Chapitre 25

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Enveloppée dans la chaleur du plaid, Lucie passa le restant de la matinée allongée sur le canapé. Sa peur était pour le moment partie, son souffle régulier.
Tout en ressassant les derniers évènements, son ventre commença à crier famine. Résolue à manger un bout, la jeune fille se leva doucement.

En se dirigeant vers la pièce principale, des odeurs alléchantes titillèrent ses narines et son estomac se mit à gargouiller.
En arrivant sur le pas de la porte qui menait à ce qui semblait être le salon, elle vit Carlos et deux autres garçons en pleine discussion, assis en rond à même le sol.
Lucie réalisa soudain que pour la première fois depuis longtemps, elle côtoyait des jeunes de son âge.

Elle se râcla la gorge pour les prévenir de sa présence.
Tous trois tournèrent vivement la tête dans sa direction et cessèrent leur conversation animée.
Carlos se leva prestement et vint à la rencontre de Lucie.
- Alors ? Bien dormi ? lui demanda-t-il.
La blondinette s'étira puis lâcha un baillement.
- Oui, merci, répondit-elle.
- Tu as faim ? Il est bientôt l'heure de manger, annonce le garçon.
Lucie hocha la tête.
- Tu nous présente, mec ? fit l'un de ses camarades en lui envoyant une bourrade amicale dans le dos. L'autre rigola sous cape et Carlos leva les yeux au ciel.
- Lucie, voici Lucas et Hector, les présenta le jeune homme en les désignant à tour de rôle.
- Enchanté, chère demoiselle, la saluèrent en coeur les adolescents.
- Salut, répondit timidement la jeune fille, en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, sous l'oeil amusé des trois acolytes.

Carlos toussota et passa un bras autour des épaules de la blondinette pour l'entraîner à l'écart.
- Ce sont en gros les deux boute-en-train du groupe, lui dit-il. Surtout, ne fais pas attention à leurs blagues pourries, elles sont souvent de très mauvais goût.
- Ok.
Ils avançèrent ainsi jusqu'à une plaque en bois clouée au mur, une feuille étant clouée punaisée dessus.
Intriguée, Lucie s'écarta de Carlos et plissa les paupières pour déchiffrer les inscriptions sur le papier.
- C'est quoi ? interrogea-t-elle, les sourcils fronçés.
- Ce tableau détaille les arrivées de chacun de nous ici, son numéro ainsi que son état viral.
- Comment ça ?
Carlos se frotta la nuque et pointa du doigt un numéro au hasard. Il s'agissait d'une fille. Inès. Elle portait le numéro C6.
Lucie glissa son regard sur le côté, et découvrit avec effroi une petite croix tracée juste à droite. Le message était clair.
- Elle...elle est morte ?
Carlos soupira, les yeux fermés.
- Oui...
La blondinette déglutit.
- Et...comment ?
En vérité, la jeune fille ne tenait pas réellement à le savoir. Mais sa curiosité l'avait tout de même poussée à poser cette question délicate.

Carlos haussa les épaules, essayant de paraître désinvolte.
- À notre avis, elle s'est faite prendre dès que les gardes l'ont amenée en bas. Les fondus avaient dû être alertés par la sirène d'insertion et se placer en embuscade autour de l'entrée. Idem pour lui (il pointa le sujet suivant) Malcolm, C7, non-immunisé lui aussi. Au moins, même si les corps n'ont pas été retrouvés, la nourriture et les vêtements, eux, sont restés.

Lucie avalait ses paroles les unes après les autres. Mais Carlos en débitait tellement qu'elle dû l'interrompre.
- Stop, stop ! le coupa-t-elle dans son élan.
Le jeune homme s'arrêta, surpris.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu vas trop vite ! Ralentis !
- Ah oui, pardon, s'excusa-t-il, penaud. Je pense qu'il serait mieux que je t'explique tout depuis le début.
- Effectivement, approuva Lucie. Mais dis-moi, qu'entend-tu par "état viral "? mima la jeune fille avec ses doigts.
Carlos parut réfléchir à une réponse claire.
- Heu...tu sais que tu es immunisée contre la Braise, n'est-ce pas ?
- Oui il me semble. Je crois me souvenir de ne pas l'avoir quand je me suis faite diagnostiquer.
- Bien. L'état viral comme nous l'entendons, c'est le fait d'être ou non immunisé contre la maladie.
- Je vois.
Un doute prit forme dans l'esprit de la jeune fille.
- Mais...comment savez-vous exactement qui est potentiellement contaminé et qui ne l'est pas ?
- Eh bien...tu vois, la sirène d'insertion des nouveaux ?
Lucie se remémora la sienne et secoua la tête.
- Je n'en ai entendu aucune si je me souviens bien.
Carlos tapa dans ses mains.
- Voilà où je voulais en venir.
La blondinette haussa un sourcil.
- En fait, nous pensons que l'alarme ne se déclenche uniquement que lorsqu'un non-immunisé arrive.
- Vraiment ?
- Oui. De plus, nos arrivées se suivent selon un ordre précis.
- C'est à dire ?
- Par exemple, le premier d'entre nous est immunisé. C'est un garçon. Le second est une fille, non-immunisée. S'ensuit un garçon, non-immunisé, puis d'une fille, immunisée. Le schéma se répète indéfiniment.
- Donc, le prochain sera un gars...immunisé lui aussi.
- Tu as tout compris.
Un détail clochait. Lucie en fit part au garçon.
- Mais, on a tous connu WICKED, non ? dit-elle, soucieuse.
- Oui, sauf preuve du contraire.
- Et on a tous connu les vitres teintées et l'existence des groupes A et B, non ? répéta-t-elle.
Carlos fronça les sourcils.
- Oui...ceux qui vont dans le Labyrinthe...
- C'est ça. Leurs groupes ne sont pas mixtes, alors pourquoi le nôtre l'est ?
- Je n'en sais rien. Tout ce que je peux te dire, c'est que le groupe C, dont nous faisons partie, est différent. Nous sommes spéciaux, et pas pour une bonne raison.
L'adolescent avait fini sa phrase avec un ton semi dramatique, qui fit froid dans le dos à Lucie.
- Et...
- Tu sais quoi ? lui proposa-t-il. On en rediscute après avoir mangé.
- D'accord, répondit la jeune fille, qui préférait largement avoir plus de détails sur ce qui lui arrivait.

                              ***

- Reprenons tout depuis le début, fit Carlos, d'une voix ferme.
Lui, Lucie et sept autres adolescents étaient assis en cercle dans le salon, après avoir mangé un repas composé de rôti de porc et de petits pois en sauce. La blondinette se demandait comment ils s'étaient procuré autant de vivres. Et surtout le moyen de cuisiner.
- En premier lieu, je souhaite que l'on accueille la nouvelle venue comme il se doit, et la féliciter pour avoir survécu aussi longtemps parmis nos chers colocataires.
Le jeune garçon tapa dans ses mains, bientôt suivi par un concert d'applaudissement. Lucie sentit ses joues prendre des couleurs et son teint devenir cramoisi.
- Mer...merci beaucoup, marmona-t-elle.
- Malheureusement, nous ne ferons pas de fête de bienvenue. Nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde, le danger n'est jamais loin.
Aussitôt, le silence revint, uniquement troublé par de brefs hurlements lointains.
Lucie tendit l'oreille et frémit de peur.
- Vous entendez ? reprit Carlos. Les fondus ne sont jamais loin. Ils rôdent à tour de rôle dans les parages. Ils n'attendent qu'une chose et une seule. L'occasion de pouvoir entrer.
- C'est effrayant, s'exprima une fille aux joues rondes et aux cheveux blonds foncés.
- N'oubliez pas que nous sommes en sécurité et...
Sa voix fut interrompue par un fracas abominable puis un cri.
Quelqu'un se trouvait en bas.

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(Désolée pour les éventuelles répétitions 😓)

Petit plantage de décors en ce moment, plus de révélations et d'action dans les prochains chapitres.

En espérant que celui-ci vous a plu !

L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant