L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)

Chapitre 10

02/05/224, 13h05

Lucie regardait le plafond de la salle d'histoire, les yeux vides de toute expression. Elle était comme ça depuis cinq jours, depuis qu'elle avait cru entendre cette phrase. Banale, certes, mais glaçante, de part son sens caché.
Et ce cri.
Surtout ce cri. Qui la hantait quand elle repensait à la nuit où ils avaient communiqué pour la dernière fois.
Et ce nom, qui tournait, tournait en boucle dans sa tête.
"Je m'appelle Ethan."
Bien qu'il n'ai rien de spécial, ce prénom lui faisait froid dans le dos. Peut-être parce qu'elle ne sentait plus sa présence de l'autre côté du mur ?
Cinq jours que Lucie ressassait ce pénible souvenir. Elle voulait savoir mais ne savait pas comment s'y prendre.

— Mais pourquoi tu as disparu ?

— Comment mademoiselle ? s'éleva une voix qui la fit sursauter.

Lucie redescendit sur Terre.

— Oui ? Oh, pardon monsieur, vous disiez ?

M. Owkins soupira et fronça les sourcils, signe de contrariété.

— J'aimerais que vous me dites à quoi vous pensiez.

— Euh... (elle farfouilla dans ses ressources mensongères). Eh bien... à rien du tout.

Son professeur haussa un sourcil.

— Enfin, je veux dire, je pensais à un rêve. Dedans il y avait un lapin et... (elle claqua des doigts). Mais oui ! C'est ça ! Je pensais juste à Alice au Pays des...

— Stop, la coupa sèchement l'homme. Je n'ai pas besoin d'en entendre plus.

— Excusez-moi.

— Que vient faire une histoire fantastique dans mon cours d'histoire ?

— Rien monsieur.

— Puisque vous êtes constamment dans la lune depuis le début du cours, vous allez rendre visite à la salle de correction.

Lucie pâlit.

— Non ! Je vous en prie ! Je vous assure que...

— On ne discute pas les ordres des adultes ! s'énerva M. Owkins.

— Mais...

— Pas de mais. Veuillez me suivre.

Résignée, la jeune fille emboîta le pas à son professeur. Il la conduisit à une grande salle, contenant plusieurs machines à l'aspect redoutable. Lucie se crispa en entendant un homme trapu avancer vers elle avec un long manche en bois dans les mains.
Il salua son professeur d'histoire et se tourna vers Lucie avec un rictus sadique.
M. Owkins lui expliqua le problème.

— Cette jeune insolente ici présente refuse de participer convenablement à mon cours. Je souhaiterai que vous fassiez le nécessaire pour la rappeler à l'ordre.

Sur ces mots il marcha d'un pas rapide vers la sortie, non sans avoir lançé un regard mauvais rempli de triomphe à Lucie, qui le fixa de ses yeux devenus noirs. Elle se retint à temps de lâcher une pique à son attention, craignant de s'attirer plus de foudre.
Alors, elle l'envoya au diable en pensée.
C'est à ce moment que Severina choisit d'apparaître. Étonnée de voir la blondinette dans la salle de correction, elle s'enquit auprès du grassouillet. Puis la jeune femme adressa un signe de tête désapprobateur à Lucie.

— Mais, Severina ! la pria cette dernière. Je n'ai rien fait pour me retrouver ici !

— Il faut croire que si. Maintenant, si tu permets, j'ai d'autres chats à fouetter.

Lucie regarda son assistante en se demandant qu'elle mouche l'avait piquée. Avant, elle aurait pris sa défense, mais là, elle lui avait donné l'impression de s'en foutre comme de la dernière pluie.
"Comment peut-elle me faire ça ?" s'offusqua Lucie, attérée.

— Viens ici jeune fille.

Elle se retourna vers l'homme, qui lui pointait du doigt le premier instrument de torture.