12) Prends ma main

45 8 1
                                    


Musique :

~ Already gone ~ Sleeping at last

****

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

****

Tu es là, préoccupé par ce qu'il se passe autour, par ce que Pierre, Paul ou Jacques peut bien te raconter. Je ne t'ai jamais vu aussi intéressé, tu en oublierais le reste.

Et moi... je suis là, à tes côtés, à vous écouter parler. Je ne dis rien, je ne vois pas quoi dire. Je ne veux pas déranger. Je me contente de faire la plante verte, un sourire aux lèvres.

Tu es ce genre de personne qui m'épate. Tu parles à tout le monde, sans le moindre problème. Sincèrement je ne sais pas comment tu fais.

Moi, je n'y arrive pas. Je n'ose pas, je n'aime pas. J'ai peur des autres, peur de ce qu'ils peuvent penser, peur de ne pas leur plaire. Je n'aime pas la présence des autres. Ils me font peur. Je n'ai pas confiance.

Mais ce n'est pas grave. Peu m'importe.

Je souris encore et encore. Je fais genre d'être cette fille naïve, timide. J'immite la parfaite personne. Je ne suis pas chiante. Je ne suis pas prise de tête. Je ne suis pas... moi...

Mais regarde. Ouvre les yeux...

Prends ma main.

Elle est là, à quelques centimètres. Je voudrais que tu l'attrapes, que tu l'enlaces à la tienne. Je voudrais que tu la caresses, que tu me dises ces mots que je voudrais entendre.

Dis-moi que ça va aller, que toute cette merde n'est que passagère.

Dis-moi que tu m'aimes, que toi, tu seras toujours là pour moi, que tu ne me laisseras jamais.

Dis-moi ces mots... ces mots qui me feraient réagir... ces mots qui me donneraient envie de faire des efforts...

Je sais que je reste silencieuse, que je tire souvent la gueule. Mais c'est juste que ça ne va pas, que je ne me sens pas à ma place, que je ne sais plus où aller.

Mais j'ai beau essayer de la rapprocher. Tu ne comprends pas.

Prends ma main.

Regarde. Elle est là, à quelques millimètres.

Mais qu'est-ce que tu attends pour la prendre ? Elle n'attend que ça... je n'attends que ça... Mais à force d'attendre, on se perd, on se nuit.

Tu es trop occupé : je peux le comprendre. Alors je ne dis rien. Je m'enferme dans ma bulle, je m'éloigne de tout, de toi.

Ce n'est pas contre toi. Je ne veux pas te déranger, je ne veux pas t'inquiéter. Et je me dis "mais qu'est-ce que ça peut lui foutre ?" ; "pourquoi le déranger pour des balivernes ?" ; "ça l'intéresse vraiment ?".

Et j'en passe...

Prends ma main.

Regarde. Elle est là, elle frôle ta peau.

Elle te réclame. Je te réclame. Tu me demandes de te parler de mes problèmes, de te montrer que ça ne va pas, par peur de ne pas le voir toi-même. Mais tu es encore occupé. Alors tant pis.

J'aimerais tout te raconter. J'aimerais que tu puisses me comprendre. J'aimerais en finir avec tout ça, définitivement. Mais je ne peux pas.

Je voudrais me libérer de ce poids, te demander de m'aider. Mais je n'y arrive pas, encore une fois.

Mais putain, qu'est-ce que je me déteste ! J'en veux au monde entier. Tout me saoule. Ils me saoulent. Tu me saoules. Je me saoule. Je suis une putain d'ivrogne, ivre de mes tourments !

Prends ma main.

Regarde. Elle est là, à deux doigts d'être entrelacée avec la tienne.

Ça ne va pas, alors attrape-la. Elle le veut. Je le veux. Et toi ? Le veux-tu ?

Je ne sais pas si je compte réellement pour toi. Je ne sais pas si je suis quelqu'un de passage. Je ne sais pas si tu me remplaceras par d'autres. Il y a mieux comme fille, comme amie, comme petite amie...

Tu ne comprends pas ? Tu ne comprends pas pourquoi je suis comme ça ? Tu ne comprends pas pourquoi je réagis comme ça ?

Je suis irritée aux moindres paroles. Elles me blessent, même si c'est pour rire. Imagine les rôles inversés. Tu le prendrais comment ? Ah mais oui ! Tu rigolerais ! Parce que c'est pour rire. Y a rien de méchant.

Mais t'as vu comment tu réagis quand c'est moi ? Tu as vu les proportions que ça prend ?

Non. Tu ne vois rien. Tu fais ton malin, tu ne penses pas aux autres. Tu ne penses pas à leur ressenti. Tu ne penses pas aux conséquences.

Mais que dire ? L'être humain est comme ça : une pourriture incarnée.

Prends ma main.

Regarde. Elle est là, nos doigts s'entrelacent.

Je sers ta main. Je retiens mes larmes déchues. Je retiens mon corps qui est au bord du précipice.

Aide-moi. Retiens-moi.

Ton regard se pose enfin sur moi. Ça y est ? Tu es prêt à m'écouter ? Tu vois enfin que ça ne va pas ? Tu t'inquiètes enfin ?

J'aimerais te dire qu'il n'est pas trop tard, que je n'ai rien fait. J'aimerais te dire que je me porte bien, que je ne veux pas abandonner. J'aimerais te dire que je n'ai jamais rencontré tout ça, que la fin n'est pas proche.

Mais ce n'est pas ce que je dois te dire. Ma vie n'est pas aussi joyeuse, pas aussi simple. Comme tout le monde tu me diras.

Sûrement. Mais chacun a sa manière de résister. Tu es la mienne. Alors...

Prends ma main.

Ne me lâche pas. J'ai peur de ce qu'il peut arriver. J'ai besoin de toi pour avancer.

Ne me lâche pas, même si je t'envoie chier.

Ne me lâche pas, et dis-moi les mots à dire. Dis-moi que je vais m'en sortir. Dis-moi que tu seras toujours là. Dis-moi que je n'ai rien à craindre.

TextesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant