45 || Light it up

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- Si vous n'y arrivez pas. Alors pensez à quelque chose. Un évènement important de votre vie qui pourrait vous aider à extérioriser cette magie. Cela pourrait être un bon comme un mauvais souvenir. Tout dépend de comment vous êtes.

La première chose à laquelle je pensai fut Elena bien sûr.
La nuit où tout avait tourné au cauchemar.
Je revis cette aveuglante lumière rouge tandis que la voix de ma meilleure amie emplissait mes oreilles dans un cri de terreur.

Des picotements se firent aussitôt sentir dans mes jambes. Tandis que je retenai tant bien que mal les larmes de couler, les picotements remontèrent à travers mes mollets. Mes cuisses. Mes hanches. Mon ventre.

Ce qui m'inquiétais c'était que je n'étais pas certaine que ce soit moi qui contrôlais tout ça.

Cependant maintenant, je ne pouvais plus enlever ce souvenir de mon esprit. Je revoyais chaque détail. Je ressentais l'herbe légèrement humide sous mes mains. La dureté de l'écorce dans mon dos. La fraicheur de la nuit.
Et la rage m'envahit de nouveau.
Cette colère était dirigée directement vers moi même.

Si seulement j'avais fait quelque chose, n'importe quoi pour l'aider, plutôt que de rester cachée derrière mon arbre comme une lâche.

Je me mordis la lèvre, tentant de contenir ma colère, tandis que je sentais ces picotements s'intensifier dans le bout de mes doigts. Les doigts de ma main gauche étaient serrés autour de ma baguette. Si bien que j'eus peur de la briser. Mon poing libre se serra également.

La scène repassait en boucle et en boucle dans mon esprit embrouillé.
Encore et encore.
La lumière, les cris, le silence.
La lumière, les cris, le silence.
La lumière, les cris, le silence.
La lumière, les cris, le silence.

Mes dents enserrèrent si fort ma lèvre inférieure que je crûs sentir mon sang sur ma langue.

La lumière, les cris, le silence.
La lumière, les cris, le silence.
Tout allait si vite que j'en perdais le fil. N'étant même plus capable d'arrêter tout ça. C'était contre ma volonté.

Puis tout à coup, tout changea.
Je revis maintenant ma photo sur le mur du comissariat. Je ressentais ce que j'avais ressenti en voyant ça. La haine et l'incompréhension. L'ampoule éclata de nouveau sous mes yeux. À cette époque je ne pensais pas que c'était dû à moi.

Je revoyais maintenant tous les récents évènements en version accélérée.

Bob. Notre rencontre avec ce groupe du lycée, les néons et les fenêtres qui avaient éclaté. Paul. Comment j'avais dû quitter les Zark. Mon arrivée dans ma "nouvelle maison".

Tout ça était un mélange intense d'émotions.
Mon bras tendu se mit littéralement à trembler.
Cependant l'instant d'après il subit comme une sorte d'énorme impulsion.
Comme s'il avait subit une grande onde de choc. Ou plutôt comme s'il l'avait lancé.

J'ouvris les yeux, à bout de souffle et observai avec stupéfaction un éclair blanc aveuglant et bruyant jaillir du bout de ma baguette, et allant s'écraser contre le tableau au bout de la salle.

Les yeux écarquillés et la respiration incertaine je regardai la petite marque noire laissée sur le tableau, face à moi.

Mon bras se rabaissa lentement tandis que je tentai de contrôle ma respiration.
Lorsque mes poings se desserrèrent je remarquais les formes de demi lune laissées par mes ongles dans mes paumes rougies.

Le silence s'installa. Mon cœur battant à tout rompre était la seule chose que j'entendais.

C'est moi qui avais fait ça ?

Tandis qu'un tas de questions emplissaient mon cerveau, une voix s'éleva.

- Brittany.

Je relevai le visage vers Miss Morgan. Ayant jusqu'à présent oublié son existence. Comme celle des trois élèves qui avaient le regard braqué sur moi.

J'avalai lentement ma salive, et essuyai les larmes fugitives dans mon cou.

- Pardon. Je n'ai pas réussi à contrôler...

Elle se rapprocha de moi, les bras croisés. Alors que je me préparais à recevoir une remarque tranchante, elle dit d'une voix douce.

- Ne t'excuse pas. Tu es ici pour apprendre.

Je hochai doucement la tête, toujours choquée de ce qui venait de sortir de ma baguette. De ce que je venais de créer.

La sonnerie de fin de cours retentit alors.

Athénaïs, Caleb et Alaric commencèrent donc à se diriger vers leur table pour reprendre leurs affaires.
Je vis Alaric sortir de la salle, mais n'eus pas la force nécessaire pour le poursuivre. Je me sentais vidée.

Lorsque je me remis enfin à marcher en direction de ma table, il n'y avait plus personne d'autre que Miss Morgan et moi.

- Attends une seconde.

Je me retournai vers elle, toujours dans un état second.

- Est ce que je pourrais te parler ?

Et bien à vrai dire ça m'arrangeait. Je pense que je serais mieux ici au calme que dehors avec tout le monde.

- Je crois que tu devrais t'asseoir. Tu es toute pâle.

Je remarquai qu'effectivement mes jambes tremblaient sous mon poids. Je repris donc ma place tandis qu'elle partit s'appuyer contre son bureau.

Je fermai un instant les yeux, sentant ma tête me tourner. Dans le magasin je m'étais carrément évanouie quand on y pense.

Lorsque j'ouvris de nouveau les yeux, elle avait la tête penchée sur le côté, paraîssant réfléchir.

- Ce à quoi tu as pensé, avant de créer cette énorme source d'éléctricité...

Je me pinçai les lèvres avant de détourner le regard.
Je fis également attention à fortement presser mes mains l'une contre l'autre avant de les coincer entre mes cuisses pour qu'on ne voit pas qu'elles tremblaient comme des feuilles secouées par le vent.

- Brittany ce que tu viens de créer était extrêmement puissant pour une première année. Et il est de mon devoir de vérifier que... disons tout va bien pour toi.

Je relevai vers elle un regard traduisant toute ma colère refaisant surface.

- Que tout va bien pour moi ?! Qu'est ce que c'est censé vouloir dire ?

Elle resta un instant silencieuse, mais finit par se redresser, et vint s'asseoir sur la chaise juste devant moi.

- Nous n'avons vu que très peu d'élèves de première année avec une telle... puissance, et intensité. Et on a découvert que certains d'entre eux avaient un passé très lourd dont ils n'arrivaient pas à se débarasser. Tandis que certains étaient justes... mauvais, et ont très très mal tourné. On a également vu un mélange des deux d'ailleurs.

Je détournai de nouveau le regard.
Même ici on me voyait comme un danger pour tout le monde. Fantastique, j'étais un cas désespéré.

- Je crois que ça pourrait être bien que tu parles à quelqu'un. Tu sais nous avons une personne très qualifiée qui pourrait te recevoir et t'écouter.

Je secouai la tête et posa mes paumes à plat sur la table avant de me relever lentement. Sentant que je n'étais pas loin de lui répondre sur un ton très désagréable, ce qui ne m'apporterait que des problèmes. Surtout vu sa réputation.

- Je devrais aller rejoindre mes amis.

Elle se racla la gorge et hocha la tête.

- Bien. Mais penses y s'il te plaît.

J'attrapai mes affaires avant de lui dire:

- Je n'ai pas besoin de voir de psychologue.

Mon ton avait bel et bien finit par tourner au désagréable.

Alors qu'elle ouvrit la bouche, je sortis rapidement de la salle sans me retourner.

Blavistain School || FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant