Textes

19) Toujours plus

"Aujourd'hui, je ne trouve pas les mots à dire. Je suis complètement perdu. Je suis complètement étranger à tout ce qui se trouve autour. Je ne fais attention à rien, à personne.

Je suis entouré de monde, mais seul dans ma bulle. Ne m'en veux pas si je te parais distant, ignorant, méprisant. Je ne veux simplement plus faire d'effort, je veux être tranquille.

J'ai besoin de réfléchir, de faire le point sur certains trucs. J'ai besoin de me poser les bonnes questions, de trouver les bonnes réponses. Mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus simple.

J'aimerais sincèrement pouvoir faire comme avant. Tu sais... sourire comme un idiot, rire pour trois fois rien, paraître heureux.

Mais il faut croire que je ne suis plus un si bon acteur. Aujourd'hui, je n'arrive pas à faire ce putain de sourire, je n'arrive plus à rire sur commande, je n'arrive plus à te faire croire que ça va. 

Mais j'arrive à me renfermer. J'arrive à t'envoyer chier au moindre truc qui me touche. J'arrive à être dégoûté du monde qui m'entoure. J'arrive à retomber dans le précipice.

Je t'avoue que je ne voulais pas y retomber. Je voulais croire que c'était passé, que j'en avais fini avec tout ça. J'ai été bien naïf.

Je ressens ce putain de vide, comme avant. J'ai cette putain de boule dans la gorge. J'ai ce putain de mal de ventre. J'ai envie de rien, je veux juste qu'on me foute la paix.

Oh mais tu sais, sinon ça va.

Après tout, c'est rien. Rien du tout. Je vois pas pourquoi j'en fais tout un plat, tout le monde a un coup de mou en ce moment, tout le monde a l'impression que c'est une journée de merde, une semaine de merde, un mois de merde, une année de merde, une vide de merde.

Je suis comme tous les autres : quelqu'un qui ne sait pas s'estimer heureux avec ce qu'il a, qui veut plus, qui a peur de l'abandon, qui se sent seul ; quelqu'un qui n'a rien de bien intéressant, qui est insignifiant, qui est invisible ; quelqu'un qui en a marre, qui est à bout, qui pense à la fin. Un ado dépressif, rien de bien changeant.

Laisse-moi donc sombrer. Mon caractère te saoule n'est-ce pas ? Oh mais tu sais, ce n'est rien. Je pourrais faire bien pire, estime-toi heureux que j'arrive encore à me canaliser.

Puis tu feras comme les autres, tu vas fuir. Tu vas me laisser, tu vas faire en sorte qu'on ait plus à se parler, tu vas m'abandonner.

J'imagine que tu attends que je vienne te demander pardon. Et bien tu peux attendre longtemps. Je ne m'excuserais pas de râler, je ne m'excuserais pas de me renfermer, je ne m'excuserais pas de souffrir et de ne plus vouloir continuer ainsi.

Tu peux cracher dans mon dos autant que tu le veux. Je ne t'entends plus. Je ne te vois plus. Je suis dans ma bulle.

Tu sais, je n'en peux plus de tout ça. Je veux que ça s'arrête. Je veux avoir la paix. Je veux le bonheur sans noirceur. Je veux donner mon amour et être aimé en retour. Je veux vivre la vie à pleines dents. Je veux toujours plus."

L'être humain est ainsi. Il ne sait pas se contenter de ce qu'il a, il ne pense pas à ceux qui n'ont rien. Il pense qu'il est un souffre douleur, qu'il est au plus bas. Il en fait des tonnes, pour paraitre intéressant.  Mais il oublie qu'il a pire que lui. Il oublie qu'il existe des âmes brisées pour bien plus que le petit coup de mou qu'il vit. Il veut toujours plus.

Oui. Il veut toujours plus, négligeant ce qu'il a déjà. Il veut l'impossible, et finit par se plaindre de ne pas avoir ce qu'il veut...