2) J'étais là

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Ça t'est déjà arrivé de faire une promesse - que tu comptais à tout prix tenir - ? Je sais, ma question doit te sembler étrange, sans vraiment de sens. En fait, je me doute que c'est le cas. À croire que les questions rhétoriques me plaisent bien. Mais dis-moi sincèrement, as-tu fait en sorte de l'accomplir ?

Moi, j'ai tout fait pour. Je voulais que ma promesse prenne forme, pour qu'elle ne soit pas qu'un souhait, simplement la réalité. Malgré tout ce que j'ai traversé pour cette personne, j'ai toujours tenu bon, toujours pardonné. C'est fou, non ?

Critiques, tromperies, mensonges... J'ai subi tout ça, j'ai tenté d'oublier, or j'ai surtout appris. Méfie-toi des autres, même de ce qui sont les plus proches de toi. Sais-tu pourquoi ? Même si tu accordes ta confiance à des gens dits "fiables", tu finis toujours par connaître des vertes et des pas mûres.

Ça peut paraître idiot, pourtant je n'arrive plus à penser correctement. Quand elle parle, je me demande si elle dit vrai, ou si elle ment encore une fois. Cependant ce n'est pas réellement le pire... Je n'ai jamais eu mes réponses, ou peut-être quelques-unes. Puis ce n'est pas comme-ci que je les apprends par elle.

Et elle s'éloigne ! Et elle se rapproche ! Je me sens comme enfermée dans un cercle vicieux. Si je continue dans cette lancée, je vais me perdre. Je devrais abandonner, or je me suis toujours accrochée à ce lien - qui me semblait réel.

Lorsqu'elle part, je me dis que c'est de passage. Apparemment, j'ai fait encore quelque chose de mal. J'ai toujours été maladroite dans mes amitiés, sans doute que je le suis encore une fois de plus. Je ne sais pas vraiment si j'en peux quelque chose, mais trouver une raison me rend moins nostalgique. Alors c'est de ma faute, du moins c'est ce que je me dis, et sans doute ce qu'elle pense.

Quand elle revient, tout est beau, tout est rose, tout redevient comme avant. Enfin pour moi. Tu ne sais jamais ce qu'autrui peut bien penser. L'hypocrisie semble tellement irréelle. La voir paraît compliqué, surtout quand tu es caché derrière un écran. Et elle se plaint, et elle déprime, et elle te dit que tout est compliqué dans sa vie.

Puis elle s'en va quand tout s'arrange de son côté. Je n'existe plus, je ne suis plus que l'autre. Tu sais l'autre, celle à qui on se confie quand tout va mal. Et quand ça va mieux, on ne bavarde plus, si ce n'est que les banalités.

Elle s'exhibe, me montre que je ne suis qu'un passe-temps, et maintenant qu'elle a retrouvé son amie, sa véritable amie, tout va encore changer. Les rôles s'inversent, et une nouvelle scène commence. Ce n'est pas la première fois que ça arrive de toute façon. Mais cette fois, c'est bien la dernière : je ne me ferais plus avoir !

J'ai cru en nous, en ce que l'avenir pouvait nous apporter ensemble. Mais visiblement ce n'est pas assez. J'ai fait confiance, j'ai espéré. On était bien parti, pourtant voilà où nous en sommes : chacune de son côté. Je veux bien faire le premier pas, mais si c'est pour me parler comme ça, qu'elle évite de répondre tout simplement.

C'est peut-être mieux comme ça, pourtant même si je ne l'avoue pas ça me blesse. On a beau dire qu'on va rattraper le temps perdu, recoller les morceaux, ça ne marchera plus. Tu ne retrouves jamais ce qui est brisé, si ce n'est que quelques morceaux par-ci et par-là. Et ce n'est pas assez.

A présent si elle revient, je n'irais pas dire que je la repousserais et l'enverrais bouler. Je répondrais sagement, mais sans plus rien espérer de cette fille. C'est fini tout ça. Je m'attacherais plus comme avant. Et si elle lâche tout, ne me parle plus, je n'irais pas me plaindre. J'accepterais cette situation.

J'étais là, j'ai toujours été là, même dans mes moments les plus sombres, où je ne me sentais pas bien. J'ai toujours laissé passer les autres avant moi. Et j'ai bien trop été stupide. J'aurais dû penser à moi. J'aurais dû faire ce qui était le mieux pour moi. J'aurais dû ne pas croire en elle.

Les "j'aurais dû" ne changeront malheureusement rien. Oui je regrette et oui j'aurais voulu que tout soit diffèrent. Or je ne peux pas faire autrement : je subis encore. Soit je n'ai plus de force. J'ai beau me montrer bien au point, souriante, à l'intérieur de moi se trouve l'orage. Le tonnerre gronde, et la pluie estompe mon chagrin.

Je devrais plutôt me sentir libre. Elle m'a peut-être libérée de mes chaines mais inconsciemment elle m'en a mis des nouvelles. Prisonnière de mes promesses, je ne peux que la briser. Oui j'étais là, et je l'aurais toujours été, mais son masque est tombé.

J'étais là, mais ça elle l'a surement oublié. Ce n'est plus si grave. Je sais vers qui me retourner. Je tire un trait sur le passé, encore une fois. J'espère que les nouveaux horizons seront meilleurs. Et même si mon cœur se serre, j'ai besoin de ce nouveau départ. Pour une fois, je vais penser à moi, à ma vie, à mon futur. Et c'est le plus important.

Moi j'étais là. Et toi ? Dis-moi, dans quel cas es-tu ? Est-ce que ça t'es déjà arrivé de donner de faux espoirs ? Si je peux me permettre, laisse-moi te donner un conseil : ne fais qu'une promesse si tu es sûr de la tenir. Ne fais pas espérer autrui sans qu'il n'y ait de suite. Pense à la souffrance que tu pourrais créer...

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