43 - Chasser un prédateur

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8e jour de la saison du sapin 2450

Une masse titanesque qui toisait les habitations d'Atgoren complétait sa croissance. Elle était étrangement composée d'eau qui tourbillonnait sans cesse. C'était comme si une multitude de maelströms coexistaient pour donner naissance à une créature bipède élémentaire.

— Nom d'un loup castré ! s'exclama Nixie-Elle, les traits étirés par la surprise. J'en crois pas m'yeux ! Un élémentaire ! Oohhh ! C'est pas drôle ça. Pas drôle du tout !

— Un quoi ? enquit Azéna. Ça me dit quelque chose...

— Sûrement parc'que t'es supposé l'apprendre pour t'examen final cett'année ! aboya sa garde, exaspérée. D'toute façon... C'est une manifestation issue d'la colère d'un élément lorsque celui-ci est assez perturbé. Ils sont vu comme d'désastres naturels. Très, très puissants et ne cessent d'détruire jusqu'à qu'ils sont apaisés.

— Heu... Dis... Comment on s'en débarrasse ?

— Triple idiote ! Plus tu l'aggraves, plus ça devient pire ! Si personne n'trouve un moyen d'rétablir l'ordre, ils ne s'endorment qu'lorsqu'ils écrasent la cause d'leur fureur.

— Heu..., hésita l'aéromancienne cadette, incertaine de saisir la comparaison avec un loup qui se s'était fait vicieusement arracher les testicules. Bon ! C'est pas bon dans ce cas. Mais... j-je comprends pas... Qu'est-ce qu'on a foutu pour irriter l'élément de l'eau à ce point ?

Elle sentit une poigne lui agripper doucement le bras. Elle vrilla son attention sur Nixie-Elle qui fronçait légèrement les sourcils.

— Les Gardiens d'Aerinda s'en chargeront, lui dit lentement cette-dernière, sa tonalité froide.

Un sentiment d'incertitude s'éprit de la demi-elfe face à cette déclaration. L'attitude et le langage corporel de Nixie-Elle était radicalement différent d'un moment de cela. Elle avait passé de son habituel énergie enthousiaste, quoique grognon, à un bloc de glace sévère. Elle ne passait que rarement à cet état d'esprit... Seulement lorsqu'elle était en mode assassin.

— Devrais-je m'inquiéter ?

En arrière-plan, le gros monstre translucide s'en prenait aux quelques dragons et dragonniers qui avaient répondus à ses actions. Un rugissement assourdissant retentit, annonçant l'état d'urgence de la cité. S'en fut assez pour répondre à la question de l'archère qui grimaça, incertaine de quoi faire.

— Viens, ordonna tranquillement la garde.

Elle relâcha l'adolescente et attendit que celle-ci ramassa ses affaires. Ensuite, elle la guida en direction de l'académie, soit du côté opposé du danger. Un torrent de dragonniers au visage familier, accomplis ou apprentis, se ruèrent, dragons au-dessus de leurs têtes, vers l'élémentaire enragé. Il semblait que seules Azéna et Nixie-Elle n'allaient pas participer.

— Mais ! Nix ! Il faut aider ! s'offusqua la demi-elfe.

Une bourrasque violente et chaude faillit lui faire perdre son équilibre. Dans le ciel, le plus massif dragon d'Atgoren suivait le flux de la foule, ses écailles rubis scintillant faiblement au clair de lune émeraude. C'était là un wyrm du vol rouge : le grand Rendar. Sa simple présence transpirait de l'énergie ardente. Son fier cavalier, quoique petit en comparaison, n'en était pas moins inspirant. Il s'était accoutré d'une armure lourde dont les épaulières avaient été façonnées à l'image du dragon qui le transportait.

Tous les Guerriers d'Aerinda, à l'exception de quelques un, n'hésitaient pas à défendre leur cause, leur chez-soi. Azéna désirait en faire partie.

— Nix ! Hé !? Tu m'écoutes ?

L'aînée ne lui accorda aucune attention mis à part un geste sec : serrer sa poigne pour s'assurer qu'elle la suive.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant