12 - Le troisième cycle

213 26 17
                                    

1er jour de la saison de la faux 2449

Il était minuit. La saison du soleil venait de s'éteindre pour laisser place à la saison de la faux. La lune était ronde, bien grasse et brillait d'un verdâtre brunit assez répugnant merci. La transition de saison résultait toujours ainsi : la lune peinturée d'une teinte métisse qui laissait son spectateur soit dans l'émerveillement, soit dans le dégoût. Au sommet de l'académie d'Archlan, deux demi-elfes se prélassaient côte à côte en observant le ciel étoilé.

- Tes cheveux sont vraiment..., commença la blonde aux yeux bleu ciel.

- Oh je sais ! coupa celle à la crinière argentée dont le clair de lune ruinait la couleur. On disait donc que c'est notre dernière nuit sans couvre-feu et qu'il faudrait en profiter.

- Parlant de couvre-feu et de règlements... Où as-tu laissé Nixie-Elle cette-fois ?

- On ne parlait pas de Nixie-Elle non plus, s'irrita Azéna.

Arièlla pouffa de rire et se laissa tomber sur le dos, fixant une collection d'étoiles qui formaient un chien.

- La pauvre. Quand-même, elle se tue à bien faire son devoir de garde du corps et tu agis comme une enfant gâtée.

- Non mais ! J'ai besoin d'un peu de privée ! Elle a déjà vu mes fesses à multiples reprises quand elle s'est permise d'entrer dans ma chambre sans avertissement !

La Valkirel s'éclata de rire, incapable de se retenir. Elle se serra les côtes à l'aide de ses bras dans une tentative désespérée d'atténuer la douleur.

- Ce n'est pas amusant ! rogna l'archère. C'est vraiment embêtant ! Et en plus, elle s'en moque ! Elle me dit : ce ne sont que des fesses. Ce ne sont que des fesses mon cul ! C'est absolument désagréable !

- Mais avoue qu'elle est amusante avec ses blagues et son attitude loufoque, continua Arièlla en s'essuyant les yeux larmoyants.

- Une chance que tu sois de mon côté sinon, le reste de mes vacances auraient été un véritable enfer, ronchonna Azéna avec sarcasme. Quelle amie tu es !

- Ah, mais pas de soucis ! C'était tout un plaisir !

L'ex-Kindirah se croisa les bras et fit la moue en murmurant des jurons.

- Oh arrête et prend ça, dit la pyromancienne en passant une longue bouteille étroite à son amie. Oublie tes problèmes, voilà !

- Mel-express ? questionna l'archère en débouchonnant la bouteille et en humectant le parfum si familier et agréable du vin rouge.

- C'est ça ! Faut vraiment qu'elle arrête de livrer ça chez moi. Mes parents l'ont presque découvert à trois reprises.

- Sacrée Mel. Elle est complètement marteau, mais je l'aime bien. Elle venait visiter Vigoth encore une fois ?

- Non. Cette-fois c'était pour réparer l'armure du Maire Onni.

- Elle est en demande.

- Bah, pas étonnant. C'est une des meilleures d'Aerinda !

- Bon, à ta santé et à notre dernière débauche avant le début de l'entraînement ! s'exclama Azéna en buvant sa première gorgée.

Vous n'êtes pas fous. C'est une très mauvaise idée de boire avant l'entrée scolaire ! En effet, Azéna avait passé le reste de l'été en compagnie d'Arièlla qui vivait à Atgoren. Ensembles, elles avaient bu comme des ivrognes ce qui était assez inhabituel pour la blondinette qui était habituellement très stricte et disciplinée. Tous ont un seuil de tolérance émotionnelle. Azéna se doutait qu'elle tentait d'oublier sa situation avec Serfantor tandis qu'elle faisait de même, mais en raison de la perte de son nom de famille. La présence d'Arièlla l'avait grandement soulagée; elles s'étaient battues, entraînées, disputées, enlacées, encouragées, insultées, complimentées, mais le plus important était qu'elles ne s'étaient pas laissées seules de la fin de l'été. Elles ne se l'étaient pas avouée, mais elles étaient toutes les deux dans des états d'esprit vulnérables. Elles étaient devenues inséparables et particulièrement proches.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant