15) Oui, Non

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Tu as l'impression que le temps joue contre toi. Tu entends le "tic-tac" incessant, comme pour peser le pour et le contre, comme pour te dire "oui, non".

Que faire ?

Tu t'occupes comme tu le peux. Tu tues le temps avec ce que tu aimais faire avant : dessiner, jouer, te perdre sur les réseaux sociaux, écrire... Or tu ne fais plus tout ça parce que tu apprécies, mais plutôt pour te changer les idées.

Mais vous savez, ça ne dure qu'un temps...

Dessiner devient une vraie catastrophe. L'envie n'y est plus, alors tu n'y arrives plus. Et tu abandonnes, et tu te lasses.

Jouer te provoque un mal de crâne soudain. Tu en as assez, tu perds, tu t'énerves. Tu laisses tomber.

Pour ce qui est des réseaux, ce n'est pas tellement mieux. Ils te montrent à quel point tu es insignifiant, à quel point ta vie est pourrie jusqu'au bout. Tu n'as plus rien à y faire.

Écrire te permet de ne pas y penser, de ne pas succomber à la tentation de recommencer. Mais elle t'envoie ces décharges dans la main qui te font souffrir.

Le dos tourné à la table de chevet, tu écris encore. Tu ignores la souffrance : on dit que la douleur n'est que dans la tête. Peut-être qu'au final tu imagines tout ça, peut-être qu'il n'y a rien de réel.

Pourtant l'envie de te retourner, elle, est bien présente. Mais tu ne dois pas oublier la promesse que tu as faite. Tu as failli une fois, ne la brise pas encore. Résiste, et ne succombe pas.

Mais pour combien de temps encore ?

Tu te retournes, tu t'assis sur ton lit, et tu la regardes. N'ouvre pas le tiroir, et éloigne-toi du noir. Tu peux encore échapper aux griffes de ce démon.

Oui, non ?

Tu approches ta main, l'ouvre, en tremblant. Tu sais autant que moi que c'est une mauvaise idée, il est encore temps de le refermer.

Descend rejoindre tes parents, parle leur, essaie d'oublier cette envie constante. Crois-moi, recommencer ne va rien t'apporter de bon...

Mais tu n'en fais rien. Tu plonges ta main dans le tiroir, avant de tomber sur l'objet de tes ardeurs. Repose-le. Ne joue pas à ça. Tu ne dois pas faire ça.

Tu l'obserses minutieusement, le tournant dans tous les sens. Les images du passé resurgissent, et tu n'en peux plus. Tu te seule seule, totalement à bout. Il n'y a quasiment plus rien qui te retient : quelques personnes, et encore !

Oui, non ?

Tu voudrais plus ou moins en finir. Tu en as marre, tu te sens terriblement mal. Que devrais-tu faire ?

Appeler quelqu'un ? Te confier ?

Ne rien dire, subir en silence une fois de plus ?

Ne rien dire, et essayer d'en finir ?

Non, tu sais très bien que tu n'arriveras pas à aller jusqu'au bout, tu n'en as pas le courage. Alors recommencer ne t'amènera rien de bon : on va finir par le voir, on verra que tu n'auras pas honoré ta promesse.

Perdue tu le gardes entre tes mains, tu le rapproches de ton bras. Mais sans aller jusqu'à le traverser. La pointe frôle de peu ta peau, mais tu n'appuies pas. Tu n'as pas le droit.

Puis tu secoues la tête, tu te rends compte de ta bêtise. Tu lances le compas au fond de ta chambre de toutes tes forces. Tu n'aurais pas dû y toucher, tu aurais dû le laisser où il était.

Tu replies les jambes contre ton ventre, les larmes aux yeux. Elles finissent par couler le long de tes joues, pour finir dans ton cou.

Tu voudrais que le temps avance plus vite, que ça se termine. Mais jusqu'à quand ça va durer ?

Essaie d'oublier, ça va s'arranger à un moment ou un autre. Pense à ceux que tu aimes, à ceux qui sont encore là. Ne t'isoles pas, reste avec eux. Tu verras ça ira mieux...

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