L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)

Chapitre 20

15/03/227, 7h32

Severina conduisit la jeune fille aux cuisines, où cette dernière prit un repas inhabituel. Beaucoup plus léger, avec une boisson protéinée infecte.
Lucie ne posa pas de questions. L'assistante ne parlait pas. À croire qu'elle jouait un rôle.
- Sev...dis-moi ce qui ne va pas ! tentait vainement la blondinette. J'ai fait quelque chose de mal ?
Aucune réponse.
Ce fut comme ça aussi lorsque la jeune femme mena Lucie dans une pièce où un lit d'hôpital l'attendait.
- Assis-toi et ne bouge pas.
Sa voix était sèche.
Un médecin injecta à la jeune fille un liquide qui lui brûla le sang. Une décharge atroce de douleur fit l'aller-retour entre son crâne et sa colonne vertébrale. La pauvre Lucie hurla et se cambra sous l'assaut du produit.
Elle voulut parler. Demander ce qu'on lui infligeait. Mais elle n'y parvint pas. La seconde d'après, elle tomba dans un trou noir.

                             ***

On lui tapotait les joues avec force. Puis un verre d'eau glacée lui aspergea le visage et elle se réveilla en sursaut. Étrangement, elle n'avait plus mal.
Severina, toujours aussi froide, la tira par le bras pour la soulever et la mettre sur ses pieds. "Serait-ce l'effet de la Braise qui agissait sur elle ?" se questionna la blondinette, abassourdie par le curieux comportement de son assistante, d'ordinaire si calme.
- Dépêche-toi, enfin ! la sermona Severina, impitoyable. On perd du temps !
- Mais qu'est-ce que qu'il se passe à la fin ? riposta Lucie, qui comprenait de moins en moins. Severina la foudroya du regard.
- Tais-toi et contente-toi de me suivre.

                            ***

Lucie fut ballotée à droite, à gauche, pendant presque toute la matinée. Ou bien n'était-ce que depuis une heure ?
Enfin, qu'importe de toute façon. La jeune fille avait fini par perdre la notion du temps.
Elle passa d'autres tests, des radios...On lui posa toutes sortes de questions, on l'étudia sous toutes les coutures. La blondinette ne vit pas ses professeurs de la journée. Même Severina avait disparu, lors de sa séance d'IRM.

                             ***

Pendant ce temps, dans une pièce peu meublée, qui ne contenait que trois fauteuils, Ava Paige, Severina et le chancelier Anderson, discutaient une dernière fois des détails de l'opération.
- Comment se porte notre cher John ? demanda la chancelière-adjointe.
Anderson décroisa les jambes et se pencha en avant, les coudes sur les genoux. Il répondit d'une voix éteinte, dénuée d'émotion.
- Mal. Très mal. Son état se dégrade à vue d'oeil.
- Je vois. Des mesures nécessaires ont été prises ?
- Nous n'avons pas eu le choix.
- Bien. Severina ? Où en sommes-nous ?
- Ça avance. Lucie a l'air de marcher.
- À la bonne heure ! Vous voyez, quand vous voulez.
L'assistante opina du chef.
- Ce n'était pas si compliqué que ça finalement ! renchérit Ava.
- Non. Effectivement, dit Severina, alors que sa gorge se serrait.
Elle avait envie de tuer cette femme. Et la maladie qui lui rongeait le cerveau n'arrangeait rien à ses pulsions meurtrières envers le docteur.
- L'envoi est confirmé pour quand ? se renseigna Ava.
- Seize heures.
- Donc dans trois heures.
- C'est cela.
- Faites en sorte que tout se déroule sans accro.

- Severina ? Mademoiselle !
La jeune femme se retourna, cherchant des yeux la source de cette voix. Quand elle l'eût trouvée, elle sourit, illuminant ses traits, devenus moroses avec le temps.
- M. Bench !
L'homme accourut vers elle et la jeune femme en fit de même, en trottinant légèrement. Ils se rejoignirent au milieu du couloir, et le professeur se gratta la nuque, mal à l'aise en présence de la femme qu'il aimait en secret depuis plusieurs années.
- Oui ? Que me vaut cette visite ? rigola Severina.
- Je ne vais pas perdre de temps. Je voulais juste vous féliciter.
Severina ouvrit grand les yeux.
- Me féliciter ? Mais pourquoi ?
Le technologue inspira longuement.
- Je voulais simplement vous dire, avant que le destin ne nous sépare, que j'ai toujours admiré votre courage et votre force de caractère, Severina.
- V...vraiment ? balbutia la jeune femme. Merci, mais je...
M. Bench la fit taire en lui posant un doigt sur la bouche.
L'assistante rougit, ne sachant pas quoi faire. Puis, sans prévenir, le professeur de technologie l'enlaça tendrement et posa son menton sur sa tête.
- Ne dites rien. C'est mieux comme ça.
Severina n'eut pas d'autre choix que de se laisser faire. Elle passa timidement ses bras autour du torse de l'homme et le serra maladroitement à son tour.
- Mademoiselle...je suis dans le même cas que vous...
- Pardon ? s'exclama la jeune femme en s'écartant brusquement, mettant fin à l'étreinte. Vous aussi ? Non...
M. Bench hocha tristement la tête.
- Je...je suis désolée.
- Je ne vais pas faire long feu ici.
- Moi non plus.
- Vous ce n'est pas pareil. Vous êtes plus utile à Ava Paige que moi.
- Ne dites pas ça.
Severina regarda sa montre.
- Excusez-moi, je dois y aller.
- Une urgence ? Ah, la mission.
- L'envoi de Lucie. Plus qu'une heure, fit l'assistante, les larmes aux yeux.
- Ça va aller, la rassura M. Bench.
- Non, je...elle va tellement me manquer.
- À moi aussi...

                             ***

Severina attendait Lucie, piétinant sur place.
Le temps pressait.
Il lui filait désespérément entre les doigts.
Bientôt, la jeune femme perdrait de vue Lucie à jamais. Et ça la déchirait.
Elle voulait revenir en arrière, tout recommencer.

La porte s'ouvrit et Lucie apparut. Elle avait l'air en pleine forme et son regard était empreint d'une farouche détermination.
"Tant mieux", se dit l'assistante. C'était primordial pour qu'elle puisse survivre là où elle sera envoyée.
Trois quart d'heure.
"L'attente est interminable", se plaignit Severina.
Elle conduisit la blondinette aux douches. L'adolescente ne rechigna pas, toujours inconsciente du danger imminent qui la guettait.

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Désolée pour ce chapitre pas très intéressant (j'ai dû le couper en deux), nous rentrons dans le vif du sujet dans le prochain chapitre !
ND : à partir du chapitre 21, la date et l'heure ne seront plus indiquées.

J'espère qu'il vous aura quand même plus et je vous donne rendez-vous pour la suite ! ;)