52 - Le sac d'Atgoren

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9e jour de la saison du sapin 2450

Il était assez tôt dans la journée pour que le premier soleil se mettent à paraître à l'horizon brumeux. Le vent se levait et commençait à mordre. Les temps s'annonçaient durs, mais au moins, le calme prenait forme. Les bruits du combat s'atténuaient lentement, mais il était difficile de s'en rendre compte à moins d'y porter attention. Cela faisait si longtemps que l'invasion durait que tout ce chahut morbide s'était installé en arrière-plan comme une mélodie d'ambiance.

Le groupe passait devant le modeste temple de la cité qui se tenait à deux rues de la demeure des Valkirel. C'était là où les gens pouvaient aller consulter les divinités, mineures comme majeures. Ils obtenaient rarement une réponse car oui cela n'était pas impossible. Certaines divinités mineures aimaient particulièrement se fondre parmi les foules et elles y laissaient parfois des cadeaux, des signes, des messages ou autres.

Fayne se questionnait à leur propos. Avaient-ils été témoins des terribles évènements qui venaient de se dérouler ? Si oui, pourquoi n'étaient-ils pas intervenus ? Ce qu'elle était bête... Ils ne se mêlent pas des conflits des mortels bien sûr, sauf Noktow qui semblait insoumis, même aux règles convenues par le panthéon. De toute façon, il ne l'aurait évidemment pas arrêté. Il aurait ricané et observer le spectacle avec cruauté.

L'herboriste le détestait. Si elle en était même capable, c'était sûrement ce sentiment. Elle commençait à ressentir la même chose vis-à-vis de la Confrérie de Sombrelame, sans oublier la Légion Ancestrale. Elle se demandait qu'allait-il en venir d'Azéna ? Elle n'était en sécurité nulle part, spécialement à partir de ce jour. Atgoren avait été en grande partie détruite et il ne restait plus qu'une poignée de dragonniers et dragons - et certains des survivants avaient perdus leur partenaire.

Fayne avait failli perdre Buhrik et cette pensée l'effrayait tellement qu'elle en eut des larmes aux yeux. Le pauvre dragon bleu ne pourrait plus jamais voler ni marcher correctement. Elle ne lui avait pas dit, mais elle ne sentait. Elle était certaine que lui aussi en était au moins vaguement au courant. Il était intelligent.

Elle s'inquiétait aussi à propos des dommages infligé à Azéna. Sa situation était particulière et elle se sentait impuissante face à ça. Elle n'avait aucune idée de quoi faire. Nulle part dans ses études et ses lectures avait-elle apprit à propos d'une âme de dragon qui partageait le corps de son dragonnier. Sa meilleure estimation était de consulter un maître spirituel tel qu'un chaman ou encore mieux, un autre animancien. Elle aurait tant voulu qu'Argoshin soit là. Elle estimait qu'il aurait sûrement eu une meilleure vision sur la chose.

Elle leva les yeux. Il n'y avait personne. Tous s'étaient réfugiés dans l'académie d'Isriss qui avaient été farouchement défendu. L'endroit avait été choisis en raison de sa fortification solide et du fait que les sbires de Sombrelame ni de la Légion n'en avaient accès.

Le groupe avait atteint l'unique quartier d'Atgoren qui n'avait pas été affectée par l'invasion. C'était presque onirique de voir les bâtiments intacts et là, à quelques mètres, s'élevait la maison des Valkirel. Celle-ci s'élevait pour former un deuxième étage en forme de demi-lune. Au sommet, il y avait un balcon et une perche immense, sûrement pour y accueillir un dragon. Le revêtement extérieur était en maçonnerie. Les nuances des briques variaient aléatoirement passant d'un brun-rouge jusqu'à gris sombre. Il y avait deux étages et Fayne, assumait, un cellier comme sous-sol. Les Litfow en possédaient un, mais leur habitation n'avait qu'un rez-de-chaussée en plus.

— Ari ?

La voix imprégnée d'inquiétude de Harath attira l'attention de la brunette qui s'était laissée hypnotisée par la magnifique demeure. Elle tourna la tête et au même instant, Arièlla passa à côté d'elle. C'était étrange car elle avait spécifiquement ordonné que Buhrik devait ouvrir la marche, mais elle avait accéléré son allure et dépassa tout le groupe. D'ailleurs, sa démarche était irrégulière, même maladroite par moment.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant