14 - Ce n'est pas ce qui nous sépare

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8e jour de la saison de la faux 2449

Quelques jours depuis leur chute. Quelques jours depuis que le morale d'Azéna s'était écroulé. Une journée depuis les funérailles qui était des plus triste et funeste. Les cours avaient été cancellés pendant quelque temps pour donner une chance aux affectés de se remettre sur pieds. L'académie avait aussi besoin d'un remplaçant pour Wirus ce qui n'était pas un processus rapide. Les trois Sages sont essentiellement les bras du Grand Maître. Ils sont chargés de protéger les apprentis et d'assister au bon fonctionnement et à l'équilibre de l'académie. Ils sont aussi les conseillers primaires du Grand Maître pour assurer que ce dernier reste professionnel. Pour assurer ces fonctions, il faut quelqu'un de puissant et de mature, d'assez exceptionnel.

Dans tous les cas, en cette nuit étoilée, notre dragonnière grise s'était échappée de sa chambre au travers de la fenêtre pour grimper au toit. Elle attendait Tyrath qui ne devait pas tarder - il avait tout récemment prit la mauvaise habitude de venir patrouiller les environs en pleine nuit au cas où Azéna avait besoin de lui. Cela ruinait son sommeil, mais il était trop anxieux pour s'en empêcher.

De son côté, l'adolescente était autant angoissée que jamais. Tout autour d'elle semblait tourner de travers. Sa famille adoptive qui l'avait reniée, sa maladresse en tant que capitaine de skotar, Nixie-Elle qui ne la laissait pas respirer, son incapacité d'adresser la parole à Naëshirie, son incertitude face à l'honneur des Gardiens d'Aerinda, sa réalisation pour son attirance envers les femmes, son désir grandissant pour la liberté, ses difficultés avec son animancie, le fait qu'elle était constamment recherché par tous les filous d'Aerinda, que Turion soit coincé dans le fond de conscience comme une sardine, elle s'inquiétait pour Serfantor qui était marqué comme un hors-la-loi et maintenant, elle se blâmait pour la mort de Wirus et de son dragon rouge. Si ce n'avait pas été d'elle, ils n'auraient probablement jamais perdu la vie. Cette espèce de fantôme truc étrange devait avoir été là en cause d'elle. C'était trop probable.

- Pourquoi ? questionna-t-elle dans le vide sur un ton colérique. Pouuurquoiii ? répéta-t-elle en frappant les tuiles sauvagement.

Elle sentait à présent son battement de cœur au travers de ses mains qui pulsaient sous la douleur, mais elle s'en foutait. Au moins, cette douleur la distrayait du reste de ses problèmes, du moins pendant un instant.

Une profonde honte envers elle-même envahit son esprit et son corps se mit à trembler doucement. Elle se sentait au bord de la crise. Elle avait trop de poids sur les épaules et elle allait craquer. Elle se sentait comme si l'avant de son crâne était sur le point de se fissurer sous la pression. Elle se nicha le visage dans ses bras et pleura. Elle pleura pendant un bon moment jusqu'à ce qu'elle entende le son familier et rassurant de battement d'ailes qui amplifiait à chaque coup.

- Tu ne dors pas ? demanda le nouveau-venu qui se posa à côté d'elle.

La simple présence et voix de Tyrath apportèrent à l'archère un grand soulagement. Celle-ci se colla à son large torse et se concentra tout simplement à écouter les respirations chaleureuses de son compagnon.

- Non. Ça ne va pas. Je n'arrête pas de songer à Wirus et à ce pauvre Xym... Puis, le reste de ma misérable vie joue en boucle dans ma tête. Je suis épuisée.

- C'est leur mort qui te met dans cet état ? questionna Tyrath en enlaçant sa dragonnière d'une aile.

- Mhmmm... Je veux juste partir et tout recommencer à neuf.

- C'est possible si c'est que tu désires vraiment. Je suis prêt à une nouvelle aventure.

- Tu es tellement libre et majestueux. Majestueusement idiot, termina-t-elle dans un petit rire.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant