Chapitre 17

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Des larmes silencieuses roulèrent sur les joues de Lucie.
Elle ne s'était donc pas trompée.
WICKED était un véritable meurtrier.
Son mauvais pressentiment de la dernière fois s'était donc confirmé.
Ethan risquait gros pour avoir déniché l'information sur les Griffeurs. Des caméras l'avaient sans doutes repéré.
Et sans même le savoir, il avait signé son arrêt de mort.

La jeune fille stoppa ses réflexions sur Ethan pour se tourner vers un problème de la même envergure.
Ce qu'elle faisait, là...courait-elle un danger, un sort similaire à celui du garçon ?
Elle frissonna, et une sueur froide coula le long de sa colonne vertébrale.
- Mon Dieu...chuchota-t-elle pour elle-même. Ils n'ont pas osé...comment peut-on commettre des crimes pareils ? Ethan n'était qu'un enfant ! Rien qu'un enfant !
Les pleurs reprirent de plus belle.
Elle les étouffa subitement.
Là. Tout près.
Un bruit. La blondinette aurait juré entendre un bruit.
Frrt...frrt...tchak !
"Des bruits de frottement", se dit Lucie.
Des pas se rapprochèrent de la porte. Prise de panique, la jeune fille opta pour la prudence et se déconnecta.
Quelqu'un tourna une clé dans la serrure. Une décharge d'adrénaline la parcourut et elle se cacha derrière le fouilli de câbles emmêlés derrière les tables, sur lesquelles se trouvaient les ordinateurs. Elle y arriva, après avoir fait des pieds et des mains pour se trouver une place, à l'abri des regards.
La porte finit par s'ouvrir et un homme entra. Il émettait une sorte de gargouillement bizarre et inquiétant. Lucie se recroquevilla.
- Tienz, tienz...ze n'avaiz pas éteint la lumière ? Iiiirk. Z'est zarbiz...iiirk.
"Mais qui est ce fou ?" se demanda Lucie, aux aguets.
L'homme se rapprochait en trainant le pied. Comme si il boîtait.
De là où elle était, Lucie pouvait presque clairement distinguer les traits de l'inconnu. Il était tout près et la jeune fille entendait nettement sa respiration. Elle paraissait hâchée. Anormale.
- Z'a quelqu'un ? zozota l'homme.
Son crâne presque dégarni témoignait d'une calvicie importante. Une plaque de sang séché régnait en son milieu et la blondinette ne chercha pas à savoir le pourquoi du comment. Elle commençait déjà à comprendre. Son déhanchement, sa façon de se tenir, de s'exprimer.
C'était un fondu au premier stade.
L'homme a attrapé la Braise.

***

N'y tenant plus, Lucie se décala légèrement pour trouve une position plus confortable.
- Gurh...Gisèlstinette...pipoune !
"Gisèlstinette ?" manqua de s'étouffer la pré-adolescente.
- AH ! TU ES LÀ ! cria le fondu.
La jeune fille sursauta et son coeur s'emballa. L'avait-il vue ?
Apeurée, la blondinette décida de se barrer en toute discrètion. Mais pour ça, il lui faudra occuper l'homme le temps qu'elle s'enfuira.
Elle détailla son accoutrement.
"Ce doit être un employé du WICKED qui se charge de vérifier si tout va bien du côté éléctronique", raisonna Lucie. Le pauvre ne se doutait pas qu'il avait mis sa vie en danger en revenant ici, après l'assaut des fondus, il y a cinq ans de ça.
- Ze weux z'une 'tite omelette, zzzrh...Ze veux du sang ! SANG !
Il tapa violemment du poing sur une table, tout près de Lucie. Cette dernière révisa son jugement. Cet homme était plus atteint qu'elle ne le pensait. Elle imaginait sans peine le cerveau rongé de l'homme.
"Il faut que je me casse d'ici..."
Que faire ?
La jeune fille jeta un oeil autour d'elle.
Un objet de forme cylindrique retint son attention. Elle se pencha et le ramassa. C'était une sorte de haut-parleur.
"Bingo."
Tout en veillant à ce que le contaminé ne la remarque pas, la blondinette arma son bras et lança l'objet vers sa gauche le plus loin qu'elle pu. Il atterit quelques mètres plus loin, et buta contre un mur dans un bruit métallique.

L'employé tourna vivement la tête vers la source du son.
En grommelant, il se dirigea, boitillant, vers le fond de la pièce. C'est le moment que choisi Lucie pour sortir de sa cachette. Elle lutta contre les fils qui l'emprisonnaient et rampa sous la table avant de décamper en direction de la sortie.
Un cri s'éleva derrière elle tandis qu'elle franchissait les marches. Elle déboucha dans le couloir sans ralentir sa course et continua vers sa chambre.

L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant