Chapitre 27

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- Vos rôles ? répéta Lucie. C'est-à-dire ?
- Tu crois vraiment que l'on ne fait rien ici ? lui demanda Carlos d'un air rieur.
La jeune fille baissa la tête, honteuse.
- Non, bien sûr que non.
- C'est pour ça que je vais te montrer toutes les activités que nous faisons pour entretenir cet endroit tel qu'il est.
L'adolescent l'entraîna dans une salle où étaient stockés des cartons et des vêtements. Il tendit le bras et attrapa un tableau, sur lequel le nom de tous ceux qui vivaient ici était noté.
Une acolade les départageait en plusieurs groupes.
- Ici on répertorie les différents travaux attribués à chacun de nous. Nos rôles attitrés le restent définitivement, sauf exception.
Il leva un doigt.
- Non. Tu attends que je termine.
- Mais je n'ai rien dit ! s'offusqua la blondinette.
- Tu es trop prévisible.
- Ah ouais ? On verra bien si je le suis autant que tu le penses, le prévint Lucie.
Carlos ricana et reposa le tableau.
- Tu feras tes preuves bientôt. Viens.
Ils sortirent de la pièce.

***

Le garçon la conduisit dans une pièce richement équipée comparé au reste des lieux.
- Voici la cuisine. Quand je suis arrivé ici, elle était déjà là.
- Peut-être qu'elle était utilisée par des habitants de l'immeuble avant les éruptions solaires.
- Sûrement, même. Elle était sâle, on a dû la décrasser de fond en comble.
- Et l'électricité ? demanda Lucie.
- Déjà installée. Ainsi que tout le reste.
- C'est fou, murmura l'adolescente. À croire que WICKED veut dégrossir notre pétrin.
- Hum...ça se tient, mais n'oublions pas que son but avant tout, c'est de nous étudier, et ce, dans les meilleures conditions possibles.
- Comme le Labyrinthe, en somme.
- Exactement.
Lucie observa le mobilier. Le tout semblait en bon état.
- Et donc ? Les travaux ?
- Ah oui ! se reprit Carlos. Il y a cinq groupes d'activité. Les nettoyeurs, les cuisiniers, les guérisseurs, les codeurs et les...éclaireurs.

L'adolescent avait hésité avant de prononcer ce dernier mot. Comme si il était plus important, plus dangereux, peut-être, que les autres rôles.
Carlos avait malgré lui attisé une fois de plus la curiosité de Lucie, mais cette dernière se retint de poser des questions.

- Les nettoyeurs sont ceux qui s'occupent du ménage dans les lieux de vie. Ils entretiennent la propreté.
- Je vois.
- Ensuite, il y a les cuisiniers. La cuisine c'est leur lieu de travail. Ils préparent à manger pour tous les trappers.

"Les trappers ?" se demanda la blondinette.
Carlos sembla remarquer sa mine indécise, car il se râcla la gorge.
- Pardon, c'est vrai que je ne t'en ai pas parlé. Les trappers, c'est nous.
- Mais trappers en français, c'est trappeurs, non ?
- Oui, et ? fit Carlos, qui ne voyait pas où la jeune fille voulait venir.
- En quoi sommes-nous des chasseurs ?
- C'est une métaphore en quelque sorte, Lucie. Nous sommes à la recherche du bonheur, nous le chassons tous les jours, ainsi que la sortie qui y mène. Nous consacrons toutes nos journées à cette tâche.
- Oh...
- De plus, nous considérons cet immeuble comme un piège immense, bourré d'énigmes.
- C'est compréhensible. Combien d'étages comporte-t-il exactement ?
Son ami se frotta le menton, concentré.
- Soixante. Cinquante étages supérieurs et dix inférieurs.
- Wouah...
C'était dingue.
- Mais euh...attends...inférieurs ? Il y a un sous-sol ?
- Yep. Mais les cinq derniers niveaux sont condamnés. Quant aux premiers, d'après nos estimations, il ne doivent être occupés que par des fondus au bout du rouleau, voire morts.
Lucie frissonna.
- Ils ne risquent pas de monter jusqu'ici ?
- Ne t'en fais pas. Ils sont aveugles et leur mobilité est quasi inexistante. Par contre leur ouïe est trois fois supérieure à la nôtre.
- Vraiment ?
- Oui. Ça peut paraître peu mais c'est beaucoup. C'est un atout que eux seuls possèdent, et il est considérable.
- Pas rassurant tout ça, dis moi, rétorqua Lucie, en ricanant avec nervosité.
Devant tant de dangers, les larmes menaçaient de refaire surface, mais l'adolescente les ravala avec détermination.
Elle avait bien compris que pour survivre, elle aura besoin de se montrer à la hauteur.

***

Carlos avait ensuite enchaîné avec les guérisseurs.
- Ils font office de médecins et soignent les blessures dûes aux fondus.
- Attends...comment faites-vous pour vous procurer des médicaments et tout ce dont vous avez besoin pour vous soigner ? l'interrogea Lucie.
- Nous en recevons quotidiennement. Je t'expliquerai.
- D'accord.
- Pour en revenir aux guérisseurs, ils font partie des membres les plus importants du groupe. Sans leurs connaissances et leur savoir-faire, nos chances de survie sont amoindries.
- Normal. Où est-ce qu'ils apprennent à s'occuper des blessés ?
- Lorsque nous nous sommes départagé les rôles, ceux qui se sont proposés comme guérisseurs ont dû apprendre sur le tas. Et résultat, en s'en sort pas si mal, finalement !
- Incroyable, fit la blondinette, émerveillée. Vous avez réussi à créer un équilibre de vie organisé et bien en main, alors que nous ne sommes que des gamins !
- Ça nous responsabilise. De plus, tu constateras que quand on a la mort au cul, on surpasse sa flemme et ses limites.
- Logique.
Carlos s'asseya sur le rebord d'un plan de travail. Puis il tapota la place à côté de lui et invita la jeune fille à prendre place.
Elle s'éxecuta et soupira d'aise.
- Merci. Je n'en pouvais plus de rester debout.
- Fallait demander, dans ce cas, la taquina le jeune homme.
Lucie se tourna vivement vers lui et lui fit des yeux ronds.
- Tu te fiches de moi, là, j'espère ? se récria-t-elle.
- Même pas, la nouvelle.
- Quoi ? Alors toi...
- Quoi, moi ?
- Non rien.
Carlos leva les yeux au ciel et gonfla les joues.
- Ah, tu veux jouer à ça ? Très bien.
- Pas forcément, se défendit Lucie.
Le garçon lui sourit de toutes ses dents et Lucie ne put s'empêcher de se noyer dans les yeux bleus de Carlos. Elle sut qu'elle s'entendrait bien avec lui.

Leurs yeux restèrent accrochés les uns aux autres pendant plusieurs secondes avant que Carlos mette fin à leur échange silencieux en toussotant, embarassé.
Lucie cligna des paupières et se détacha à regret du regard envoûtant de l'adolescent.
- Alors euh...j'en étais aux euh...
- Codeurs ? l'aida la blondinette en rougissant timidement.
- Oui, c'est ça. Les codeurs sont de petits génies doués en informatique et font office de geeks et de hackers, pour résoudre les problèmes mathématiques et créer les codes de sortie, également de protection. Ils ont un rôle très important et ne sortent que très peu des étages protégés.
- Intéressant. Mais, comment ça, sortir ?
D'un seul regard appuyé, Carlos lui intima de garder sa langue.
- Pardon, s'excusa-t-elle.
Le jeune brun soupira et passa une main dans ses cheveux ébouriffés d'un air résigné.
Lucie se pencha en avant pour lui jeter un coup d'oeil interrogateur.
- Tu as zappé une dernière chose...
- Raaah...je sais, grogna-t-il.
Carlos sauta à bas du plan de travail et se planta devant la blondinette, qui arqua un sourcil.
- Bien. Il reste le plus risqué. Les éclaireurs.
Sans qu'elle ne sache pourquoi, Lucie fut attirée par ce dernier groupe. Comme par un aimant puissant. Elle se tortilla, pendue au silence que Carlos laissait volontairement planer.
- Les éclaireurs remplissent le rôle de coureurs dans le Labyrinthe. Ils explorent les différents étages et notent les numéros des portes passées, et à quelle heure, les changements observés au cours de la semaine dans les divers étages, et comparent les relevés avec les précédents pour essayer d'en tirer une solution, un schéma particulier.
- Génial, souffla Lucie. Ils font comment ?
- Ils ont toujours sur eux un carnet de notes pour les observations et des armes pour se défendre en cas de malencontreuses rencontres avec des contaminés.
- Eh ben...
Carlos hocha la tête.
- Comme tu dis, renchérit-il. C'est le travail le plus difficile et le plus dangereux. Et il ne faut pas être n'importe qui pour y prétendre.

De tous les rôles que Carlos lui avait présenté, celui d'éclaireurs était de loin le plus risqué et le plus mortel, mais aussi le plus excitant.

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Hey ! Désolée du retard pour ceux qui ont attendu (s'il y en a 😅) mais en ce moment je suis assez occupée et les idées ne sont pas toujours au RDV.

N'hésitez pas à me faire part de votre avis, c'est toujours intéressant de savoir ce que les lecteurs pensent de nos écrits.

Sur ce, j'espère que ce chapitre vous a plu et à bientôt pour la suite !

PS : Merci infiniment pour les 1k de vues ! Ça fait vraiment plaisir !

L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant