47 - Être un chef

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8e jour de la saison du sapin 2450

Elle assomma son adversaire d'un coup bien placé de sa morgenstern, écrasant son crâne dont le heaume ne protégea guère. Il s'immobilisa, son expression se figeant dans la réalisation qu'il avait commis une grave erreur, et bascula sur le côté. Elle n'eut pas le loisir de reprendre son souffle. Elle sentit une présence s'approcher à grands pas déterminés de derrière elle. En réponse, elle tourna les talons en balançant sa masse lourde dans son mouvement, broyant les côtes d'un elfe gris vêtu de cuir sombre d'un coup violent. Le soldat ennemi faillit tomber sur elle, mais elle recula de quelques pas, le laissant s'effondrer dans la neige fondante.

Il devenait difficile de trouver un endroit qui n'était pas encombré d'un cadavre ou du terrain glissant. Elle scruta les environs, réalisant qu'il n'y avait plus d'ennemis qui s'approchaient, pour le moment. Elle se permis une brève pause du combat, approchant son groupe d'amis dont elle avait saisi les rênes du commandement vu que la situation requérait de l'ordre s'il désirait survivre. Leur chef original, Maître Trusfèx ainsi que son dragon, étaient tombés sous les griffes de l'ennemi dès leur première rencontre avec eux. Ils avaient été mal préparés à une telle agression soudaine et les mages de la Légion Ancestrale s'étaient avéré brutales, ayant recours à toutes sortes de pouvoirs épouvantables tels que l'umbrancie, le chamanisme noir et la nécromancie. C'était un miracle qu'ils étaient, pour la plupart, encore en état de combattre.

— Rien de cassé ? demanda Arièlla, gardant son attitude austère quoi qu'elle s'avérait inquiète.

— J-je crois que ça va, couina Fayne, les yeux écarquillés et dominés par l'angoisse.

Le reste du groupe approuva tout simplement d'un signe de tête. Ils étaient tous visiblement épuisés. Pas étonnant ; lutter pour leur vie siphonnait beaucoup d'énergie et ils le faisaient depuis une bonne demi-heure.

Tout chacun, mis à part les dragons, était équipé pour le combat. Arièlla portait son armure lourde de plaque, son tabard arborant les couleurs des Gardiens d'Aerinda ainsi que leur sigil et de son immense morgenstern qui ne se maniait qu'à deux mains. Sa longue chevelure blond foncé dépassait de son heaume qui avait été façonnée à l'image de Harath, le fer partiellement peinturé d'un cramoisis. Ses yeux perçants étaient visibles de chaque côté du nez couvert. Elle était la seule du groupe à ne pas porter un manteau de fourrure, se réchauffant grâce à sa pyromancie. Son corps entier illuminait faiblement d'une lueur rouge.

— Ailes cramoisies ! clama un dragonnier qui passait par là en lui adressant un sourire.

C'était l'un de ses coéquipiers de skotar, un garçon du quatrième cycle, qui s'élançait à présent dans la mêlée, rejoignant d'autres dragonniers à la défense d'Atgoren.

Arièlla était demeurer dans les rangs à l'arrière pour promouvoir la survie de son escouade. Ils encaissaient des attaques, mais moins fréquemment et moins brutalement que ceux qui maintenaient le front, là où la brutale Légion Ancestrale les hantait.

Fayne s'occupait de les guérir comme elle le pouvait, de les supporter à distance à l'aide de son hydromancie et de ses potions qu'elle avait préparés au cours des derniers trois ans, certains dans un sac en cuir, d'autres suspendus à sa ceinture. Elle demeurait au centre du groupe, protégés du reste puisqu'elle était la plus vulnérable et aussi, la plus essentielle. Son armure était légère et elle était médiocre au combat en général. Sa seule arme était son bâton dont les deux extrémités se terminaient par des lames.

— J'ai une potion de baies solaires, mentionna-t-elle doucement.

Elle désigna un flasque rempli d'un liquide rosé qui avait pour effet d'énergisé le consommateur.

3 - Sang, os et dagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant