Chapitre 33

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Durant de longs instants, il n'y eut plus que le vide autour d'elle.
Plus un son, plus un bruit.
Le néant.
Le silence.
Plongé dans l'obscurité la plus complète, le corps de la jeune fille, dénuée de mouvements, flotte sensiblement à la frontière du conscient et de l'inconscient.
Puis les images des précédents évènements reviennent en mémoire.

Lucie ouvre péniblement les yeux.
Tous ses muscles la font souffrir.
Son corps affaibli, courbaturé, crie au secours, et son crâne menace d'exploser, comme si une enclûme en frappait les parois incessamment.

La blondinette gémit de douleur et se releva sur un coude pour mieux observer son environnement.
Elle aperçut un gros chiffre.
7.
"Nous y sommes. Là où Carlos devait m'attendre..." se dit-elle, l'esprit encore embrûmé.
Carlos.
Carlos.
Lucie se redressa et bondit sur ses pieds en sursaut, son regard balayant l'endroit pour tenter de retrouver le jeune homme brun.

Elle déambula dans les couloirs, découvrant un peu plus à chaque fois un spectacle macabre.

Des corps de fondus étaient allongés au sol, sans vie.
L'espace d'un instant, la jeune fille eut peur de trouver le corps de son ami parmis les contaminés mais fort heureusement, il n'en fut rien.

Bien qu'ayant envie de rebrousser chemin, Lucie avait besoin de connaître la raison pour laquelle elle s'était réveillée trois étages plus bas.
Que s'était-il donc passé ?
Tout portait à croire qu'on l'avait traînée en bas des marches.
Mais qui ? Carlos ? Les fondus qui l'avaient assommée ?
Et avec quoi d'ailleurs ?
La blondinette passa les doigts dans ses cheveux et sentit une bosse sous sa peau.
Pas de sang.

Lucie souffla de soulagement et continua sa quête.
Pas pour longtemps.
Bientôt, des bruits étouffés, indistincts, parvinrent à ses oreilles.
Elle progressa encore.
Puis elle entendit très clairement des coups. Comme si une lutte brutale avait lieu.

Le coeur battant, la trapper avança à petits pas jusqu'à un tournant.
Et son sang se glaça dans ses veines.
La jeune fille se plaqua en vitesse derrière la cloison en béton.

Carlos, visiblement épuisé et à bout de force, se battait vaillamment, aux prises avec deux fondus au bout du rouleau qui avaient l'air d'avoir le dessus sur le pauvre éclaireur en manque d'énergie.

Une réalité indéniable frappa Lucie en pleine face.
Si elle ne venait pas en aide à Carlos sur le champ, les contaminés finiraient par le tuer sauvagement et c'était hors de question pour l'adolescente.

Elle analysa la situation rapidement.
Les fondus ne l'avaient pas vue.
Elle fouilla frénétiquement dans sa sacoche, sans savoir ce qu'elle faisait vraiment, et en extirpa un long poignard rouillé.
Elle tourna l'arme et un reflet argenté parcouru la lame, lui redonnant le courage dont elle avait besoin.

Un hurlement déchirant la fit frémir comme jamais et ses muscles se tendirent.
Elle risqua un oeil et ce qu'elle vit la tétanisa.

L'un des fondus avait planté ses dents dans l'épaule de Carlos tandis que l'autre le faisait perdre l'équilibre, pesant de tout son poids sur son dos.

Dès lors, Lucie ne fut plus la même personne.
Laissant la rage l'envahir, elle s'élança hors de sa cachette et sauta sur le premier fondu.

L'homme, ou plutôt l'adolescent, à en juger par son visage et ses vêtements, bascula sur le côté et se retrouva à quatre pattes.
De la salive moussait à la commissure de ses lèvres gercées et il se passa la langue dessus.

La blondinette ne lui laissa pas le temps de se relever. Elle ferma les yeux et lui trancha la gorge d'un geste vif et précis.
La tête du fondu roula plus loin et son corps émacié fut saisit de spasmes.

Pas le temps. Lucie fit volte-face pour s'occuper du cas de l'autre contaminé, qui s'avéra être une jeune femme.
Ses cheveux poisseux lui tombaient en cascade sur ses maigres épaules et son regard féroce fixait Lucie alors qu'elle continuait de mordre Carlos.
- Lâche-le, toi ! la provoqua Lucie pour l'éloigner du garçon.
Son intervention eut l'effet escompté : la fondue poussa un grognement insatisfait et, sans prévenir, bondit sur la jeune fille qui tomba à la renverse.
Sa nuque heurta violemment le sol et arracha un cri de douleur à Lucie.
La contaminée se mit à califourchon sur Lucie et commença à la rouer de coups. La blondinette essaya tant bien que mal de se protéger le visage mais la fondue lui mordit le poignet.

Lucie jeta un oeil à Carlos. Le jeune garçon reprenait ses esprits et lança un regard désespéré et surtout inquiet à son amie.
- Lucie..., murmura-t-il. Sauve toi...
- Non ! Certainement pas ! rétorqua la jeune fille, folle de rage.
La fondue poussa un hurlement gutural et lui griffa la joue.
La brûlure fut atroce.

Soudainement, en un flash, Lucie se souvint quel était son but.
Leur but à tous.
Sortir d'ici coûte que coûte.
Alors, poussée par un regain d'adrénaline, elle banda ses muscles et propulsa la femme hors d'elle.
Celle-ci s'écrasa contre le mur en vociférant.

Lucie eut à peine le temps de ramasser son arme que la fondue s'était déjà remise debout, campée sur ses jambes flageolantes.
La folie qui se lisait dans ses yeux opâques, failli déstabiliser la blondinette une seconde de trop.
La malade fonçait déjà sur elle.
- Dé...GAGE ! cria la fondue.
Lucie déglutit.
Elle devait la tuer.

La fondue balança son bras dans la figure de Lucie et cette dernière lui envoya un poing expéditif dans le nez. Un crac répugnant se fit entendre et la femme recula par saccades.

C'était le moment.

Empoignant le poignard a pleines mains, Lucie se précipita comme une furie sur la fondue et lui planta le couteau dans le torse.
Surprise, la fondue regarda l'arme, puis Lucie.
Elle émit un faible hoquet de stupeur et tomba à genoux devant la jeune fille.

Emplie d'un sang-froid implacable, les yeux dans les yeux, Lucie tourna la lame et l'enfonça plus profondément dans la chair molle et putréfiée du fondu.
Elle toucha le coeur.

Avant de s'écrouler au sol, un éclair de lucidité passa dans le regard vitreux de la femme et elle ferma les paupières dans un dernier souffle.

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Salut ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Ai-je suffisamment bien décris les scènes de combat et les descriptions ?

N'hésitez pas à me faire part de vos impressions !

;)

L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant