reçois aussitôt deux messages :

C'est une bonne chose que tu viennes en Picardie. On en parlera ce soir ! Bonne journée. Papa ;)

Puis je lis le deuxième texto :

Je viendrai te chercher à la gare, tu me diras quand tu y seras ! Bérénice :* <3

La journée commence bien. Il n'y a pas de retard de train, il y a peu de monde et je peux me poser tranquillement sans stress ni préoccupation. A la station suivante, je tombe sur un groupe de filles. Je hais ce genre de nana en plus. Elles sont matérialistes, bruyantes et agaçantes. Elles me dévisagent et se moquent de moi à cause de mon style vestimentaire. Sur l'un de mes vêtements il y a écrit : « Longue vie aux vampires ». La classe non ? Je pense que tout le monde ne le voit pas d'un bon angle. J'entends des choses comme : « Tu es noire, tu n'as pas honte de porter des vêtements comme ça ! ». Je me lève et j'attends devant les portes pour descendre à la prochaine station. Je suis pressée d'arriver à Paris, car leurs moqueries me blessent. Elles continuent de rire en me jetant des bouts de papiers. J'ai l'impression de rêver, d'halluciner par moment. Le train s'arrête et je cours jusqu'à la fac. Je dépasse le grand pont et le parc puis je me rends aux toilettes en larmes. Effectivement, mes vêtements ont des références absurdes concernant les vampires. Je ne comprends pas pourquoi est-ce que j'ai cette obsession pour eux. Tout ce que je sais, c'est que leur monde est le mien. Ma mère a toujours évité de me dire, qu'après l'accident, je vivais comme les vampires. Je me couchais les mains jointes sur la poitrine, et je cherchais des chauves-souris dans tous les recoins du jardin. Mes parents étaient inquiets à cette époque. Depuis que j'ai 23 ans, j'essaye d'être raisonnable. Ces créatures restent quand même un problème car ce type, mon sauveur, hante toujours mon esprit. A force de pleurer, je n'ai pas vu le temps passer. Dès que je sors de la cabine, je reçois un message, celui d'une amie de la fac :

Catherine : Coucou ☺ Tu ne viens pas aujourd'hui ?

Moi : Non...

Catherine : D'accord Rebecca, j'espère que tout va bien. Je te prendrai les cours ! Bisous ☺

Je quitte la fac et je préviens Bérénice que je vais venir plus tôt que prévu. Je sais qu'elle a cours mais je préfère l'attendre devant chez elle plutôt que de rester ici, à la fac. Je prends le métro comme elle habite à Paris en semaine et je m'installe sur un siège près d'un groupe de jeunes. Ils me regardent bizarrement et me lancent des regards dégoûtés. Je m'en fiche ! Pas loin d'eux, un autre jeune homme me mate. Je fais mine d'esquiver son regard et lui fait de même. Son regard se tourne ensuite vers une fille rousse, isolée, dont les vêtements paraissent plutôt chics. Je le vois s'avancer près d'elle avec passion. Elle a l'air surprise de le voir. Elle descend à la station Pyramides et lui aussi. Je ne peux pas m'empêcher de les suivre pour comprendre le comportement de cet individu. La fille commence à accélérer le pas vers les escaliers. Le type la rattrape et lui tire les cheveux. Mon souffle se coupe... Je ne sais pas comment réagir... La fille sort quelque chose de sa poche. On dirait une arme à feu. Non ? J'ai un doute ! Je n'avais jamais vue cela auparavant. L'arme explose sur le champ, les pièces tombent et se transforment en cendre. Elle tente de se débattre mais le mec est sacrément fort. Je l'observe hypnotisée, mais mes jambes ne veulent pas réagir. Des gouttes de sueur coulent de mon visage, et mon cœur se noue... Le mec est blond aux yeux bleus, pâle comme un linge mais beau comme tout. La fille hurle, alors que le temps s'arrête autour de nous. Il n'y a personne sauf eux et moi. Je vois la demoiselle qui le repousse, qui lutte pour sa survie, pendant que lui l'étrangle. J'essaye de sortir mon portable pour signaler l'agresseur mais mes mains sont trop moites... Soudain, il pose sa main sur sa bouche contre le mur et lui mord le cou. Prise de panique, je recule légèrement. La fille hurle de douleur, ses yeux deviennent de plus en plus rouges. Elle bave, agonise sous le regard puissant de cet homme... Il mord et aspire son sang jusqu'à la dernière goutte. Je laisse échapper un cri terrible ! Je suis tétanisée et je ne peux toujours pas bouger. Attiré par ma voix, il me regarde, et la laisse tomber. Elle s'écroule sur le sol sans que je puisse lui venir en aide. Ses yeux se sont retournés dans leurs orbites et ses dents sont toutes tombées les unes après les autres. La pauvre... Je commence à me sentir mal, au point de vouloir vomir et m'évanouir. Lui, il se rapproche au fur et à mesure. A ce moment, un insecte passe devant mes yeux : une mouche. Elle vole lentement comme si le temps était au ralenti... Il arrive enfin à mon niveau à vitesse réelle et me montre ses canines. Des canines de vampire, des canines incroyablement pointues... Le sang coule de ses lèvres et ma bouche tremble.... Son haleine dégage une odeur répugnante... Il se penche pour atteindre mon cou, je ferme les yeux et mon sang se glace.

— Les rêves deviennent réalité au moment où on s'y attend le moins...

Sans ouvrir les yeux après l'avoir entendu parler, je ne sens pas les portes qui s'ouvrent derrière moi. Je tombe à l'intérieur du train sous le regard des gens amusés. Je regarde l'endroit où se trouve la fille mais elle n'est plus là... Son corps a disparu... Elle est morte sous mes yeux sans que je puisse l'aider... Le mec étrange n'est plus là... Le vampire, oui c'était un vampire ! Je suis tremblante de peur. Je constate que mes mains n'ont cessé de trembler. Je viens d'assister à l'agissement d'un vampire ! Personne n'a rien vu ! Je dois vite retrouver Bérénice pour lui dire ce que j'ai vu. Je suis affolée :

Moi : Bérénice je sais que tu as une conférence à laquelle tu voulais participer mais là c'est une urgence capitale. J'arrive bientôt.

Les Dociles - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant